Ils nous protègent au quotidien sur le bord des routes et des autoroutes, et nous passons sans les voir. Ils font leur métier : sécuriser et entretenir les routes. Des métiers qui les exposent à la mort ou à des blessures graves. Ils, ce sont des agents des services de l'État, des patrouilleurs de sociétés d'autoroutes, des gendarmes, des policiers, des pompiers, des urgentistes et des dépanneurs. Ils risquent leur vie tous les jours.
Depuis 2014, 12 agents des directions interdépartementales des routes et des sociétés d’autoroute ont perdu la vie sur une zone de chantier ou d’intervention, dont 6 au cours des deux dernières années.
Ce film, baptisé Protéger des vies, est destiné à prévenir des risques en sensibilisant les conducteurs. Pour le réaliser, le cinéaste Jean-Xavier de Lestrade (série Sambre) a réuni six témoignages de professionnels qui ont été victimes d'accidents de la route, et se livrent face caméra. Ce nouveau film sera diffusé à partir du 17 mai à la télévision, à la radio, au cinéma et sur le net.
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« Chaque semaine, un agent ou un fourgon sont percutés, pas forcément avec des conséquences aussi dramatiques que d'être tué, mais nous avons noté la hausse de ces accidents », a rappelé Florence Guillaume, déléguée interministérielle à la Sécurité routière, lors de la première projection, le 14 mai à Paris, à laquelle était convié France Routes.
Alerter sur les risques. Tel est l'objectif de la campagne : alerter sur les risques que ces professionnels, qui protègent les usagers de la route, encourent tous les jours. Je ralentis, je m'écarte, j'évite le pire. Un geste simple pour, à notre tour, les protéger.
Le réalisateur a recueilli des témoignages de victimes d'accidents et suivi les patrouilleurs dans leur quotidien. « C'est impressionnant, reprend Jean-Xavier de Lestrade. Nous ne pouvons pas imaginer en tant que conducteur ce que ressentent les gens qui sont sur le bas-côté, sur la bande d'arrêt d'urgence ou en train de sécuriser un accident... Le bruit, la vitesse, la proximité... Les patrouilleurs sentent le souffle pour chaque véhicule qui passe ».
Ressentir le bruit, le souffle... «Je souhaitais absolument que le spectateur puisse ressentir tout cela. Le fait que ce soient de vrais témoins était très important pour sensibiliser les usagers. Rien ne vaut leur parole, ils ont vécu un accident, peuvent témoigner par exemple de la mort d'un collègue. Ce sujet fait partie de ma sensibilité ».
Le principe du corridor de sécurité. Le Code de la route impose depuis 2018 le respect du corridor de sécurité. À l'approche d'une intervention en cours sur la chaussée, les conducteurs doivent ralentir, s'écarter au maximum, si possible en changeant de voie. Cette règle est trop peu connue. La campagne de communication se donne aussi comme objectif de mieux la faire respecter.
Fier d'être dépanneur. Parmi les partenaires de cette campagne, figure l'association Fier d'être dépanneur, la même qui a réuni de nombreux professionnels pour un défilé spectaculaire, fin avril à Moulins. Luc le Baron, son président, souhaite lui aussi contribuer à réduire le nombre d'accidents : « que les comportements changent, que les usagers prennent l'habitude de ralentir, s'écarter et mettre le clignotant, lorsque les dépanneurs sont en intervention ». Eviter le pire, ce qu'a connu Cédric Belloc qui témoigne dans le film...
Grand témoin. « Je partais pour une intervention banale avec un poids lourd en panne, raconte Cédric Belloc, patrouilleur chez Vinci Autoroutes, qui a été violemment percuté. Un véhicule a foncé sur moi. Je vois le véhicule arriver et je me réveille en soins intensifs. Un accident moral et physique. Foie, lombaires, thorax ont été touchés... La douleur, on apprend à vivre avec, le plus ennuyeux c'est psychologique. Lorsque l'équipe du film m'a demandé de témoigner, j'ai tout de suite dit oui. Cela fait partie de ma thérapie ».
Au bout de plusieurs mois, Cédric Belloc a repris le travail, à mi-temps. « J'avais du mal à rester à mon domicile, je broyais du noir, il fallait à tout prix que je revienne. D'autres ne reviendront jamais. Mon message aux conducteurs, ne détournez pas le regard d'une seconde de la route. Une seconde, c'est 40 m parcourus ».
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