A l’issue de l’enquête publique préalable à l’autorisation environnementale unique sur le programme de rééquilibrage du lit de la Loire entre Ponts-de-Cé et Nantes, la commission a rendu un avis favorable sans réserve au projet. Dans leur rapport, les commissaires-enquêteurs soulignent : « Il est exceptionnel de voir une telle acceptabilité d’un projet lors d’une enquête publique ».
Celle-ci s’est déroulée du 1 avril au 7 mai 2021. Un total d’un peu plus de 400 personnes ont participé aux 7 réunions publiques, indique le rapport. Près de 200 contributions ont été déposées sur les registres en version « papier » et électronique, par e-mails ou directement auprès de la commission d’enquête. « La participation a été au rendez-vous », note le rapport, « et s’est déroulée dans les conditions les meilleures ».
Les auteurs ajoutent : « La très grande majorité des observations déposées lors de l’enquête publique sont favorables, voire défendent le projet de rééquilibrage de la Loire entre Ponts-de-Cé et Nantes ».
« Soigner » la Loire
Le projet fait l’unanimité parmi « le grand public qui, au fil des années, voit se dégrader l’état de la Loire, surtout depuis la suppression du seuil de Bellevue, dans les années 1970 avec un abaissement prononcé de la ligne d’eau du fleuve, en particulier à l’étiage, une augmentation importante du courant » mais aussi auprès des associations environnementales, de défense du fleuve, de pêcheurs amateurs et professionnels ainsi que des collectivités.
« Les quelques oppositions au projet, fort peu nombreuses, sont souvent liées à des situations très localisées », continue le rapport donnant l’exemple d’habitants du village de Bellevue sur la commune de Sainte-Luce-sur Loire qui craignent les inondations avec la réalisation du seuil de Bellevue : « Malgré les simulations et modélisations présentées par le porteur du projet qui montrent qu’il n’y aura pas de modification de la situation actuelle, le doute subsiste ».
« Par ailleurs, la grande majorité de ceux qui sont favorables au projet, en souhaitent la réalisation de façon complète et, surtout la réalisation de ce seuil de Bellevue qui apparaît comme la clé de voûte du système de réhabilitation »
Au final, « nul ne conteste que la Loire est dégradée dans la partie considérée par le projet avec un abaissement important du niveau, la déconnection des annexes, l’augmentation de la vitesse du courant.
Nul ne conteste non plus les raisons de cette dégradation : les épis, les chevrettes, la suppression des seuils, en particulier à Bellevue, et les extractions de sable. Même ceux qui craignent les inondations à Bellevue, par exemple, sont d’accord avec la suppression des épis et chevrettes.
L’ouvrage projeté à Bellevue permet, en créant une zone de transition qui existait par le passé, de commencer à « soigner » la Loire dans sa partie en amont de Nantes, sans compromettre d’éventuelles actions de la partie en aval. Il apparait que le mode de réalisation de l’ouvrage de Bellevue permet la réversibilité dans le cas où les analyses post-travaux, concluraient à des erreurs d’études et à des conséquences graves du point de vue physique, biologique ou humain ».
La commission dresse un bilan avantages/inconvénients du projet où « la balance penche très largement du côté des avantages ».
Les commissaires-enquêteurs ont « pu noter la ferveur suscitée par le programme, ses objectifs et, au-delà, l’espoir d’une continuation lors de la seconde étape après l’achèvement de la première phase du rééquilibrage du lit de la Loire ».
Phase 1 du programme sur trois secteurs
L’objectif du rééquilibrage du lit de la Loire, qui avait fait l’objet d’un article de NPI, consiste à remonter le niveau d’eau à l’étiage afin de redonner vie aux bras morts en permettant à nouveau le développement de la biodiversité.
La maîtrise d’ouvrage du projet revient à Voies navigables de France (VNF), direction territoriale du bassin de la Seine, unité territoriale Loire à Nantes.
Le programme se décline en deux phases de travaux. La phase 1, objet de l’enquête publique, comprend trois secteurs d’intervention de l’amont vers l’aval. La phase 2, non concernée par l’enquête, est projetée après réalisation et suivi de la première.
Les travaux de la phase 1 du programme sont prévus de 2021 à 2024 successivement (voir encadré) sur les trois secteurs suivants :
- entre Montjean-sur-Loire et Ingrandes-Le Fresne-sur Loire (dit secteur A),
- entre Anetz et Oudon (dit secteur B),
- Bellevue, sur les communes de Sainte-Luce-sur-Loire et Saint-Julien-de-Courcelles (dit secteur C).
Le coût des travaux sur les trois secteurs s’élève à 38,8 millions d’euros (en valeur 2020) auxquels s’ajoutent le montant des études et procédures estimé à 6,2 millions d’euros, soit un total de 45 millions d’euros.
Ce montant est financé par l’agence de l’eau Loire-Bretagne (45 %), la région Pays-de-Loire (30 %), l’Union européenne (au titre du Feder Loire, 20 %), VNF (5 %).
Démarrage des travaux à l’automne 2021
Pour cet établissement, « c’est une grande étape franchie pour le projet. A présent, les équipes de VNF préparent activement le démarrage des premiers travaux sur le secteur A entre Ingrandes et Montjean-sur-Loire, sous réserve de l’obtention de l’autorisation environnementale ».
Ces travaux pourraient être lancés dans le courant du second semestre 2021. « Ils s’échelonneront pour chaque secteur sur une à trois années, sur les périodes de mi-août à mi-novembre : les travaux ne pouvant, pour certains, être réalisés qu’en période de basses eaux et hors les phases de reproduction de certaines espèces », continue VNF. Afin de limiter les impacts des chantiers sur les milieux, une démarche dite ERC « éviter, réduire, compenser » a été élaborée et définie des mesures spécifiques pour le suivi des chantiers ».
Les travaux sur les trois secteurs de la phase 1 du rééquilibrage de la Loire
La phase 1 du programme de rééquilibrage qui a fait l’objet de l’enquête publique comprend les travaux suivants :
• Secteur A entre Montjean-sur Loire et Ingrandes-Le Fresne sur Loire :
L’objectif est de redonner de l’espace de liberté à la Loire, de maintenir l’alimentation en eau du bras du Cul-de-Bœuf et les niveaux d’eau à Champtocé en supprimant les ouvrages qui barrent l’entrée du bras secondaire, et en remettant en mouvement les sédiments accumulés derrière les épis pour nourrir le chenal principal.
Types de travaux : remodelage des épis (7 suppressions, 16 réductions et/ou abaissements).
Planning : interventions planifiées (sous réserve des autorisations administratives) à partir de 2021, sur 1 voire 2 étiages consécutifs (entre fin août et novembre).
• Secteur B entre Anetz et Oudon :
L’objectif est de redonner de l’espace de liberté à la Loire, de rehausser le niveau du fond du chenal principal en remobilisant les sables piégés entre les épis, de rehausser le niveau d’eau d’étiage et réalimenter les bras secondaires (bras de Neuve-Macrière, des Babins, du Bernardeau et du Chalais, des Vinettes, de l’île Delage, des Brevets).
Types de travaux : remodelage des épis (43 abaissements, 37 réductions avec ou sans abaissement, 21 suppressions, 2 suppressions partielles/échancrure). Opération de dévégétalisation en complément du remodelage de 5 épis dans le secteur de l’île perdue. Est aussi prévue la modification des ouvrages transversaux à l’entrée et/ou à la sortie des bras secondaires.
Planning : interventions planifiées à partir de septembre 2022, sur 2 voire 3 étiages consécutifs.
• Secteur C à Bellevue entre Sainte-Luce-sur-Loire et Saint-Julien de Concelles : L’objectif est de réduire la vitesse d’écoulement et la pente du lit afin de favoriser le dépôt de sédiments en amont, rehausser le niveau d’eau d’étiage.
Types de travaux : construction d’un duis submersible au fond du lit, mise en place d’une protection de berge sur la rive droite, abaissement des épis dans le bras de Thouaré.
Planning : interventions planifiées à partir de 2023, sur deux années (de septembre à novembre 2023 et de juillet à novembre 2024).
Une deuxième phase est prévue (mais ne faisait pas l’objet de cette enquête publique) portant sur les secteurs suivants : Oudon à Mauves sur Loire, Saint Florent à Anetz, Bras de Saint Georges.