« Assystem est une société d’ingénierie qui a 50 ans d’existence et emploie actuellement 7000 personnes dans le monde. Nous réalisons 55 % de notre chiffre d’affaires en France et 45 % à l’international. En plus de l’Europe, notre zone d’activité géographique comprend le Moyen-Orient, la Turquie, l’Asie centrale, l’Inde. En France, nous avons une longue histoire avec EDF dans le développement, la construction et le démarrage des infrastructures nucléaires. Nous avons ainsi une longue expertise des projets industriels complexes », explique Frédéric Cheneau, directeur du développement commercial d’Assystem.
Tel est bien l’objet de cette société d’ingénierie : accompagner ses clients dans le développement de projets industriels complexes dont font partie, aujourd’hui, ceux autour de l’hydrogène et autres énergies ou carburants utiles pour la décarbonation des activités dans le contexte de la transition écologique.
« L’ingénierie consiste à être capable de conjugueur plusieurs disciplines techniques, de la mécanique, de l’électricité, de l’instrumentation, de la tuyauterie, du contrôle-commande… en les combinant soit sous la forme d’études soit sous la forme de gestion de projet pour accompagner les clients dans leurs investissements ». Ceux-ci peuvent concerner soit la réalisation de nouvelles infrastructures industrielles soit la rénovation de celles déjà existantes.
Assystem peut apporter un soutien et une expertise d’ingénierie aussi bien en assistance à maîtrise d’ouvrage qu’en maîtrise d’œuvre. Sachant que les maîtrises d’ouvrage et d’œuvre signifient notamment la conduite d’un grand nombre d’études très diverses (réglementaire, sécurité, technique, environnementale…).
L’intermodalité complexifie les projets
« Nous apprécions les projets industriels complexes et c’est dans ce cadre-là que l’hydrogène nous plaît bien. A travers l’ensemble des infrastructures portuaires et fluviales nécessaires pour la distribution d’hydrogène par exemple, les acteurs de cette chaîne comprennent qu’il y a là un moyen de relancer des investissements pour de la mobilité en général, y compris pour le fret, en se fondant sur l’intermodalité », poursuit le responsable.
C’est cet aspect intermodal qui rend les projets industriels autour de l’hydrogène complexe et le recours à l’expertise d’une société d’ingénierie pertinente. Celle-ci possède « la hauteur de vue », de nombreux retours d’expériences, peut faire en sorte que les différents acteurs et leurs intérêts soient pris en compte, le tout en garantissant le respect, notamment, des exigences réglementaires ou de celles des gestionnaires d’infrastructures.
Par exemple, pour l’hydrogène, il faut de l’électricité et de l’eau, s’interroger sur leur provenance, leur qualité, les raccordements... Ensuite, l’hydrogène une fois produit, il faut le stocker, en tout ou en partie, ce qui signifie des risques à anticiper, réduire, gérer.
Actuellement, on parle beaucoup de l’hydrogène comme l’une des solutions dans le contexte des transitions énergétique et écologique, y compris pour le «verdissement » de la flotte fluviale. Mais concrètement, un premier bateau ne sera disponible sur la Seine que début 2022. C’est la raison pour laquelle, l’idée est de proposer d’autres énergies ou carburants à côté de l’hydrogène pour multiplier aussi les usagers (voitures, VUL, poids lourds, bus, bennes à ordures…).
« Souvent, les gestionnaires d’infrastructures veulent également proposer d’autres types d’énergies ou de carburants pour élargir le cercle des usagers et utilisateurs en plus de l’hydrogène, relève le responsable d’Assystem. Il s’agit alors d’implanter ces infrastructures en bord de fleuve ou dans des ports pour ravitailler des bateaux et des navires mais aussi diversifier les énergies, les carburants et les usagers pour les besoins des voitures, camions, bus, bennes à ordures...
Cette intermodalité qui s’instaure complexifie les projets mais permet aux ports maritimes et intérieurs ainsi qu’aux bords de fleuves de redevenir des centres d’activités avec des infrastructures nouvelles. D’autant plus que les infrastructures portuaires et fluviales se prêtent bien à leur implantation, avec des installations industrielles déjà présentes, des producteurs et des consommateurs à proximité.
Nous croyons beaucoup à l’usage de l’hydrogène dans les infrastructures fluviales et portuaires. Les opérateurs et les utilisateurs sont mobilisés. Cela a du sens d’un point de vue industriel mais aussi dans le contexte de la transition énergétique ».
Le responsable d’Assystem n’oublie pas non plus que les bateaux fluviaux, à terme, pourront non seulement utilisé l’hydrogène comme nouveau carburant/énergie mais aussi le transporter à bord, une fois que la réglementation aura évolué.
Des études de faisabilité pour Haropa Ports de Paris
Assystem accompagne notamment Haropa Ports de Paris, la Compagnie nationale du Rhône (CNR) ou Bordeaux Métropole dans des projets d’infrastructures en lien avec l’hydrogène.
Il y a un peu moins d’un an, en décembre 2020, Assystem a remporté un contrat d’assistance à maîtrise d’ouvrage « hydrogène » auprès d’Haropa Ports de Paris. Il s’agit d’un marché d’études qui s’inscrit dans le cadre du projet européen Interreg H2-Ships pour la décarbonation du transport fluvial.
« Avec Haropa, nous réalisons des études de faisabilité sur ce qu’il est possible de faire d’un point de vue technique mais aussi des solutions acceptables, pour déployer hydrogène. C’est aussi étudier comment le distribuer, le stocker, auprès de qui, déterminer dans quel contexte réglementaire tout cela est possible et acceptable pour les autorités, les utilisateurs, toutes les parties prenantes », détaille Frédéric Cheneau.
Tout récemment, le 27 octobre 2021, Haropa Ports de Paris a fait part de sa volonté « d’accélérer sur la distribution d’hydrogène avec une offre énergétique décarbonée et maillée à l’échelle du territoire francilien ». Selon le communiqué, « afin de servir au mieux les entreprises et les filières implantées dans les ports, cinq emprises foncières ont été proposées au cœur des plateformes de Gennevilliers, Bonneuil-sur-Marne, Limay-Porcheville, Bruyères-sur-Oise et Montereau-Fault-Yonne, pour accueillir des stations de distribution d’hydrogène et d’énergies renouvelables ». Destinés à accueillir, à terme, des stations d’avitaillement en hydrogène, « les terrains pourront également être utilisés pour développer des activités complémentaires dans la distribution d’énergies alternatives, voire la production d’hydrogène décarboné. Les futures stations de distribution seront accessibles aux flottes professionnelles pour le transport de personnes ou de marchandises, ainsi que pour l’avitaillement des acteurs du transport fluvial, notamment sur la plateforme de Gennevilliers ». Ce projet de développement de solutions innovantes et décarbonées s’inscrit dans le cadre de la nouvelle stratégie nationale d’accélération de la filière hydrogène.
Le travail d’Assystem avec Bordeaux Métropole montre que des acteurs publics se sentent responsables et motivés sur l’hydrogène mais leur métier n’est pas de connaître les meilleures solutions technologiques et réglementaires à déployer dans les agglomérations pour son utilisation dans des bus, des tramways, des trains, des voitures de particulier… dans le contexte des réglementations mettant fin au moteur thermique vers les années 2024 à 2030. Raison pour laquelle cette intercommunalité fait appel à cette société d’ingénierie.
« Nous nous situons en amont des projets industriels, nous apportons à nos clients des conseils, nous les mettons en relation avec des interlocuteurs, acteurs, etc. pour les aider à lancer les investissements puis la réalisation des projets industriels. La finalité étant la décarbonation ».
Une mission auprès de la CNR
Au port de Lyon Edouard Herriot, la CNR souhaite développer une solution de production d’hydrogène « vert » par électrolyse de l’eau, couplée à une solution de remplissage de réservoirs de stockage pouvant ainsi être affectés à différents usages de l’hydrogène (équipements logistiques du port ou encore potentiel avitaillement de « petits » bateaux).
Dans le cadre de ce projet, baptisé « ÔH2 port de Lyon », Assystem a été mandaté par la CNR en tant qu’assistant à maîtrise d’ouvrage technique pour le lancement du marché EPC (Engineering Procurement and Construction qui se traduit en français par ingénierie, approvisionnement et construction) de conception, fourniture, installation de l’infrastructure nécessaire.
La mission se décompose en 4 étapes majeures :
- Analyse des candidatures EPC et sélection des candidats pour le dialogue compétitif.
- Aide à la rédaction de la consultation avec rédaction de la partie technique du règlement de consultation et rédaction d’un programme fonctionnel.
- Assistance technique lors du dialogue compétitif (questions/réponses, visite de site, analyse des études de faisabilité, animation des réunions de dialogue).
- Analyse des offres des concurrents.
Ce projet s’étale sur une durée globale d’environ un an pour les 4 phases.
En tant que premier producteur français d’électricité 100 % renouvelable, la CNR s’engage ainsi pour la transition énergétique en accompagnant le déploiement de la filière de l’hydrogène renouvelable le long de la vallée du Rhône (Pierre Bénite).
Frédéric Cheneau souligne : « Il s’agit de fournir de l’hydrogène à différents usagers y compris fluviaux. On parle de la production d’une tonne par jour, ce qui commence à être significatif et ambitieux sur le plan industriel. Cela signifie aussi un travail important sur le plan réglementaire.
Nous aidons la CNR à spécifier, à analyser les différentes offres de sociétés qui, en maîtrise d’œuvre, vont proposer de construire la station, l’électrolyseur, le raccordement électrique, les moyens de distribution de l’hydrogène aux utilisateurs. Pour nous, c’est une mission d’assistance à maîtrise d’ouvrage.
Nous avons été retenu car nous connaissons bien l’univers des énergies renouvelables, les raccordements électriques, les problématiques de l’hydrogène. Nous savons aussi prendre en compte les intérêts du futur propriétaire d’une infrastructure hydrogène ».