2022 a-t-elle été une bonne année pour Renault Trucks ?
Renault Trucks, filiale industrielle du groupe Volvo Trucks, clôture l’année 2022 avec un volume total de 58 967 véhicules industriels (VI) facturés dans le monde, en hausse de 15 %.
Dans un marché européen turbulent, marqué par de fortes perturbations de la chaîne d’approvisionnement, le constructeur a renforcé ses positions avec une part de marché (PDM) sur le segment des véhicules de plus de 16 t en progrès de 0,6 point, qui s’établit à 9,4 %.
En France, sur le segment des gammes hautes et intermédiaires, Renault Trucks conforte sa position de leader avec une PDM de 29,4 %.
« 2022 a été une belle année », constate Christophe Martin, directeur général (DG) de Renault Trucks France.
En France, l’année 2023 suit-t-elle le même chemin ?
« Nos carnets de commandes sont pleins », se réjouit le DG. Néanmoins, cet élan positif est atténué par les difficultés d’approvisionnement en pièces détachées qui contribuent à allonger les délais de livraison des véhicules.
« Actuellement, le délai d’acquisition d’un camion Renault neuf s’élève à huit mois », prévient le patron. La situation est pire pour les porteurs que pour les tracteurs, à cause des délais supplémentaires de carrosserie.
Comment se comportent les prix sur le marché des camions neufs ?
A cause des problèmes d’approvisionnement et de l’inflation, le prix d’un VI neuf reste élevé. « En 18 mois les camions ont augmenté en moyenne de 20 % », précise Christophe Martin.
Ces dégradations rendent incertaines les prévisions de vente en 2023.
Renault Trucks poursuit-il son orientation vers le camion électrique ?
Oui, du fait des obligations de décarbonation fixées par l’Europe, qui contraint les industriels à réduire leurs émissions de CO2.
Renault Trucks, conformément à la stratégie du groupe Volvo Trucks, se montre très ambitieux sur ce type de véhicules. La stratégie tout électrique a des répercussions sur l’organisation de l’entreprise, avec la création de postes spécifiques au service commercial par exemple. Et même au-delà, avec la mobilisation du réseau de distribution autour de ces nouveaux véhicules.
Cela se concrétise par des résultats : en 2022 en Europe, Renault Trucks détenait 24,2 % du marché des gammes intermédiaires électriques. L'industriel a facturé 379 Renault Trucks E-Tech D et D Wide.
En France, la marque au losange s’impose en leader de la mobilité électrique avec 75 % de PDM sur les gammes intermédiaires (de 5 t à 16 t).
Le marché reste néanmoins embryonnaire : il s’est immatriculé 115 camions électriques de plus de 7,5 t en France l’année dernière (cliquez sur ce lien pour en savoir plus).
Quelle est son ambition sur les camions n'utilisant pas de carburant fossile en 2023 ?
« Nous visons 500 immatriculations de camions électriques en 2023, et au moins 25 % de commandes de camions fonctionnant avec des carburants non fossiles », annonce Christophe Martin.
Les services commerciaux se concentrent sur le secteur des bennes à ordures ménagères (BOM). « La moitié des camions électriques commandés concerne des BOM, poursuit le DG. Ce marché a basculé à 30 % sur l’électrique et nous sommes bien placés ».
Quel investissement représente cette orientation vers le camion électrique ?
La stratégie tout électrique de Renault Trucks est évaluée entre 300 et 400 millions d'euros par an. « Cela représente 10 % des investissements du groupe Volvo Trucks », précise Christophe Martin.
Comment la marque mobilise-t-elle le réseau de distribution ?
L’émergence du camion électrique est un bouleversement pour les distributeurs. Le modèle économique basé sur le service après-vente n’est plus d'actualité. Ces véhicules ont une durée de vie plus longue.
Renault Trucks possède un excellent réseau de proximité, un atout sur ce nouveau marché pour détecter les besoins et accompagner les transporteurs dans les nouveaux usages. Du coup la marque fait un important effort de ressources humaines : 6 000 formations sur l'électromobilité ont été menées en 2022 dans le réseau.
Comment passer à la vitesse supérieure sur le camion électrique ?
« Les pouvoirs publics doivent nous aider, reconnait Christophe Martin. Le camion est plus cher, et il faut aider les clients à franchir le cap. L’an dernier nous avons réussi à prendre environ 300 commandes grâce à l’appel à projets mis en place par le gouvernement ».
Le gouvernement a entendu cette requête : un nouvel appel à projet pour l’acquisition de camions électriques va être mis en place (cliquez sur ce lien pour en savoir plus).
Renault Trucks poursuit-il son effort sur le biocarburant B100 ?
« Le recours au B100 fait sens dans le cadre de la décarbonation, estime Christophe Martin. Nous avons été les pionniers dans le camion, en coopération avec le groupe Avril qui en produit. C’est une solution à horizon 10 ans dans notre secteur. Une solution simple, sans surcoût, qui permet d’obtenir la vignette Crit’air 1 s’il est utilisé de manière irréversible dans un camion. Il est possible de rétrofiter un camion gasoil en B100 ».
Renault Trucks a facturé 2 200 camions « B100 irréversible » en 2022.
La perspective d’Euro 7 pour les camions gasoil, obligatoire en 2027, effraie-t-elle l’industriel ?
L’arrivée de cette réglementation européenne est une aberration, selon le DG France de Renault. « Elle aura un impact marginal sur la décarbonation des camions par rapport à Euro 6, et va nécessiter des millions d’euros d’investissements en développement produit. Le problème, c’est qu’on demande aux constructeurs d’investir simultanément dans toutes les nouvelles technologies. Laissez-nous nous concentrer sur l’électrique et l’hydrogène ».
Complément d'information
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