Entre novembre 2022 et novembre 2023, la France avait immatriculé 48 733 véhicules de 5 t et plus, chiffre en hausse de 10,7 % par rapport à 2022.
En janvier 2023, l’Observatoire du véhicule industriel (OVI), qui publie ces résultats dans son rapport annuel présenté le 9 janvier 2024 à Paris, tablait sur un marché à 44 000 immatriculations.
Le résultat est donc positif, et pourtant, il est en trompe-l’oeil, de l’avis d’Arnaud Villéger, directeur de l’OVI : « Ce n’est que le reflet du passé ».
Depuis 2020, les crises successives du covid, de l’approvisionnement en pièces détachées, puis les effets de la guerre en Ukraine sur les prix de l’énergie et l’inflation globale ont impacté les ventes dans l’Europe entière.
Le marché français semble toutefois revenir à la normale : les délais de livraison ont reculé, de 289 jours en début d’année 2023 à 150 jours en fin d’année.
Baisse des commandes. Cependant, les commandes de ces VI de plus de 5 t connaissent une baisse sensible, de 20 % par rapport à 2022 pour les tracteurs neufs, tandis que les porteurs affichent un recul de 9,7 %.
Cela s’explique par les prix qui continuent d’augmenter en 2023 : +9,2 % pour les tracteurs et +9,5 % pour les porteurs en 2023 ; et par la hausse des taux de crédit.
Les investissements sont essentiellement destinés au remplacement de véhicules, seuls 10,2 % servent à l’extension du parc, constate l’OVI.
Le parc VO vieillit. En conséquence, le parc des véhicules d’occasion (VO) vieillit, d’autant qu’il est de plus en plus difficile de revendre des véhicules fonctionnant au gasoil.
Sur les tracteurs, le recul est encore plus fort en 2023 (-16,6 %) qu’en 2022 (-10,8 %).
Du côté des porteurs, le recul s’affiche en 2023 à -11,2 %.
Les tracteurs VO ont vu leur prix reculer en 2023 de près de 9 %, tandis que ceux des porteurs sont restés stables (-0,9 %).
L’âge moyen des tracteurs VO a rarement été aussi élevé à 5,6 ans.
Ralentissement en 2024. Après la hausse des immatriculations de 2023, l’OVI table sur un ralentissement, voire une contraction des immatriculations pour 2024 qui pourrait atteindre 5 %.
« Au-delà du chiffre brut, c’est surtout la hausse des énergies alternatives au diesel dans le mix des commandes à laquelle il faudra être attentif, précise Arnaud Villéger. Cet indicateur est le révélateur de la volonté des entreprises à s’engager pour la baisse de leurs émissions de CO2 en bénéficiant au mieux des politiques publiques de soutien aux énergies vertes et de l’adéquation des matériels aux nécessités opérationnelles des exploitants ».
Clarifier les aides à la transition énergétique. Dans cette logique, le partenaire du VI qu’est BNP Paribas incite les autorités à clarifier l’aide à l’acquisition des camions électriques. Les deux années précédentes, l’État a procédé par appels à projets qui étaient gérés par l’Ademe (lire FranceRoutes n° 500, p. 16). Une stratégie qui a surtout été profitable aux grandes entreprises.