On a du mal à l’imaginer aujourd’hui, alors que le Royaume-Uni a totalement déserté l’univers des véhicules industriels, mais il fut un temps où la puissance de frappe britannique en ce domaine était considérable. Dans les années 60, des maisons comme Leyland ou Bedford produisaient plus que Mercedes, exportant à tout va et à travers toute la planète des camions qui bénéficiaient par ailleurs des importants relais économiques et politiques que constituaient les pays du Commonwealth. On avait ainsi coutume de dire chez Leyland que le soleil ne se couche jamais sur un camion Leyland. Et c’était vrai.
L’agonie fut lente mais inexorable et il ne reste rien désormais de l’industrie anglaise du poids lourd. Aussi est-il toujours surprenant (et même un peu émouvant) d’en retrouver des vestiges dans des pays où des parcs très disparates laissent se côtoyer des camions récents et d’authentiques antiquités… toujours en service.
C’est ainsi que nous avons déniché ces deux Bedford en Uruguay où ils ne semblent guère pressés de mettre fin à leur carrière. Certes, ils peuvent être un peu « trafiqués ». Le premier par exemple, un KM de 1980 (autant dire parmi les tout derniers produits), a été remotorisé avec un diesel Volvo TD70F de 230 ch associé à une boîte Volvo. Il a encore belle allure malgré ses 35 ans et ne craint pas de proclamer son homologation au PTRA maximum de 45 t. Zones montagneuses à éviter tout de même…
Le second est un peu plus ancien, s’agissant d’un TK 6x2 de 1976 qui, lui, a conservé sa mécanique d’origine avec un diesel Bedford de 130 ch. Homologué au PTAC de 24 t, il est dans un état de fraîcheur assez stupéfiant, notamment au niveau de sa carrosserie. Il est vrai qu’utilisé en zone rurale, il n’a jamais roulé que sur de courtes distances et a toujours fait l’objet d’un soin méticuleux. Ceci expliquant cela.