Hambourg : la prise de participation de Cosco autorisée mais rabotée

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Le groupe chinois pourra devenir actionnaire d'un des terminaux à conteneurs à Hambourg. Le gouvernement d’Olaf Scholz a tranché. Contre l’avis négatif de la Commission européenne et en dépit des vives oppositions transpartisanes, y compris au sein de la coalition au pouvoir. Une sortie de crise permise non sans une reconsidération de l’influence de Cosco.

Contre l’avis de la Commission européenne, qui avait sans surprise émis un avis négatif en avril et en dépit de l’opposition de six ministères fédéraux (Économie, Intérieur, Défense, Finances, Transports et Affaires étrangères), le gouvernement allemand d’Olaf Scholz, ancien maire de Hambourg, a tranché en faveur de l’investissement chinois sur ses terres.

Cosco Shipping Ports, filiale du groupe de transport maritime Cosco, pourra devenir actionnaire du terminal à conteneurs allemand Tollerort (Container Terminal Tollerort, CTT), l’une des trois infrastructures qu’exploite HHLA à Hambourg. Conformément à un accord conclu en septembre 2021.

Une infrastructure stratégiquement sensible

Mais entre-temps, la donne a changé outre-Rhin. L'Allemagne a élu un gouvernement de coalition composé de sociaux-démocrates, de verts et de libéraux, qui a vu le ministère de l'Économie basculer dans le camp des Verts, moins ouverts sur ce point.

Par ailleurs, l'attaque de la Russie contre l'Ukraine a brutalement mis en exergue l’extrême dépendance de l'Allemagne à l'égard des investissements étrangers, notamment des gazoducs acheminant du gaz russe, ce qui a rendu le gouvernement plus regardant d’autant qu’il s’agit du troisième port nord-européen. Une infrastructure stratégiquement sensible qui tomberait dans l’escarcelle d’un groupe contrôlé par la Commission chinoise de supervision et d'administration des actifs d'État, considérée comme un véhicule pour les intérêts de la Chine.

Dans ce dossier, Olaf Scholz, qui s’est montré plus disposé à la laisser se réaliser, s’est retrouvé bien seul, y compris au sein de sa coalition.

Participation rabotée

La sortie de crise a été permise non sans une négociation revue à la baisse de la participation de Cosco, limitée à 24,9 %, pour réduire a minima l’influence du groupe chinois dans les opérations.

Sa participation rabotée, l’opérateur portuaire asiatique renforce un peu moins que prévu son ancrage en Europe du Nord, où il détient des participations à Zeebrugge, Anvers et Rotterdam, alors qu’au Sud, il est propriétaire du Pirée (Grèce) et est actionnaire à Vado Ligure (Italie), à Bilbao et à Valence (Espagne). 

L’affaire détonne néanmoins car le transporteur maritime prend pied dans un port où aucun de ses concurrents n’est impliqué, excepté Hapag-Lloyd (25,1 % dans le Container Terminal Altenwerder).

Cosco, seul transporteur étranger à Hambourg

Tollerort est la plus petite des trois installations à conteneurs hambourgeoises. Son linéaire de quai de 1 200 m avec quatre postes d'amarrage et 14 portiques, au tirant d'eau maximal de 15,1 m, ne lui permet d’accueillir simultanément qu'un navire de grande taille, un néo-panamax et un ou deux navires plus petits.

HHLA, qui règne en maître à Hambourg (Eurogate n’y exploite qu’un seul terminal), compte sur Cosco pour y sécuriser ses volumes d’autant que ces deux dernières années, les problèmes de congestion ont poussé Maersk et MSC à rediriger une grande partie de leurs flux vers Bremerhaven. Mais le manutentionnaire allemand attendait aussi un apport de liquidités pour assurer les développements futurs. Avec la participation de l’armateur chinois revue à la baisse, ils devront être recalibrés.

Adeline Descamps

 

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