L’Officiel des Transporteurs : La réforme ferroviaire vient d’être adoptée. On parle de filialisation du fret…
Thierry Nardy : On nous a annoncé officiellement (le directeur financier de SNCF Mobilités, Ndlr) en comité de groupe, le 5 juillet, que Fret SNCF sera filialisé au 1 er juillet 2020. Je rappelle que Fret SNCF a été recapitalisé à hauteur de 850 M€ en 2005. Cet argent avait principalement servi à reconstituer le parc en engins moteurs. Il était assorti d’une condition, à savoir que nous devions, au bout de dix ans, être à l’équilibre financier ou du moins en avoir créé les conditions (marge opérationnelle à l’équilibre ou positive malgré l’endettement).
L’O.T. : Fret SNCF traîne également une dette abyssale…
T. N. : La dette a été causée par la perte du produit de nos trafics et par les intérêts faramineux que nous réglons aux banques. Nous leur versons 200 M€ d’intérêts par an, ce qui représente 67 % des pertes. On voit que la manière de traiter le fret ne correspond pas à une vision à long terme et cohérente.
Bien entendu qu’il est nécessaire de recapitaliser afin de pouvoir engager de nouveaux investissements. Comment peut-on travailler efficacement avec un effectif divisé par deux ? Avec des triages dans un état proche du pitoyable ? Nous sommes souvent contraints de stopper la production afin de les remettre en état… Quant au réseau capillaire, qui représente environ 30 % à 40 % de l’activité fret, il est pratiquement hors service… Aujourd’hui, rien n’est tracé, il n’existe pas de plan !
L’O.T. : Quel ressort reste-t-il ?
T. N. : Je pense que les Régions ont leur mot à dire, elles mettent souvent la main à la poche. Il faudrait placer tous les acteurs concernés autour d’une table au lieu de procéder comme le Premier ministre qui, un matin récent, a annoncé aux journalistes que le fret serait filialisé.
> Lire l'intégralité de l'article dans L'Officiel des transporteurs n° 2935 du 13 juillet 2018.