Logistique verte pour La Plateforme du Bâtiment

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Le nouveau magasin d’Aubervilliers (93), premier site certifié HQE du groupe Point.P, est équipé d’un système de jardins filtrants qui traite et dépollue l’ensemble des eaux grises et pluviales.

« La construction de ce nouveau point de vente, situé à côté de l’ancien bâtiment d’Aubervilliers ouvert en 1999, obéissait à un double objectif », explique Michel Daniel, directeur du développement et du patrimoine de La Plateforme du Bâtiment. La très forte pression économique, en termes de demande, nécessitait de rénover et d’agrandir l’espace existant pour faire face à la montée en puissance et offrir, aux collaborateurs comme aux clients, un meilleur accueil ainsi qu’un confort optimal. « Nous nous situons en effet dans une très importante zone de chalandise qui, en dépit de l’ouverture récente d’un magasin dans le 18e arrondissement de Paris et eu égard à la bonne santé du marché de la rénovation, fait du site d’Aubervilliers le premier point de vente de l’enseigne en termes de fréquentation et de chiffre d’affaires, celui-ci connaissant une progression constante à deux chiffres. » ajoute Vincent Brugère, directeur général de La Plate-forme du Bâtiment.

Zéro rejet dans le réseau unitaire. La plate-forme d’Aubervilliers était par ailleurs, du fait de sa proximité avec l’agglomération parisienne, soumise à une importante pression urbanistique, le site, qualifié d’OIN (opération d’intérêt national) devant à ce titre obéir à un régime strict en matière d’aménagement et d’insertion durable dans le paysage urbain. « De plus, et afin de respecter les exigences du Plan local d’urbanisme, 20 % de l’emprise devaient être consacrés aux espaces verts », poursuit Michel Daniel. « Nous avions également obligation, afin de nous mettre en conformité avec les impératifs de la loi sur l’eau, de supprimer le rejet gravitaire des eaux pluviales dans le canal Saint-Denis », le texte imposant de ne restituer que 10 litres/s/ha dans le réseau unitaire. « Nous sommes allés au-delà de ces exigences », commente Michel Daniel, « en choisissant le procédé de jardins filtrants (voir encadré) de l’entreprise Phytorestore »(1). Résultat: un site zéro rejet. Toutes les eaux de ruissellement, dont une partie est récupérée pour assurer l’arrosage des espaces verts (5 000 m2) ainsi que l’alimentation des sanitaires, mais aussi l’ensemble des eaux usées, sont désormais collectées, filtrées et épurées à travers un réseau de bassins végétalisés. 10 % des eaux purifiées sont ensuite réinjectés dans la nappe phréatique, par infiltration, les 90 % restants étant évacués dans l’atmosphère par évapotranspiration des végétaux. Corollaire pratique: aucuns travaux de génie civil pour le raccordement au réseau d’assainissement de la ville.

Des consommations divisées par 11. Pour mener à bien ce projet, véritable chantier école (voir encadré p. 42) et premier site certifié HQE (Haute qualité environnementale) pour le groupe Point.P, les responsables de la Plateforme du Bâtiment ont donc décidé de rénover l’espace de vente existant, celui-ci étant désormais dédié au stockage et à la préparation des produits encombrants, et d’acquérir, en 2006, une parcelle mitoyenne de 7 000 m2 enclavée entre le canal Saint-Denis et l’ancien bâtiment. « Nous avons fait appel au cabinet d’architectes NB Brail », précise Michel Daniel, celui-ci réalisant un cahier de solutions et de détails à appliquer pour formaliser la méthodologie du chantier d’une manière globale et pluridisciplinaire. L’excellence du bâtiment, en termes de performances énergétiques, s’appuie avant tout sur une isolation performante – murs en bardage acier avec 2 couches d’isolant de 90 mm, 210 mm de laine de verre en toiture, isolation périphérique de la dalle béton du plancher sur terre-plein et isolation par flocage de la dalle béton du plancher inférieur – le bâtiment actuel étant 11 fois moins « énergivore » que le précédent. Résultats: des consommations prévues de 78 kW/m2/an pour la surface de vente (25 % plus performant que les exigences BBC – bâtiment basse consommation) et 25 kW/m2/an pour la partie bureaux (deux fois mieux que les exigences BBC). Dans la pratique, le chauffage/rafraîchissement est assuré par une pompe à chaleur air/eau et la totalité des besoins en ECS (eau chaude sanitaire) est fournie par des panneaux solaires. Un test en vraie grandeur, effectué sur la totalité du bâtiment par le Bureau d’Études Becice, a par ailleurs démontré une étanchéité à l’air (0,97 m3/h/m2) trois fois meilleure que la norme en vigueur.

Confort optimal. Côté confort, la ventilation VMC (ventilation mécanique contrôlée) double flux garantit une température et un brassage de l’air idéaux – le volume du bâtiment est renouvelé jusqu’à trois fois par heure – l’opération étant contrôlée par une sonde CO2 qui permet de réduire les déperditions lorsque l’occupation est faible – le préchauffage de l’air neuf étant, quant à lui, assuré par récupération de chaleur sur l’air extrait. « La conception de l’ensemble du système de chauffage/ventilation fait qu’il n’y a aucun phénomène de stratification de l’air » souligne Michel Daniel, « c’est-à-dire que la température est pratiquement constante dans le bâtiment, le différentiel entre le bas et le haut n’excédant pas 1 oC ». Détail technique important qui élimine les problèmes de dégradations des produits stockés sensibles à la chaleur. Un dispositif de filtration intégré élimine par ailleurs les poussières, pollens et allergènes présents dans l’air ambiant. Compte tenu de l’importance des flux entrants et sortants, des sas sont intégrés à l’entrée et complétés par des rideaux d’air chaud. Les amplitudes thermiques à l’intérieur du bâtiment, notamment pour les personnes en poste fixe aux caisses, sont ainsi limitées, tout comme les déperditions de chaleur lors des entrées et sorties des clients. Une réflexion particulière a été menée au niveau de l’éclairage, afin de trouver le juste équilibre entre les économies d’énergie apportées par la lumière naturelle et les déperditions thermiques liées aux surfaces vitrées. Un apport en éclairage naturel en toiture a donc été choisi pour la surface de vente et de larges ouvertures en façades pour les halls et bureaux.

Éclairage naturel optimisé. Pour la surface de vente, les installations d’éclairage sont alimentées et commandées par zones, avec ajustement en fonction de l’éclairage naturel et des tranches horaires, l’ensemble permettant de réduire le niveau d’éclairement hors activité commerciale (heures de ménage, approvisionnement des rayons). Dans la zone bureaux, cette gradation est fonction de l’occupation (détection automatique de présence) et du niveau d’éclairement naturel (détection photométrique), l’éclairage artificiel étant assuré par des lampes fluorescentes T5 (haut rendement). Pour obtenir un confort acoustique optimal, le choix a été fait de traiter les parois comme les plafonds, le cabinet d’architecte imposant un cahier des charges drastique à l’ensemble des intervenants du chantier en termes de matériaux à très faibles propagations phoniques: isolation thermique participant à l’isolation phonique, bardages nervurés pour une meilleure absorption, pièges à sons à proximité des centrales de traitement d’air. Dernier point technique: la mise en place d’une GTB (gestion technique du bâtiment). Elle fournit à l’exploitant des indicateurs sur la vie du bâtiment (éclairage, ventilation, climatisation, chauffage) et permet ainsi de réguler la maintenance du site tout en assurant le suivi des performances à long terme. Côté logistique, « nous réceptionnons des livraisons quotidiennes pour tous les produits volumineux, encombrants et pondéreux », explique Michel Daniel, ces matériaux – type plaques de plâtre, palettes de parpaings, rouleaux de laine de verre – gérés en FIFO étant livrés le matin à 5 h sur la zone de masse et d’accumulation de 3 500 m2 qui correspond donc à celle occupée par l’ancien bâtiment débardé sur trois faces (donc hors d’eau mais pas hors d’air).

Des flux parfaitement distincts. Ce principe de fonctionnement, qui impacte bien entendu l’organisation des horaires, a été mis en place il y a maintenant sept ans. Il garantit une meilleure fluidité avec des flux parfaitement dissociés et différenciés. Les livraisons s’effectuent en effet sur le parking client, totalement désert et disponible à cette heure matinale, qui sépare l’ancien bâtiment du nouveau. Il permet de ne générer qu’une seule rupture de charge – la seconde intervenant au moment de l’enlèvement des marchandises par le client – synonyme de sécurité et de qualité. Sur la plupart des plates-formes de négoce, où les livraisons s’effectuent le plus souvent au fil de la journée, la semi-remorque se gare en effet où elle peut, le cariste ayant à effectuer un déchargement express du plateau afin de libérer au plus vite le véhicule et son conducteur. Les palettes sont donc déposées au plus près et doivent ensuite être déplacées à plusieurs reprises. D’où une multiplication des opérations de manutention qui provoque, outre des mouvements d’engins consommateurs d’énergie, une surcharge de travail ainsi qu’un accroissement des dangers d’accident. Ce schéma de rupture unique évite également les problèmes de casse qui, statistiquement parlant, augmentent avec le nombre de manipulations des palettes, et permet donc de garantir un stock propre. « C’est un principe organisationnel très simple mais qui a un impact fondamental sur les conditions d’exploitation de la plate-forme et surtout sur le service rendu au client », commente Michel Daniel. Ce dernier point, qui est au cœur de l’organisation des sites de La Plateforme du Bâtiment, « nous conduit d’ailleurs à mettre parfois en place des approches qui, d’un point de vue logistique pure, peuvent paraître relever d’une aberration totale. »

Une organisation axée client. Exemple avec l’entrepôt de Miramas (Bouches-du-Rhône), à partir duquel sont éclatés vers l’ensemble des Point.P de l’Hexagone les produits « faïence » (WC, vasques, carrelages, parois de douches) fabriqués en Chine et acheminés par containers. En marge de cette fonction logistique classique et conventionnelle, « ce site permet également de réalimenter à l’unité les petites enseignes du Midi qui ne disposent pas, suite à des problèmes de densification foncière, de l’emprise suffisante pour stocker des livraisons complètes de produits volumineux, type porte-fenêtre ou rouleau de laine de verre », explique Michel Daniel. Ce service particulier a, bien entendu, un coût en termes logistiques mais il permet aux enseignes d’avoir une bonne organisation de leur magasin et de leur zone d’approche mais aussi de garantir au client des produits « propres » disponibles très rapidement sur leurs chantiers. Le surcoût n’est d’ailleurs pas si évident que cela en poussant le raisonnement jusqu’au bout du process. Car en évitant les problèmes de dégradations de marchandises qui peuvent stagner plusieurs mois sur les racks ou sur des zones à ciel ouvert, « nous diminuons d’autant les risques de vols et de casse et donc, au final, les opérations de démarque ». Autre intérêt de cette plate-forme tampon: la possibilité de casser les « franco-dimensionnements ». Autrement dit, de pouvoir stocker les produits qui ne peuvent être livrés que par semi-remorque complet (fenêtres) ou conditionnés en colis de plusieurs unités en raison de process industriels spécifiques. « Les disjoncteurs tétrapolaires, par exemple, qui sont livrés par paquet de quatre, paquet qui, logistiquement parlant, correspond pour nous à 200 jours de stock. »

12 000 références en libre-service. Le site d’Aubervilliers, comme toutes les enseignes Point.P, est axé vers les clients généralistes du marché de la rénovation, « les 12 000 références que nous proposons en accès libre-service couvrant le 20/80 des besoins de l’artisan, dont les achats s’organisent en pièces sèches (chambre, salon) et pièces humides (cuisine, salle de bains) », précise Michel Daniel. « Nous n’intéressons pas le spécialiste qui recherche une profondeur de gamme beaucoup plus importante, un grossiste en électricité gérant, à titre d’exemple, entre 30 000 et 40 000 références. » Le client ne peut accéder au magasin qu’en badgeant sa carte à l’accueil. Il effectue ensuite ses achats en libre-service et passe ses commandes de produits lourds ou encombrants au niveau des différents comptoirs, le système informatique transmettant les ordres de préparation correspondants vers la zone extérieure dédiée. En dépit d’un acte d’achat très court qui, en moyenne, se situe autour de 15 minutes – y compris le temps passé à la cafétéria, lieu de convivialité par excellence où les artisans préparent généralement leur planning de la journée –, les marchandises sont disponibles dès leur sortie du magasin, le client ayant le choix entre emporter les marchandises en les chargeant sur la zone de masse ou se faire livrer directement sur le chantier. « Ce dernier service se développe considérablement », souligne Michel Daniel, « les commandes légères étant livrées à J + 3 heures dans Paris intra-muros et avec une demi-journée de décalage pour les volumétries plus importantes ». Les marchandises commandées dans l’après-midi sont donc disponibles dès le lendemain matin sur chantier. De plus, la plupart des visiteurs sont équipés d’utilitaires légers dont la capacité de charge est rapidement dépassée, ne serait-ce qu’avec une simple palette de sacs de ciment, d’où le choix de se faire livrer.

Développer la logistique verte. « Dès l’été, nos clients pourront également passer leurs commandes via Internet et nous développons actuellement une application spécifique pour IPhone. Cette nouvelle activité de e-commerce sera prise en charge par notre nouvel entrepôt central de Pantin qui assurera une logistique amont mutualisée et permettra de doubler la superficie du site actuel de Gennevilliers qui sera, à terme, supprimé », précise Michel Daniel. L’entrepôt de Pantin, embranché fer, « devrait également permettre l’acheminement ferroviaire de toutes les marchandises en provenance de la plate-forme de Miramas », sous réserve, bien entendu, que RFF mette en place le sillon correspondant, « les flux étant d’ores et déjà au rendez-vous »… Quoi qu’il en soit et dès le mois de juin, les livraisons de l’entrepôt de Pantin vers les chantiers des clients s’effectueront par l’intermédiaire d’une flottille de camions fonctionnant au gaz naturel de ville, l’ensemble de ces activités étant externalisé. « Nous avons également étudié l’option petits camions électriques mais il n’existe pas, à l’heure actuelle, des véhicules à la capacité suffisamment importante fonctionnant avec ce type d’énergie. » Le futur logistique, c’est également la mise en place d’une liaison par péniche de 400 t entre Aubervilliers et le port autonome de Bonneuil-sur-Marne (94), sur lequel sont stockées les marchandises en provenance de certains fournisseurs. Cette prestation, qui sera assurée par le marinier Marfret, entrera en vigueur dès que le chantier de la RATP (ligne 12) aura libéré les quais de Seine occupés aujourd’hui par les entreprises en charge des travaux.

Déchetterie fluviale. « Cette liaison fluviale nous permettra d’acheminer les produits lourds et volumineux, genre parpaings, carreaux de plâtre et poudres », commente Michel Daniel. Une logistique verte à laquelle le groupe Point.P fait déjà appel sur la Seine, « mais qui est plus compliquée à mettre en œuvre sur de petits canaux eu égard à la présence de nombreuses écluses et, surtout, d’un tirant d’air limité à 2,70 m ». Pour résoudre cette dernière contrainte, une grue de type camion, adaptée au milieu humide, capable de passer sous les ponts et disposant d’une flèche suffisamment souple et puissante, sera embarquée directement sur la péniche afin d’éviter la mise en œuvre de grosses infrastructures de levage sur les quais. Autre projet, qui devrait voir le jour en 2012 dans le cadre d’un souci de gestion des déchets: la création d’une déchetterie industrielle. « La Plateforme du Bâtiment d’Aubervilliers propose déjà une installation de ce type dans le cadre d’un service client payant », précise Michel Daniel, « mais elle est devenue pratiquement ingérable en regard des volumes qui y transitent ». Cette future déchetterie, constituée de deux bennes creusées dans les quais, sera réalisée dans le cadre d’un partenariat industriel avec Veolia, l’objectif étant d’atteindre un taux de recyclage supérieur à 73 %. Les déchets, évacués par barges jusqu’au port de Bonneuil-sur-Marne, seront ensuite triés et dirigés vers des filières spécialisées dont une unité de méthanisation. Pour en revenir au fonctionnement logistique du site d’Aubervilliers, « nous travaillons en flux tirés par les ventes caisses, l’accessibilité par carte nous permettant par ailleurs de tracer la typologie panier de nos clients ».

Gestion de stock en rupture chantier. Les besoins d’approvisionnement ne sont plus gérés par une cellule « approvisionneur », implantée sur la plate-forme, mais directement à partir d’un pôle central, situé dans le dix-neuvième arrondissement de Paris, qui supervise l’ensemble des bâtiments, cette organisation ayant été mise en place depuis un peu plus de deux ans. Le site d’Aubervilliers traite en moyenne 10 000 lignes de commandes par mois, une commande correspondant à un article, l’ensemble des informations traité par l’ERP Adexio étant remonté au fil de l’eau au pôle central. « Notre stock de sécurité ne fonctionne plus, depuis plusieurs années, sur le paramètre de stock zéro mais sur la notion de quantité chantier qui découle directement de l’étude du panier client », explique Michel Daniel. Exemple: le système sait que l’achat moyen global est de dix plaques mosaïque pour réaliser un chantier. En multipliant ce volume par le nombre de clients, on obtient la quantité chantier nécessaire en stock. « On sort donc de la logique de rupture stock zéro qui parfois conforte en disant que le produit est en stock alors qu’il est invendable car pas dans la bonne quantité. Encore une fois, nous nous remettons en position client et non pas gestionnaire, en cassant les dogmes des spécialistes ou des spécialités de la logistique. » Ce schéma de fonctionnement a bien entendu un impact puisqu’il s’avère un peu pénalisant en termes de nombre de jours de stock, celui-ci étant en moyenne de 34,8 jours.

Mutualisation des stocks. Sur 12 000 articles le taux de rupture quantité chantier s’élève en moyenne à 170 par jour. « Ce résultat peut difficilement se comparer puisque nous fonctionnons en quantité chantier », commente Michel Daniel. « Il faut en effet savoir que sur ces 170 articles, il y en a 10 % qui vont être véritablement en stock zéro, c’est-à-dire 17 sur 12 000, autrement dit une performance exceptionnelle et inégalée dans l’univers de la distribution. » Le reste, qui correspond donc à de la rupture quantité chantier, « est pratiquement incompressible car il s’approche très souvent de la rupture fournisseur et devient donc très difficile à gérer pour nous ». Il existe néanmoins des moyens par le biais, notamment, des entrepôts centraux comme celui du port de Gennevilliers – dont l’activité sera, comme on l’a vu, transférée sur Pantin dès cet été – qui sert à approvisionner tous les magasins compacts Paris intra-muros. Le nouvel entrepôt de Pantin, qui va couvrir toutes les gammes dans toutes les références, servira également à dépanner les dépôts comme Aubervilliers et donc, en mutualisant les stocks, à pallier la rupture fournisseur. Autre avantage: mettre à la disposition du client à J + 1 voire J + 3 heures des articles que chaque plate-forme se devait jusqu’alors d’avoir en stock, un simple oculus représentant par exemple 300 jours de stock! Dans la pratique, outre les flux volumineux du matin, les autres livraisons s’effectuent quotidiennement, au fil de la journée, par tous les types de transport classiques – messagerie, petits porteurs, semi-remorque – sur une zone dédiée située dans l’ancien bâtiment. Tous les produits sont conditionnés en palette, roll ou boîte, et identifiés par code-barre, l’intérieur du libre-service étant adressé comme un entrepôt logistique classique permettant de tracer 100 % des articles. Un contrôle statistique par sondage est effectué à la réception, les produits étant ensuite mis dans les rayons – le dernier niveau du linéaire constituant le surstock – après avoir transité par une aire d’approche, située dans le magasin. « Cette organisation demande beaucoup d’efforts en termes de merchandising, les linéaires étant dimensionnés pour pouvoir accueillir les capacités correspondant aux quantités chantiers. Pour y parvenir, nous avons dû supprimer le cloisonnement par services en mettant tous les métiers ensemble, ma casquette de directeur développement regroupant, par exemple, la logistique, le merchandising, les travaux, les agencements », conclut Michel Daniel.

Voir Logistiques Magazine numéro 239 de mai 2009.

L’essentiel

> Une OIN, opération d’intérêt national, soumise à un régime strict en matière d’aménagement durable.

> Performances énergétiques du site.

> Approvisionnements de produits lourds et déchetterie industrielle par voie fluviale.

Un site « zéro rejet »

Pour Thierry Jacquet, président de Phytorestore, le projet d’Aubervilliers constitue « une véritable révolution verte aux portes de Paris, en démontrant que les modèles d’installations décentralisées écologiques, à l’échelle de l’îlot urbain, ne constituent plus du tout une utopie ». La logique a en l’occurrence, et pour la première fois, été poussée à son maximum puisque le système de jardins filtrants conçu par Phytorestore permet, outre le traitement des eaux usées, la dépollution des eaux de ruissellement qui sont ensuite infiltrées dans le terrain pour finir dans la nappe phréatique (la majeure partie est évacuée par évapostranspiration). « La réintégration de ces eaux de qualité dans le milieu naturel permet de boucler les boucles écologiques et de régénérer la nappe », commente Thierry Jacquet. « Nous sommes ainsi dans un véritable processus de restauration des ressources ». Autre avantage du procédé: 1,50 €/m3 de taxe d’assainissement économisés, sans parler des coûts de réalisation et d’entretien des réseaux. « D’autant qu’il aurait fallu, dans le cas présent, eu égard à l’éloignement du réseau unitaire, installer des pompes de relevage pour réinjecter les eaux de ruissellement dans celui-ci. » Dans la pratique, le système de jardins filtrants, dimensionné pour une pluie décennale, correspond à une installation de 100 équivalents/habitants au niveau des eaux usées. Les végétaux, qui sont valorisables en biomasse, sont des espèces non envahissantes sélectionnées pour limiter les risques allergènes, « un paramètre qui nous paraissait important vu le caractère urbain du lieu d’implantation », souligne Thierry Jacquet.

Ph.D.

Point.P et La Plateforme du Bâtiment

Le groupe Point.P, filiale de Saint-Gobain Distribution Bâtiment, est aujourd’hui, avec un réseau de plus 1 700 points de vente, le premier distributeur de matériaux de construction en France au service des professionnels. Également numéro un européen (4 000 points de vente), il se situe en seconde position au niveau mondial. Les principales enseignes du groupe sont notamment Point.P matériaux de construction, Cedeo, Asturienne, Pum Plastiques, Sfic, La Plateforme du Bâtiment, Point.P Travaux Publics et Dispano. Créée en 1998, la Plateforme du Bâtiment est le premier espace de vente consacré exclusivement aux professionnels toutes spécialités confondues. Elle propose dans plus de 40 dépôts des produits garantis en stock permanent, à prix fixe toute l’année.

Un chantier école

Pour mener à bien ce projet, la direction de la Plateforme du Bâtiment a entamé une réflexion globale concernant les aspects architecturaux, environnementaux mais également logistiques du site d’Aubervilliers, le développement de son réseau, notamment en milieu urbain – et plus généralement celui de l’ensemble des enseignes du groupe Point.P – étant conditionné par sa capacité à insérer ses sites de manière respectueuse et durable sur le territoire. C’est pourquoi, consciente de la nécessité de proposer des solutions exemplaires dans les trois domaines évoqués, l’équipe de la direction du Patrimoine de la Plateforme du Bâtiment, soutenue par sa direction générale, a décidé d’inscrire ce projet dans une démarche HQE, le bâtiment d’Aubervilliers, d’ores et déjà certifié en phase conception, étant également candidat à la certification HQE en phase finale. Ses performances dépassent les exigences requises au niveau du standard BBC Effinergie tandis que les certifications 14 001 et 18 001 sont en cours pour 2011/2012. Ce chantier répond également à la démarche de qualité environnementale du programme CARE 4 (Company Actions for Reduction of Energy by 4), lancé en 2008 par Saint-Gobain. Il vise à diminuer par 4 la consommation énergétique et les émissions de gaz à effet de serre des bâtiments tertiaires de l’industriel d’ici 2040. Une étude sur l’empreinte CO2, estimée sur une période de 40 ans, entre l’ancien et le nouveau bâtiment, a été réalisée dans ce sens, celle-ci prévoyant une division par 23 des rejets en dioxyde de carbone (535 t contre 12 402 t). L’ambition du groupe Point.P est de faire de l’expérience d’Aubervilliers, considérée comme un véritable projet école en matière d’insertion d’un point de vente dans le tissu urbain, une initiative emblématique, caractérisée par l’excellence opérationnelle, ayant valeur de référence et d’exemple pour l’ensemble du réseau. Il a d’ailleurs depuis déjà été répliqué sur la plateforme de Livry-Gargan (94), ouverte en avril – non certifiée HQE ni BBC, malgré ses performances conformes aux référentiels, en raison du formalisme des démarches – et le sera sur celle de Pantin dont l’ouverture est prévue pour avril 2013.

Ph.D.

Étape par étape…

1 Tous les produits livrés sur le site sont conditionnés en palette, roll ou boîte et identifiés par codes-barres.

2 Le magasin libre-service est adressé comme un entrepôt logistique classique permettant de tracer 100 % des articles, la gestion étant assurée par l’ERP Adexio.

3 Le stock de sécurité est géré à partir de la notion de quantité chantier afin d’offrir une disponibilité maximale au client.

4 Le site propose aux artisans les services d’une déchetterie qui, eu égard aux flux, va être agrandie et déplacée sur les quais du canal. Le transport des déchets vers les lieux de recyclage s’effectuera par barges fluviales.

Produits et procédés constructifs respectueux de l’environnement

Le béton quartzé, utilisé pour les sols, ne nécessite aucune maintenance, pas de remplacement et ne subit pas l’usure. Il permet par ailleurs un lavage peu fréquent sans produit spécifique et limite l’empreinte environnementale du fait de l’absence de revêtement de finition. Les cloisons sont réalisées avec des plaques de plâtre Placo Impact afin de réduire l’impact des COV (composés organiques volatils) à hauteur de 70 %. Les sas d’entrée et de sortie sont constitués de parois antichocs en béton brut préfabriquées en usine et assemblées sur place. Ce procédé de chantier dit « sec » réduit la pollution qui aurait été engendrée par la fabrication de béton sur site. Les vitrages autonettoyants Bioclean, protégés par des brise-soleil inclinés à plus de 5 %, limitent les opérations de nettoyage des façades.

Ph.D.

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