Hervé Krieger, de l’Eurométropole de Strasbroug, a précisé que cette organisation, avec la ville, avait engagé une évolution des conditions de livraison à partir de 2012 pour lutter contre la pollution et la congestion. La démarche a abouti à la création d’une zone de circulation restreinte (ZCR) « livraison » en 2018. Cette ZCR comprend des règles visant à réduire les tonnages, instaurer de nouveaux horaires de livraison, faciliter l’accès aux véhicules les moins polluants. Pour lui, dans ce cadre, « le fleuve constitue une opportunité pour drainer les marchandises vers le centre-ville », plus particulièrement d’abord le périmètre de la Grande Ile.
Céline Oppenhauser-Ohresser, de la direction territoriale VNF Strasbourg, a rappelé que l’établissement, avec la ville et l’Eurométropole, avait lancé un appel à projets en octobre 2019 pour mettre en place une navette fluviale quotidienne à partir du quai des Pêcheurs avec l’objectif de favoriser le report modal et d’offrir un nouveau service permettant aux chargeurs et aux distributeurs qui le souhaitent d’en bénéficier. « Il faut comprendre qu’en plus de la voie navigable, l’important est la présence de disponibilité foncière au bord de la voie d’eau, de quais ».
Flux aller et retour
La société ULS a remporté l’appel à projets et a mis en place une logistique urbaine alliant fluvial et vélo en février 2020. « La solution que nous avons mise en place repose sur un site de massification ou Smart Urban Port, situé rue de Dunkerque au bord de la voie d’eau, avec une plate-forme de 25 000 m2, 500 mètres de quai. Il y a aussi une voie ferrée, a expliqué Thomas Castan, président d’ULS. Une fois les marchandises chargées dans le bateau qui fonctionne au GTL, la navigation dure 27 minutes jusqu’au quai des Pêcheurs où 15 vélos-cargo livrent les commerçants du centre-ville ».
La caractéristique de la solution est d’avoir un flux aller et retour (reverse logistic) pour les vélos-cargo et le bateau.
Selon Thomas Castan, la solution est vertueuse sur les plans écologique et économique : « Le volume d’affaires est important pour chaque trajet. La solution est rentable et à iso-coût pour le chargeur ». Les équipements sont d’autres points importants (vélo-cargo, contenants pour les marchandises) ainsi que l’utilisation des technologies de l’information qui permet un cadencement précis des trajets pour l’ensemble des opérations.
Ce responsable a poursuivi : « La solution peut s’adapter à des villes de toutes les tailles, pas seulement de très grandes agglomérations comme Strasbourg mais aussi des villes comme Metz ou Nancy, la seule condition est qu’il faut une voie d’eau à proximité du centre-ville. Toutes les marchandises sont possibles, y compris celles sous température dirigée. Nous avons les contenants adaptés, de-20 à +5°C en surveillant la température, mais aussi pour des colis lourds, des colis sensibles, etc. Tout prend place dans le bateau avec un chargement intelligent des contenants à bord ».
Céline Oppenhauser-Ohresser a précisé que les clients actuels représentent pour 60 % des cafés, hôtels, restaurant, et pour 40 % de la messagerie : « Ce sont réellement des camions en moins dans le centre-ville car le bateau peut emporter des produits très différents ».
Thomas Castan a ajouté : « En 2012, une étude a montré que 25 000 colis et 800 palettes entraient chaque jour dans Strasbourg, cela représentait 30 600 ensembles livrés dans la ville. Pour comparer, sur le bateau, en un seul voyage, 680 palettes sont transportées puis livré »s par les vélos-cargo. Chaque jour, le bateau peut faire 4 rotations de 680 palettes du lundi au samedi, le flux entrant dans Strasbourg peut donc être couvert par la solution fluviale et vélo. Au site de massification, un chargement du bateau se fait en 1 h07 minutes, la navigation jusqu’au quai des Pêcheurs se fait en 27 minutes. Le temps pour le déchargement est pareil que celui du chargement et il faut 6 minutes aux vélos-cargo pour les livraisons du dernier kilomètre. Le cadencement, la massification, la capacité d’emport compensent la rupture de charge ».
Le président d’ULS a annoncé que la société allait lancer la construction de ses propres bateaux.