« Le marché français des véhicules industriels a connu une croissance remarquable en 2023 », estimait Athina Argyriou, présidente déléguée de la Chambre syndicale des importateurs automobiles (CSIAM), qui présentait les résultats d’immatriculations le 30 janvier dernier à Paris.
Celles-ci semblent en augmentation comme nous allons le constater, mais l'année n'a pas suivi une progression rectiligne. Par ailleurs, certains types de camions progressent plus que d'autres, certaines activités sont en retrait. Quant à la transition énergétique des camions, elle progresse elle aussi mais pas assez vite.
Camions, bus, autocars : hausse de 11,8 %. Avec 48 864 immatriculations dans l’Hexagone, le marché des poids lourds (PL) de plus de 5,1 t enregistre une hausse de 11,02 % par rapport à 2022, marquant une reprise nette après plusieurs années de fluctuations.
L'impact de la Covid. Il est en expansion depuis dix ans, avec un gain notable de 11 308 immatriculations. Cependant, à l’image de ce qu’on constate pour les véhicules légers (VL), le marché français du PL n’a pas retrouvé son niveau d’avant la crise Covid : il a perdu 6 388 unités entre 2023 et 2019.
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Rattrapage des délais. Par ailleurs, ces immatriculations enregistrées en 2023 ne semblent pas être le reflet exact de la réalité : les immatriculations provisoires en ww ne sont en effet pas comptabilisées. Or elles ont été importantes l’année dernière, du fait de l’arrivée du nouveau chronotachygraphe, obligatoire à partir du 20 août ; et aussi du fait d’un report massif de commandes passées en 2022 et livrées l’année suivante, à cause des délais d’approvisionnement en composants et pièces détachées lors de la reprise post-Covid.
Le problème des immatriculations provisoires. Cela a occasionné nombre d’immatriculations provisoires. « Le résultat réel serait plus proche d’une hausse des immatriculations de 18 % entre 2022 et 2023 », indiquait Athina Argyriou. D’autres défis ont persisté, notamment dans l’industrie de la carrosserie, affectée par d'importantes livraisons de constructeurs, occasionnant un allongement des délais de livraison.
« En 2023, l’industrie de la carrosserie s’est trouvée en grosse difficulté pendant le deuxième semestre, suite à une très forte livraison de la part des constructeurs, ce qui a compromis les livraisons aux clients en fin d’année », traduisait Jean-Yves Kerbrat, directeur général de MAN Truck & Bus France.
Dynamisme des tracteurs. Depuis deux ans, on relève que le marché du PL de plus de 5 t est porté par le dynamisme du segment des tracteurs. Il s’en est vendu 28 425 en France en 2023, en augmentation de 11,3 % par rapport à 2022.
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Les porteurs restent dans la roue. Le marché des porteurs a connu également une belle année 2023 avec 20 439 unités, en hausse de 9,9 % par rapport à 2022, mais c’est sur ces véhicules que se concentrent les accroissements des délais de livraison liés au carrossage.
« Les carrossiers français sont des PME qui n'ont pas les capacités d’accueillir des volumes aussi importants, concédait Patrick Cholton président de Solutrans. Mais je suis confiant pour une résorption des engorgements au premier semestre 2024 ».
Bennes en berne. La CSIAM note que 2023 se termine en retrait pour le marché des bennes, tandis que deux segments ressortent de façon notable : la distribution urbaine et celle de produits réfrigérés.
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Une progression à nouveau en 2024 ? Les importateurs de VI ne se montrent guère optimistes pour 2024 : « En fin d'année 2023 il y eut une réelle baisse des commandes, de l'ordre de 30 %, indiquait Athina Argyriou. Les retards liés au nouveau tachygraphe commencent à se résorber. L'administration française a accompagné les industriels en apportant des délais supplémentaires, mais ce n'est pas terminé : il y aura des rétrofit à effectuer jusqu’en 2025 ».
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Des camions ont été mis en exploitation avec des immatriculations provisoires pour pouvoir circuler avec des anciens tachy, ils devront repasser par la case atelier pour l’opération de rétrofit et basculer sur le nouvel appareil.
Les importateurs de VI prévoient une hausse des immatriculations jusqu'en juin 2024, puis une baisse. « Le marché sera inférieur à 50 000 VI en 2024 », prédit Jean-Yves Kerbrat.
Part infime des camions électriques. « Bien que la thermique reste majoritaire, l'électrification fait des avancées notables, en particulier dans le domaine des autobus où plus d'un tiers des ventes sont désormais électriques », indique la CSIAM.
Mais les poids lourds électriques ne représentaient que 1,1 % du marché avec 553 nouvelles immatriculations, loin des objectifs de 2030 qui visent 46 % soit 22 000 nouveaux véhicules électriques. Athina Argyriou souligne la nécessité de réintroduire un dispositif de bonus pour l'achat ou la location de poids lourds électriques, afin d'encourager les investissements dans ce secteur.
