En dépit de l’impact des mouvements sociaux liés à la réforme des retraites, Europorte a réussi le tour de force de réaliser un septième exercice bénéficiaire en 2023. Identique à celle de 2022, la marge d’exploitation brute s’est élevée à 29 millions d'euros (M€).
Le chiffre d’affaires a, dans le même temps, progressé de 9,4 % à 150 M€. Mais tout comme d’autres entreprises ferroviaires engagées dans cette démarche, Europorte entend bien, à présent, obtenir une compensation financière pour les pertes de chiffre d’affaires ayant résulté des grèves précitées. Pour l’heure, la somme proposée à cet effet par SNCF Réseau ne répond pas du tout aux attentes des opérateurs.
Une diversification payante
Les bons résultats d’Europorte en 2023 sont incontestablement à mettre au compte de sa diversification. Si la traction représente toujours 70 % de son activité, l’entreprise ferroviaire est également implantée dans les secteurs porteurs de l’infrastructure ferroviaire et des installations terminales embranchées (ITE).
Elle a, sur ce dernier point, remporté la gestion de l’ITE d’Hordain (Nord) pour le compte du géant de l’automobile Stellantis. "Cette réouverture qui sera matérialisée par le démarrage d’un nouveau trafic le 21 mars 2024 est symptomatique de notre capacité à démarrer rapidement une nouvelle exploitation grâce à nos trois métiers. Nous accompagnons aussi la politique de verdissement des acheminements de nos clients à la faveur des choix que nous avons fait au plan des nouveaux carburants. Au-delà du rétrofit de six locomotives Diesel de forte puissance fonctionnant à présent à l’Oleo 100, nous pouvons compter dès maintenant sur le déploiement de nos propres cuves d’Oleo 100 à Strasbourg, Lyon et Rouen et sur celui de locomotives alimentées au HVO à Feyzin. Nous étudions aussi l’acquisition de locotracteurs électriques", explique Raphaël Doutrebente, président d’Europorte.
Des visées en Allemagne
Désireuse de poursuivre sa croissance rentable, Europorte ne reprendra pas les flux intermodaux abandonnés par Fret SNCF dans le cadre de sa discontinuité. Elle se prépare, en revanche, à mettre en place une liaison intermodale entre le port de Dourges – dont elle participe à un appel d’offres pour remporter le contrat d’infrastructure – et Barking (Sud de Londres) via le Tunnel sous la Manche. Elle a, à cette fin, loué vingt-cinq wagons Megafreight auprès de VTG.
Réalisant déjà 30 % de son chiffre d’affaires avec l’Allemagne et la Belgique, Europorte pourrait, par ailleurs, amplifier son volume d’affaires avec le premier pays au travers d’une opération de croissance externe. Si elle réussit, cette opération pourrait donner lieu à la création potentielle d’un réseau européen de filiales. En parallèle, Europorte travaille à l’obtention de son propre certificat de sécurité dans ce pays. Tous ces développements pourraient conduire Europorte à réaliser une croissance à deux chiffres en 2024.