La Communauté portuaire de Paris (CPP) a engagé en 2019 une démarche collective sur la transition énergétique (ou « verdissement ») de 150 bateaux fluviaux naviguant à Paris et en région parisienne, dont NPI a présenté régulièrement les avancées. La dernière d’entre elles, annoncée ces jours-ci, marque le début de la phase concrète et opérationnelle avec le lancement du « retrofit » des bateaux, c’est-à-dire le remplacement des moteurs thermiques par des solutions électriques et hybrides « propres ».
La démarche vise aussi à l’économie circulaire par l’adaptation de la flotte existante, l’utilisation de batteries de seconde vie dans certains cas, ou la valorisation de déchets en énergie (biogaz) pour la mobilité.
« La démarche est collective, ce qui est assez unique, et volontaire. La zone à faible émission, ZFE, ne concerne qu’indirectement les bateaux fluviaux mais nous devons être exemplaire sur le plan environnemental. Nous avons aussi devant nous l’échéance fondamental des Jeux Olympiques de 2024 à Paris où nous devons aussi montrer un visage exemplaire », a expliqué Olivier Jamey, président de la CPP, lors d’une table-ronde du deuxième sommet de l’axe Seine le 1 décembre 2021 à Paris.
Il a poursuivi : « Nous sommes à la phase du lancement des retrofits des bateaux. Nous avons bâti un accompagnement financier avec la Banque des Territoires, avec des aides publiques comme celles du PAMI de VNF, ou privées comme celles des certificats d’économie d’énergie, CEE, mais aussi une extension des durées de convention d’occupation du domaine géré par Haropa afin de permettre d’amortir les investissements sur une période appropriée. Nous avons atteint l’objectif que nous avions fixé : la neutralité économique des coûts du rétrofit pour les opérateurs fluviaux qui s’engagent de manière volontaire dans la transition énergétique des bateaux ».
Concernant les CEE, la réalisation d’une fiche sur la remotorisation des bateaux a été annoncée comme étant « bientôt prête ».
La démarche a permis la mise en place d’assistances techniques pour accompagner les porteurs de projets. Elle a aussi avancé sur le sujet du raccordement des quais et des bornes de recharge pour les bateaux en escale, deux sujets auxquels Haropa a collaboré ainsi que Enedis.
D’abord des bateaux-promenade
La phase concrète de remotorisation concerne d’abord les 12 bateaux du groupe-pilote, représentatifs de l’activité fluviale sur le bief parisien aussi bien côté passagers/tourisme que fret et qui correspondent à 6 usages et consommations différentes.
Les travaux de remotorisation d’un premier bateau-promenade des Vedettes du Pont Neuf ont démarré avec l’objectif d’une mise en service au printemps 2022. Une étude de conception pour le retrofit d’un premier bateau-promenade des Vedettes de Paris vient d’être lancée, les travaux pourraient commencer au printemps 2022 pour une mise en service à l’été 2022.
Du côté des bateaux de marchandises, les projets à l’hydrogène des groupes Sogestran, Cemex et Lafarge se poursuivent. Le premier en est à la construction d’un Zulu à l’hydrogène pour sa filiale Blue Line Logistics et dont l’arrivée sur la Seine pourrait avoir lieu en 2022 et non pas d’ici la fin 2021. Pour le deuxième, le projet de construction de nouveau pousseur à hydrogène avance avec une entrée en service prévue au plus tard en 2024. Le troisième a lancé, à la fin de l’été 2021, une étude de conception du retrofit d’un bateau industriel.
La coopérative Coalis travaille avec des partenaires (dont Segula Technologies, GRDF, le Syctom…) sur un retrofit fonctionnant au biogaz produit via les déchets ménagers. « Ou comment intégrer dans un bateau électrique avec batteries un prolongateur d’énergie au biogaz », a dit Daniel Lhéritier, directeur affaires publiques Ile-de-France de GRDF, lors du somme de l’axe Seine. A terme, les énergies à bord pourraient évoluer vers l’hydrogène vert, le biométhane...
Des COT prolongées
La démarche collective a permis d’aboutir à la mise au point d’une solution de financement qui atteint l’objectif fixé dès le début par la CPP : la neutralité économique des coûts du rétrofit pour les opérateurs fluviaux qui s’engagent de manière volontaire dans la transition énergétique des bateaux.
La solution passe par l’implication de la Banque des Territoires, qui porte les investissements et accompagne ainsi les opérateurs fluviaux dans leur projet de rétrofit. Elle avance la somme nécessaire puis loue le bateau à l’opérateur en échange du paiement d’un loyer mensuel correspondant au montant lissé sur 10 ans.
Elle concerne aussi Haropa qui accorde une prolongation de 4 ans des COT aux opérateurs se lançant dans le retrofit d’un premier bateau et avec la condition d’un engagement de conversion des autres ensuite.