Le virus est passé par DP World, qui ne sort pas du tout exsangue de l’épisode, mais pas totalement indemne non plus. Son résultat net est passé de 1,3 Md$ à 980 M$. Il le doit à son activité dans les terminaux portuaires qui a chuté de 2,1 %.
Outre cet indicateur, l’un des premiers manutentionnaires mondiaux dans le conteneur, également présent dans le transport intra-européen et les services de feedering avec P&O Ferries/Ferrymasters et Unifeeder, a présenté des résultats robustes selon l’expression de la direction. Et l'acquisition de Topaz y a manifestement contribué, peut-on lire dans les comptes de l’entreprise. DP World a investi la logistique maritime en 2019 avec Topaz Marine and Energy (Topaz), intégrée à P&O Maritime pour former P&O Maritime Logistics en 2020. Le chiffre d'affaires maritime et logistique est en effet en hausse de 33,2 %.
« Notre portefeuille a réalisé des performances supérieures aux attentes et, dans une année comme aucune autre, réaliser des volumes et un Ebitda stable et une croissance du flux de trésorerie disponible est une réussite remarquable », pose sans ambiguité le PDG du groupe DP World, Sultan Ahmed Bin Sulayem.
Une dette de 16,3 Md$
DP World affiche un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements de 3,32 Md$ (3,30 Md$ en 2019), un chiffre d'affaires en hausse de 11 %, à 8,53 Md$, porté par ses acquisitions, mais un résultat d’exploitation (Ebit) en baisse, de 2,24 à 2,01 Md$. Les flux de trésorerie de l’entreprise dubaïote ont augmenté de 19 % en un an pour atteindre 2,45 Md$. Les liquidités provenant des activités d'exploitation sont également sur le même trend (+ 17,8 %) pour atteindre 2,9 Md$ en 2020.
Le groupe se dit confiant pour maintenir ses engagements de désendettement d’ici 2022, à savoir moins de 4,0x le ratio dette nette/EBITDA sur une base pré-IFRS 16. La dette brute ajustée (hors prêts des actionnaires minoritaires) s'élève à 16,3 Md$, contre 15,8 Md$ un an plus tôt. Pour l’heure, DP World bénéficie d’une notation BBB- avec perspective stable par Fitch et Baa3 avec perspective stable par Moody's. Pour rappel, l’an dernier, le groupe a retiré ses actions de la bourse de Dubaï pour revenir à son statut.
Investissements portuaires
« Pour l'avenir, nous continuerons à être sélectifs en ce qui concerne les nouveaux investissements et à nous concentrer sur l'intégration de nos récentes acquisitions afin de générer des synergies, de contenir les coûts pour protéger la rentabilité et de gérer les dépenses d'investissement liées à la croissance pour préserver les flux de trésorerie », indique le PDG.
Récemment, l’entreprise a annoncé l'accord de concession de 50 ans pour le terminal de Ndayane au Sénégal. « Les opérations existantes de DP World à Dakar ont connu une croissance solide ces dernières années et, avec des taux d'utilisation élevés, il est temps d'investir dans de nouvelles installations pour renforcer le rôle de Dakar en tant que centre logistique majeur et hub vers l'Afrique de l'Ouest et du Nord-Ouest. » Elle a également signé pour 20 ans à Luanda en Angola où elle va gérer le terminal polyvalent.
Le 11 mars, associé à la Caisse de Dépôt et Placement du Québec et au groupe indonésien Maspion, l’opérateur portuaire a annoncé son retour en Indonésie où il construira un terminal à conteneurs d’une capacité de 3 MEVP à Gresik, ville portuaire dans la province de Java. La première phase du projet greenfield ajoutera une capacité de conteneurs de 1 MEVP et un parc industriel et logistique de 110 ha.
664 M$ investis dans la région Europe-Afrique-Asie
Dans la région Europe-Afrique-Moyen-Orient (6,02 Md$, + 6,3 %), les volumes ont augmenté de 5,9 %, l'Afrique étant le principal moteur de la croissance alors que son fief émirati Jebel Ali est à la peine depuis quelques exercices. « Nous avons investi 664 M$ dans la région, principalement axés sur les extensions de capacité aux Émirats arabes unis, à Sokhna (Égypte), à Berbera (Somaliland) et à London Gateway (Royaume-Uni). »
Les conditions de marché en Asie-Pacifique et en Inde ont été « solides malgré la pression sur les volumes », indique encore le groupe. Dans cette région, l’opérateur de terminaux a été pénalisé par une capacité temporaire plus faible à Pusan en Corée du Sud et les importants blocages en Inde du fait des mesures de confinement strictes. « Cependant, il y a eu une forte reprise des volumes en Inde au second semestre 2020 et les revenus [+ 29 %, NDLR] ont surpassé la baisse des volumes en raison de la croissance des prix ». Les dépenses d'investissement dans cette région (162 M$) ont été principalement concentrés à Mumbai (Inde) et à Pusan (Corée du Sud).
Après un premier semestre 2020 difficile, les marchés d'Australie et des Amériques se sont stabilisés finalement sur l’année. La forte croissance des volumes déclarés est principalement due à l'acquisition de Fraser Surrey Docks (Canada), à la consolidation de Caucedo (République dominicaine) en 2020 et aux contributions en année pleine des acquisitions réalisées en 2029 de terminaux au Chili et en Australie. La zone a généré un volume d’affaires de 22,2 %, à 1,71 Md$
1,076 Md$ d’investissements réalisés en 2020
Au total, l’opérateur portuaire aura réalisé 1,076 Md$ d’investissement en 2020 dans ses installations. C’est moins qu’en 2019 (1,15 Md$) mais en 2021, DP World a prévu d’engager 1,2 Md$. Djeddah (Arabie saoudite), Berbera (Somaliland), Sokhna (Égypte), Caucedo (République dominicaine), London Gateway (Royaume-Uni), Luanda (Angola), Dakar (Sénégal) et Vancouver (Canada) devraient être royalement servis.
Adeline Descamps