Sur la page Facebook de France Routes, Olivier exprime sa solidarité avec les agriculteurs : « ayant fait partie du domaine avant de commencer la route, je les comprends et les soutiens à 100 %. Si je pouvais me joindre à eux en plus d’avoir été les soutenir durant mon temps libre, cela serait un plaisir ». La solidarité s'exprime aussi depuis la Bretagne : « Je suis pour être avec nos agriculteurs. Plus on est mieux on sera. Force à vous », écrit R-one.
Cependant être bloqué sur la route, n'a rien d'agréable même si la cabine du camion est confortable et prévue pour faire du national. Audrey est conductrice salariée chez un transporteur breton. Elle est solidaire mais mitigée sur le mode d'action : « ils défendent leurs terres, mais nous sommes bloqués sur la route. Nos journées sont plus longues. La semaine dernière, j'ai du faire des détours de plusieurs dizaines de kilomètres ».
Même son de cloche chez Cédric, transporteur indépendant : « La conjoncture n'est pas facile, alors si on passe sa vie dans les bouchons on ne va pas faire long feu. Le prix du transport est tellement bas. Pour moi, c'est de la complication au quotidien. Ce matin, j'avais quatre clients sur Paris. Il a fallu que je m'organise pour prendre en compte le trafic et les informations, réfléchir à ma tournée pour qu'elle soit le moins problématique et surtout éviter les bouchons et blocages. Il faut que je sorte vite fait de Paris pour être dans le sens de la sortie en début d'après-midi, en espérant que les agriculteurs ne bloquent pas les deux sens de circulation ».
Solidaire, mais pas touche au camion ! Mickaël, conducteur et salarié dans la région d'Angers, soutient les agriculteurs mais désapprouve certaines méthodes : « lorsque je vois que les agriculteurs détruisent la marchandise, des produits frais ou du vin qui se trouve dans les camions, c'est dommage, d'agir ainsi ».
Sur la page Facebook de France Routes, Christèle comprend que les agriculteurs s'en prennent aux chargements de denrées étrangères et donc importées, « mais en aucun cas, il ne faut s'en prendre au conducteur et à son camion. On bascule dans de la violence humaine et la violence ne mène jamais, jamais au positif, il faut être plus intelligent que ça... »
«Je peux comprendre leurs revendications, poursuit Pascal, par contre vider et dégrader les remorques des chauffeurs, je ne suis pas d'accord. Ils y sont pour rien, on transporte ce qu'on nous demande. Je ne pense pas qu'ils seraient contents qu'on leur dégrade leurs outils de travail. Perso, j'ai été bloqué à côté de Bollène (Bouches-du-Rhône) la semaine dernière, impossible de recharger ».
Cédric a adopté une stratégie de contournement : « Je choisis le travail afin de ne pas être dans les blocages. J'adapte mon planning ». Pas sûr cependant que cet échappatoire ne tienne longtemps.
Les transporteurs souhaitent d'ailleurs une sortie de crise rapide, car se retrouver avec des véhicules bloqués a pour eux des incidences économiques qui peuvent aussi mettre en péril des entreprises réalisant de faibles marges.
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