La société néerlandaise de sauvetage et de remorquage Smit Salvage (groupe Boskalis) s’affaire depuis quelques jours au large des côtes du Yemen pour inspecter sous toutes les coutures la vieille unité flottante de production, de stockage et de déchargement amarrée depuis une trentaine d’années en vue de réaliser le délicat et complexe transfert d'un peu plus d'un million de barils de pétrole du FSO Safer au Nautica, un VLCC acquis auprès d’Euronav. Pour transborder les 150 000 t de brut, l'opération devrait durer 19 jours
Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), qui coordonne l’opération, a annoncé la souscription d'une couverture d'assurance. « Sans les assureurs qui offrent leurs bilans pour garantir le risque financier résiduel, la mission ne pourrait pas se dérouler », soutient l'administrateur du PNUD, Achim Steiner.
Ils sont essentiels « à la fois pour réduire les risques financiers de l'opération et pour préserver la vie aquatique et la biodiversité », précise-t-il.
Treize assureurs
L’opération, qui sort à peine d’un long process pour trouver les fonds nécessaires, doit de surcroît gérer une autre difficulté : il se trouve dans des eaux désignées comme « à haut risque » par le Joint War Committee.
Howden, courtier désigné par le PNUD dans le cadre d'un appel d'offres ouvert, a structuré et syndiqué les différents risques auprès de treize assureurs sur les marchés de la Lloyd's de Londres et de P&I.
Dans le même temps, Elegant Exit a manifesté son intérêt pour une prise en charge du recyclage du navire. L’entreprise revendique un soutien du Royaume de Bahreïn et du chantier naval Arabian Shipbuilding & Repair Yard (ASRY) à Bahreïn, disposé à accepter le FSO Safer dans ses cales.
ASRY est la seule installation de la région du Golfe à exploiter en conformité avec les normes internationales, y compris la Convention de Hong Kong (HKC) et le Règlement de l'Union européenne sur le recyclage des navires (EU SRR), est-il assuré.
Le prestataire de services assure également que SULB, un producteur d'acier basé aussi au Bahreïn, s'est engagé à ce que l'empreinte carbone de tout nouvel acier produit à partir du navire soit minimisée autant que possible.
Un long parcours de financement
Pour financer l’opération – La cargaison de pétrole appartient aux rebelles et ne peut donc pas être vendue pour financer les coûts de transfert –, l’ONU a dû lancer une campagne de financement participatif auprès des entreprises et du grand public. Initialement estimés à 144 M$, les moyens ont dû révisés à la hausse.
Mi-mai, les Nations unies estimaient avoir recueilli 105,2 M$ dont 260 000 $ de contributions du public.
Près de 24 M$ manquaient encore pour financer le plan d’urgence sachant que 19 M$ de plus seront requis pour la deuxième étape, critique, qui comprend notamment le remorquage jusqu'à un chantier de recyclage.
Pendant de temps, les équipes de Smit passent en revue les pompes, la salle des machines, ainsi que les réservoirs et conduites qui n’ont pas été purgés depuis des années et susceptibles donc de libérer des gaz toxiques.
Adeline Descamps