Envisagée, annoncée, ajournée, la vente de DB Schenker est devenue plus qu’une probabilité ces dernières heures. Le gouvernement allemand aurait donné son accord de principe à la compagnie ferroviaire allemande Deutsche Bahn, maison-mère du troisième commissionnaire de transport (2,05 MEVP, 1,094 Mt en aérien) pour la vente ou la privatisation de sa filiale.
L’opérateur public du transport ne se met pas de pression en termes de délais, soulignant que l’opération pourrait très bien se faire d’ici la fin de l’année comme en 2024. L’information a été révélée le 8 septembre par Reuters sur la base d’une source gouvernementale et complétée par les médias allemands Spiegel et Handelsblatt, pour lequel « la vente est une affaire ficelée ».
Depuis l’été 2021, les rumeurs étaient plus ou moins bruyantes et insistantes. Elles ont redoublé depuis l’arrivée au pouvoir du chancelier allemand Olaf Scholz en décembre dernier et d’un gouvernement de coalition dirigé par les sociaux-démocrates (SPD), plus favorables à cette perspective. Le bloc gouvernemental n’est toutefois pas monolithique. La vente ne fait pas l’unanimité au sein du parti social-démocrate alors que le Parti démocratique libre et les Verts sont plus enclins.
Si l’opération se concrétise, il s’agirait d’une nouvelle transaction de grande envergure à l’instar de celle de DSV et de Panalpina, dont les tractations ont animé une bonne partie de l’année 2019. Les sources bancaires estiment la valeur de l’entreprise entre 12 et 20 Md€ mais ces projections restent sujettes à la conjoncture économique et géopolitique, en particulier la guerre en Ukraine.
Le moment pour vendre
DB Schenker, dont le siège est à Essen, emploie 76 100 personnes dans le monde et représente plus d'un tiers des revenus de la Deutsche Bahn. Au cours du premier semestre de 2022, l'entreprise a réalisé un bénéfice d'exploitation de près de 1,2 Md€, ce qui a permis à l'ensemble de l'entreprise de renouer avec les bénéfices alors que l’endettement de la compagnie ferroviaire avoisinerait les 32 Md$. Le conseil de surveillance de l'entreprise publique doit encore approuver la vente.
DSV, qui n’a pas caché ces derniers temps qu’il était à l’affût d’opportunités de croissance externe, sa dernière grande emplette sur le marché remontant à avril 2021 avec le groupe danois de transport et logistique acquiert Global Integrated Logistics (GIL) pour 4,2 Md$, pourrait être intéressé par la filiale de l’entreprise publique Deutsche Bahn. Tout comme le groupe A.P. Moller-Maersk, qui porte une stratégie de logistique intégrée de façon à apporter un service de porte-à-porte et qui multiplie les opérations de croissance externe dans cette logique mais en visant des entreprises bien plus modestes, de petite et moyenne taille. C’est en tout cas un point de vue partagé par plusieurs analystes, qui ne mentionnent pas CMA CGM. Pourtant, le groupe français de transport et de logistique s’est inscrit dans une même approche, après avoir acquis Ceva Logistics. Depuis l’armateur français a mis la main sur Gefco, le logisticien du véhicule fini.
A.D.