L'UE opposée à la fusion des deux géants de la construction navale ?

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Selon la presse sud-coréenne, après deux ans d’enquête approfondie, Bruxelles devrait prochainement formaliser son rejet au projet de fusion de ces deux géants sud-coréens de la construction navale. L’opération devrait leur allouer près d’un quart du marché mondial mais bien davantage sur la construction de méthaniers. 

La fusion de HHI et DSME prend de plus en plus l’eau. Bien qu’elle ne soit pas rédhibitoire à l’opération, le rejet de l’UE compliquerait grandement l’accès des constructeurs sud-coréens à ce marché clé qu’est l’Europe. Selon les médias sud-coréens, les autorités de la concurrence européenne devraient s’opposer au projet d’acquisition par le sud-coréen Hyundai Heavy Industries (HHI) de sa compatriote DSME. HHI s’en inquiétait en octobre après avoir été contraint de repousser à cinq reprises le délai légal pour réaliser la fusion. 

Bruxelles a mis sa décision en suspens depuis décembre 2018 pour enquête approfondie. Si les rumeurs se confirment, ce serait la deuxième fois en un an que l'UE rejetterait un grand projet de construction navale, après s'être opposée à la reprise par Fincantieri des Chantiers de l'Atlantique. 

En chantier 

C’est en mars 2019 que Hyundai Heavy Industries Holdings avait signé un accord avec la banque publique Korea Development Bank (KDB), le principal actionnaire de DSME, pour racheter une participation de 55,72 % du capital du constructeur naval en proie à un manque de liquidités depuis 1999. Une opération valorisée à 1,8 Md$. 

Dans ce cadre, HHI a été scindée en deux entités : KSOE, une société holding qui gère les unités de construction navale du groupe (HHI, Hyundai Mipo Dockyard et Hyundai Samho Heavy Industries) et Hyundai Heavy Industries qui doit se concentrer sur la construction de navires. L’opération pourrait remodeler le secteur mondial de la construction navale en conférant à l’ensemble une part de marché de 21 %. Pour rappel, la Chine (40 %), la Corée du Sud (31 %) et le Japon (22 %) ont assuré 93 % des livraisons de navires neufs en 2020 (source : Clarksons).

Silence assourdissant

Sur les six pays ou régions susceptibles d’être impactés par l’opération – Chine, Kazakhstan, Singapour, UE, Japon et Corée du Sud – seuls la Chine, Singapour et le Kazakhstan ont donné leur feu vert. Le Japon a terminé son premier examen de la proposition en mars 2020 mais n’a notifié aucune décision. La Korea Fair Trade Commission (KFTC), sans voix aussi, planche sur le projet depuis juillet 2019. 

Or, les retards aggravent la situation de DSME qui espérait ainsi se remettre de ses années de pertes financières. Bien qu'elle ait dépassé ses objectifs de commandes pour 2021, la société a encore enregistré un déficit de 46 M$ au troisième trimestre, cumulant la baisse des ventes et l’inflation des prix de l'acier.  

Le Korea Times avait révélé en octobre que l'UE s'inquiètait de l’impact sur la construction des méthaniers, l’ensemble devenant ultra dominant. HHI aurait alors proposé à la direction générale de la concurrence européenne le gel du prix des méthaniers pendant une certaine période et le partage de licences sur certaines technologies. Pour atténuer les craintes européennes de monopole, le constructeur se serait en outre dit prêt à la vente de Hyundai Mipo Dockyard et Hyundai Samho Heavy Industries.  

À en croire par les révélations des médias sud-coréens, ces concessions ne seraient pas suffisantes pour convaincre les États-membres de l’UE, qui auraient obtenu un consensus en faveur du refus…

Adeline Descamps

 

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