Le premier port allemand avait été particulièrement éprouvé en 2022 avec un faisceau de contretemps. La guerre en Ukraine et les sanctions qui en ont découlé ont mis au ban la Russie, son quatrième partenaire commercial. La politique sanitaire draconienne de Pékin a freiné les échanges avec la Chine, son premier client. Les conflits sociaux au début du second semestre et une inflation très élevée au cours de l'automne n'ont pas aidé.
Ainsi, Hambourg avait soldé l'exercice 2022 sur un repli de 6,8 %, à 119,9 Mt, dont 69,6 % à l’import. Vrac sec, produits pétroliers, marchandises diverses, conteneurs, toutes les grandes filières avaient alors pointé du nez.
Un premier trimestre très marqué
Le renversement de tendance devra attendre. Il n’a pas eu lieu au premier trimestre où Hambourg n’a pas fait mieux que les autres ports d'Europe du Nord, tous confrontés à un environnement économique difficile, cumulant des tensions géopolitiques, un contexte de sanctions à l’égard de la Russie, une inflation persistante, des stocks élevés dans les entreprises, une consommation en berne. Rien qui soit de nature à stimuler les échanges.
28,1 Mt traités au premier trimestre
Dans ces eaux difficiles, le port de l’estuaire de l’Elbe a manutentionné 28,1 Mt au premier trimestre 2023, en baisse de 10,2 % par rapport à la même période de l'année précédente, mais à un niveau similaire au dernier trimestre de l'année dernière. Avec 18,6 Mt, le volume de conteneurs a dévissé encore davantage, inférieur de 15,9 % à celui du premier trimestre 2022 (1,9 MEVP).
C'est plus sévère encore que la chute de Rotterdam, dont le volume de conteneurs a chuté de 11,6 %, à 3,2 MEVP tandis qu'Anvers-Bruges a traité 3,1 MEVP, en baisse de 5,7 %.
Néanmoins, le port hanséatique confirme sa capacité à traiter les plus grands porte-conteneurs, ayant observé une augmentation de 17,5 % des escales de la classe megamax, dont témoigne la première visite de l'OOCL Spain, mastodonte de 24 188 EVP.
Chine, États-Unis en tête
Avec 152 000 EVP, soit une augmentation de 9,5 % par rapport à l'année précédente, les échanges avec les États-Unis restent l’une des seules données positives du segment. Le continent nord-américain maintient son statut de seconde place dans les échanges avec l'Allemagne après la Chine.
La deuxième économie mondiale reste en haut de la liste alors que les débats politiques ont encore animé le premier trimestre après avoir déjà agité l’an dernier le Bundestag au sujet de l’entrée de Cosco Shipping Ports, filiale du groupe chinois de transport maritime, au capital d’un des terminaux à conteneurs de Hambourg qu’exploite le manutentionnaire allemand HHLA. Une position politique s’est enfin figée en avril. Non sans d’ultimes valse-hésitations.
Vracs liquides toujours performants
Avec 9,3 Mt, soit une augmentation de 5,4 % par rapport à la même période de l'année dernière, la tendance est également positive pour la manutention des marchandises en vrac.
Sur la même trajectoire que les précédents trimestres, les vracs liquides ont été les plus performants, avec une augmentation de 12,3 %. Les entrées de produits pétroliers ont bondi notamment de 27,4 %.
L'augmentation des exportations de céréales et d'aliments pour animaux, ainsi que l'augmentation des importations de fruits oléagineux, ont alimenté la croissance du segment agroalimentaire de 11,8 % pour atteindre 1,8 Mt.
Report modal moins performant
Le champion européen du report modal a déraillé au premier trimestre. Avec 11,6 Mt transportées de et vers l'arrière-pays par le rail, c’est 3,4 % de moins qu'au cours de la même période de l'année précédente. Le volume de conteneurs transportés par le rail en pré- et post-acheminement (63 500 EVP) a diminué de 10,1 %.
« Le premier trimestre a été marqué par des conditions d'exploitation difficiles, principalement pour le transport de conteneurs. Les annulations d'escales et plusieurs grèves en mars ont affecté les opérations portuaires. Ces facteurs ont rendu difficile le remplissage des trains par les opérateurs ferroviaires », explique Axel Mattern, en charge du marketing de l'établissement portuaire.
La récession annoncée en Allemagne n'est pas une bonne nouvelle pour l'Union européenne, jetant une ombre sur les importations de la haute saison et portant un nouveau risque de contestations sociales. Mais Hambourg ne s'est pas livré aux conjectures pour le reste de l'année.
Adeline Descamps