Pour affirmer sa position de leader sur le marché mondial du véhicule lourd dans le transport routier de marchandises, et accessoirement mettre les points sur les i, Mercedes-Benz Trucks a sorti l'artillerie lourde, le 26 juin dernier, organisant l'opération FutureLab en son usine de Wörth en Allemagne. Précisément, il s'agit du site de production duquel sort chaque jour le plus grand nombre de camions au monde. Et ce n'était pas un hasard. Devant plus d'une centaine de journalistes de la presse internationale, le leader mondial voulait présenter sa propre vision d'avenir d'un véhicule qu'il connaît bien, pour l'avoir "inventé" (affirme la marque) !
En quoi consiste donc l'avenir du camion ? La sortie du tout gasoil, le recours à l'énergie électrique, au gaz naturel, à la pile à combustible… le véhicule autonome également… Bref, rien de très nouveau sous le soleil allemand, d'autres y pensant également. Mais Daimler a tout de même donné quelques orientations stratégiques intéressantes. Une sorte de réponse aux "pureplayers" du camion, les Tesla, Nikola One et autres projets novateurs qui font le buzz mais éprouvent des difficultés à passer en phase de production. Ce qui n'est pas le cas de Mercedes-Benz, le groupe présentant même d'excellents chiffres de ventes en 2017.
"Nous avons inventé le camion et allons continuer à donner le rythme de son développement". D'emblée, Stefan Buchner, membre du conseil d'administration de Daimler Trucks et directeur de Mercedes-Benz Trucks, annonçait la couleur : loin des effets de manche des nouveaux venus sur le marché du véhicule lourd, l'expérimenté constructeur allemand s'emploie à fixer les codes pour l'avenir. "Le camion du futur résoudra de nombreuses questions actuellement sans réponse : il sera plus sûr et efficace que jamais ; il présentera de nouvelles technologies et de nouveaux systèmes permettant de soutenir nos clients et leurs conducteurs dans leur activité quotidienne".
Mise en réseau, révolution digitale, énergies alternatives… Mercedes-Benz intègre la mutation des véhicules lourds à deux programmes de réflexion sur lesquels sont mobilisés ses ingénieurs :
Avec le programme RoadEfficiency 2030, Mercedes-Benz Trucks développe une stratégie à moyen terme (10 ans), à destination des transporteurs, dont l'objectif est de réduire les coûts d'exploitation des véhicules qu'il fabrique, mais aussi de hausser le niveau de sécurité d'utilisation, ainsi qu'une mise à disposition maximale. Le conducteur est placé au cœur des enjeux. Dans la cabine, il bénéficie d'une ergonomie améliorée, de commandes plus intuitives et d'un espace pensé pour profiter des temps de repos.
Il ne s'agit donc pas, pour Mercedes, de dessiner un véhicule sans conducteur, comme on peut le voir sur certains prototypes de camions du futur sans cabine. Au contraire, celle-ci est adaptée aux besoins de l'humain qui gère la machine. Côté design, l'exemple à suivre est celui du smartphone, qui hisse au top-niveau l'interface entre l'humain et la machine grâce au développement des technologies digitales.
Cet effort complète les champs d'évolution classiques, comme l'optimisation du moteur, la poursuite du développement des systèmes de sécurité et d'assistance et l'abaissement des coûts de maintenance.
Tout cela évolue grâce à l'intégration des nouvelles technologies. A l'avenir, Mercedes-Benz Trucks présage que le camion sera développé "de l'intérieur".
Future Truck 2025 a déjà commencé depuis deux ans. Le projet a été présenté à l'International Commercial Vehicle Auto Show en 2014. Etape intermédiaire vers RoadEfficiency 2030, il met au cœur du développement la connectivité comme outil permettant la réduction de consommation et d'amélioration des conditions de travail des conducteurs.
L'objectif de Mercedes est de développer des applications intelligentes. Deux ans plus tard, en 2016, Mercedes Trucks opérait une démonstration de platooning grâce à la connexion électronique entre camions.
Le concept eActros, dévoilé au public en 2016, présenté à la presse spécialisée récemment et prévu pour être testé chez des clients en 2018, est aussi issu de ce programme. Le transport de grande capacité à zéro émissions est sur les rails chez Mercedes-Benz Trucks.
Robotique, digitalisation, intelligence artificielle, données, blockchain… ces outils se retrouvent ou se retrouveront dans les camions, grâce à Fleetboard et Uptime, les systèmes de gestion de flotte de Mercedes-Benz Trucks.
La marque germanique veut se donner les moyens de répondre à l'objectif politique ambitieux de réduire la dépendance à l'essence comme carburant des véhicules à l'horizon 2030, à un taux de 30 % par rapport à 2005.
Le constructeur à l'étoile s'attaque aux gros porteurs pour des livraisons urbaines sur courant alternatif, et proposera dès 2018, en essai chez des clients, des eActros d'un poids total en charge de 18 t et 25 t. Des véhicules que FranceRoutes a pu essayer (lire n°433 d'avril 2018, p. 46). A long terme, l'ambition est la livraison urbaine par camions sans émissions polluantes.
Autre axe de développement, le transport longue distance électrique, en phase de test avec le Freightliner eCascadia marque américaine appartenant au groupe Daimler. Ce camion, en test à Portland (Oregon), dispose d'un PTC supérieur à 15 t. Le Freightliner eM2 106 couvre, en Amérique du Nord, les segments de 9 à 12 t de PTC.
Le géant allemand a connu un peu de retard à l'allumage, mais l'orientation est désormais claire : "Le transport au gaz naturel est une des alternatives correspondant le mieux au marché", estime Mercedes-Benz Trucks. "L'une de ses qualités est une combustion plus propre que celle du diesel, qui nécessite moins de systèmes de retraitement, donc des coûts de conception et d'achat moins élevés". Le géant allemand met en avant ses travaux sur l'Econic fonctionnant au GNC (gaz naturel compressé), enclenchés en 2014.
Le constructeur allemand voit dans les véhicules fonctionnant à l'hydrogène une solution aux problèmes environnementaux. Il réclame, pour que se développe à grande échelle la production de ce type de véhicules, l'établissement d'un réseau de stations de distribution d'hydrogène. Et croit en la solution d'une alliance entre industriels pour cela. La joint-venture H2 Mobility Deutschland, créée en 2015 avec Air Liquide, Linde, OMV, Shell, Total, et Daimler a pour but de porter à 400 station le réseau de distribution allemand en 2023. La 45e station du réseau a été inaugurée le 5 mars 2018 à Ingolstadt.
Résultats 2017 : Daimler Trucks en plein boom
Daimler doute des performances du camion électrique de Tesla
En quoi consiste donc l'avenir du camion ? La sortie du tout gasoil, le recours à l'énergie électrique, au gaz naturel, à la pile à combustible… le véhicule autonome également… Bref, rien de très nouveau sous le soleil allemand, d'autres y pensant également. Mais Daimler a tout de même donné quelques orientations stratégiques intéressantes. Une sorte de réponse aux "pureplayers" du camion, les Tesla, Nikola One et autres projets novateurs qui font le buzz mais éprouvent des difficultés à passer en phase de production. Ce qui n'est pas le cas de Mercedes-Benz, le groupe présentant même d'excellents chiffres de ventes en 2017.
Positionnement de leader
"Nous avons inventé le camion et allons continuer à donner le rythme de son développement". D'emblée, Stefan Buchner, membre du conseil d'administration de Daimler Trucks et directeur de Mercedes-Benz Trucks, annonçait la couleur : loin des effets de manche des nouveaux venus sur le marché du véhicule lourd, l'expérimenté constructeur allemand s'emploie à fixer les codes pour l'avenir. "Le camion du futur résoudra de nombreuses questions actuellement sans réponse : il sera plus sûr et efficace que jamais ; il présentera de nouvelles technologies et de nouveaux systèmes permettant de soutenir nos clients et leurs conducteurs dans leur activité quotidienne".
Mise en réseau, révolution digitale, énergies alternatives… Mercedes-Benz intègre la mutation des véhicules lourds à deux programmes de réflexion sur lesquels sont mobilisés ses ingénieurs :
- RoadEfficiency 2030
- Future Truck 2025
RoadEfficiency 2030 : le conducteur comme prescripteur
Avec le programme RoadEfficiency 2030, Mercedes-Benz Trucks développe une stratégie à moyen terme (10 ans), à destination des transporteurs, dont l'objectif est de réduire les coûts d'exploitation des véhicules qu'il fabrique, mais aussi de hausser le niveau de sécurité d'utilisation, ainsi qu'une mise à disposition maximale. Le conducteur est placé au cœur des enjeux. Dans la cabine, il bénéficie d'une ergonomie améliorée, de commandes plus intuitives et d'un espace pensé pour profiter des temps de repos.
Il ne s'agit donc pas, pour Mercedes, de dessiner un véhicule sans conducteur, comme on peut le voir sur certains prototypes de camions du futur sans cabine. Au contraire, celle-ci est adaptée aux besoins de l'humain qui gère la machine. Côté design, l'exemple à suivre est celui du smartphone, qui hisse au top-niveau l'interface entre l'humain et la machine grâce au développement des technologies digitales.
Cet effort complète les champs d'évolution classiques, comme l'optimisation du moteur, la poursuite du développement des systèmes de sécurité et d'assistance et l'abaissement des coûts de maintenance.
Tout cela évolue grâce à l'intégration des nouvelles technologies. A l'avenir, Mercedes-Benz Trucks présage que le camion sera développé "de l'intérieur".
Future Truck 2025 : l'étape intermédiaire
Future Truck 2025 a déjà commencé depuis deux ans. Le projet a été présenté à l'International Commercial Vehicle Auto Show en 2014. Etape intermédiaire vers RoadEfficiency 2030, il met au cœur du développement la connectivité comme outil permettant la réduction de consommation et d'amélioration des conditions de travail des conducteurs.
L'objectif de Mercedes est de développer des applications intelligentes. Deux ans plus tard, en 2016, Mercedes Trucks opérait une démonstration de platooning grâce à la connexion électronique entre camions.
Le concept eActros, dévoilé au public en 2016, présenté à la presse spécialisée récemment et prévu pour être testé chez des clients en 2018, est aussi issu de ce programme. Le transport de grande capacité à zéro émissions est sur les rails chez Mercedes-Benz Trucks.
Les outils du futur
Robotique, digitalisation, intelligence artificielle, données, blockchain… ces outils se retrouvent ou se retrouveront dans les camions, grâce à Fleetboard et Uptime, les systèmes de gestion de flotte de Mercedes-Benz Trucks.
La marque germanique veut se donner les moyens de répondre à l'objectif politique ambitieux de réduire la dépendance à l'essence comme carburant des véhicules à l'horizon 2030, à un taux de 30 % par rapport à 2005.
Véhicules électriques
Le constructeur à l'étoile s'attaque aux gros porteurs pour des livraisons urbaines sur courant alternatif, et proposera dès 2018, en essai chez des clients, des eActros d'un poids total en charge de 18 t et 25 t. Des véhicules que FranceRoutes a pu essayer (lire n°433 d'avril 2018, p. 46). A long terme, l'ambition est la livraison urbaine par camions sans émissions polluantes.
Autre axe de développement, le transport longue distance électrique, en phase de test avec le Freightliner eCascadia marque américaine appartenant au groupe Daimler. Ce camion, en test à Portland (Oregon), dispose d'un PTC supérieur à 15 t. Le Freightliner eM2 106 couvre, en Amérique du Nord, les segments de 9 à 12 t de PTC.
Le gaz naturel comme alternative
Le géant allemand a connu un peu de retard à l'allumage, mais l'orientation est désormais claire : "Le transport au gaz naturel est une des alternatives correspondant le mieux au marché", estime Mercedes-Benz Trucks. "L'une de ses qualités est une combustion plus propre que celle du diesel, qui nécessite moins de systèmes de retraitement, donc des coûts de conception et d'achat moins élevés". Le géant allemand met en avant ses travaux sur l'Econic fonctionnant au GNC (gaz naturel compressé), enclenchés en 2014.
La pile à combustible en ligne de mire
Le constructeur allemand voit dans les véhicules fonctionnant à l'hydrogène une solution aux problèmes environnementaux. Il réclame, pour que se développe à grande échelle la production de ce type de véhicules, l'établissement d'un réseau de stations de distribution d'hydrogène. Et croit en la solution d'une alliance entre industriels pour cela. La joint-venture H2 Mobility Deutschland, créée en 2015 avec Air Liquide, Linde, OMV, Shell, Total, et Daimler a pour but de porter à 400 station le réseau de distribution allemand en 2023. La 45e station du réseau a été inaugurée le 5 mars 2018 à Ingolstadt.
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Résultats 2017 : Daimler Trucks en plein boom
Daimler doute des performances du camion électrique de Tesla