L’électrification des quais est en cours sur l’axe Seine

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Un programme est en cours pour l’installation par VNF et Haropa de bornes le long de la Seine pour fournir du courant électrique aux bateaux à quai, aussi bien ceux pour les marchandises que ceux pour les passagers. À plus long terme, c’est la recharge des futurs bateaux électriques qui est à l’étude : une question particulièrement importante dans le bief de Paris. Précisions avec Benoît Seidlitz, adjoint au directeur de l’aménagement de Haropa-Ports de Paris.

Même si le fluvial fait partie des modes les moins émetteurs de gaz à effet de serre, il doit pourtant se soucier de ses émissions polluantes. Le branchement des bateaux à quai sur le réseau électrique leur permet de ne pas recourir à des groupes électrogènes fonctionnant au gasoil. Or, pour les bateaux à passagers, particulièrement ceux offrant des prestations évènementielles ou de restauration, les émissions en stationnement peuvent atteindre 55 à 60 % de la consommation totale. C’est moins vrai pour les bateaux de transport de marchandises, pour lesquels l’essentiel de la consommation est le fait de la propulsion. Mais ces derniers ne sont pas moins concernés par l’installation, en cours, de bornes leur permettant de se relier au réseau électrique lorsqu’ils sont à quai.

70 bornes supplémentaires pour le fret

De telles bornes existent déjà sur différents bassins, particulièrement en Nord-Pas-de-Calais. Mais VNF et Haropa ont décidé de multiplier leur nombre sur l’axe Seine, et surtout d’unifier leur exploitation pour en faciliter l’accès aux navigants. En décembre 2018, neuf premières installations « bornes et eau » ont été mises en service sur la Seine. Elle sont aujourd’hui au nombre de treize, et ce n’est qu’un début. Car en juillet 2020, l’Union européenne a décidé de financer à hauteur de 20 % ce programme de bornes électriques, dans le cadre du MIE (Mécanisme pour l’interconnexion en Europe).

Au total, 78 bornes supplémentaires sont prévues pour un budget de 9,2 M€ : 70 bornes concerneront le fret, 3 l’hivernage et 5 la croisière avec hébergement. Les appels d’offres ont aujourd’hui été lancés, pour une pose débutant en 2022 et une mise en service de l’ensemble courant 2023. « Il y a un gros travail de préparation des sites pour accueillir ces bornes, qui vont de 16 A à 63 A pour s’adapter à tous les types de bateaux », précise Benoît Seidlitz, adjoint au directeur de l’aménagement de Haropa-Ports de Paris.

Branchements pour les escales parisiennes de croisière

Pour la croisière avec hébergement, les besoins en puissance sont importants lorsque les bateaux sont à quai, puisqu’ils s’apparentent à des hôtels flottants avec plusieurs centaines de personnes à bord. Haropa-Ports de Paris a donc fait porter l’effort en priorité sur ces bateaux.

Deux bornes électriques de 240 kVA ont été installées en 2019 et 2020 au port de Javel, très fréquenté par les paquebots fluviaux puisqu’il est situé à l’entrée amont de Paris.  Bien que l’activité de croisière soit actuellement à l’arrêt pour cause de Covid, Haropa étudie la pose d’une troisième borne au port de Javel bas, qui sera opérationnelle en 2023. Plus en aval, une borne a été posée à La Roche Guyon, qui pourra entrer en service très bientôt, et une autre sera opérationnelle au Pecq en 2023. Les autres sites d’escales de paquebot du schéma directeur croisière d’Île-de-France seront équipés après 2023. La priorisation sera effectuée selon la fréquentation et les enjeux de chaque site. En 2025 ou 2026, la totalité des escales de paquebots en Île-de-France devrait être équipée.

Des bateaux à recharger

Au-delà de la question des émissions polluantes à quai, qui peut ainsi être réglée, se pose celle de la recharge pour les bateaux électriques. Ils sont encore très peu nombreux à naviguer sur la Seine, mais leur nombre devrait augmenter à l’avenir. La Communauté portuaire de Paris mène ainsi une étude sur la transition énergétique de la flotte parisienne, qui passe par l’installation de moteurs électriques. Une nécessité, à l’heure où la capitale fait la chasse à la pollution des moteurs diesel. Quels branchements prévoir pour la recharge de ces futurs bateaux électriques ? Haropa y travaille.

« On ne sait pas aujourd’hui quels seront les besoins des futurs bateaux électriques, explique Benoît Seidlitz. Les modes recharge n’étant pas normés comme dans l’automobile, il est difficile d’anticiper et l’on risque de mettre en place des installations non adaptées. Mais nous étudions néanmoins avec Enedis l’évolution possible des besoins en puissance. Les bateaux bénéficiant de leur propre port d’attache, comme c’est, par exemple, le cas des bateaux-restaurant ou des bateaux à passagers dans Paris, mettront en place des bornes répondant à leurs besoins spécifiques. Pour les autres, nous allons déployer des bornes spécifiques pour les passagers, mais sans que cela ne réponde à une logique d’axe comme c’est le cas pour le fret ou la croisière. Nous réfléchissons par exemple à équiper la trentaine d’escales publiques du bief de Paris ».

Une première borne test de 125 A est en cours d’installation au port de Grenelle, au pied de la tour Eiffel. Opérationnelle en avril, elle devra donner des indications sur le déploiement, d’ici 2023, de 7 bornes supplémentaires sur les escales les plus fréquentées. Toutes les escales du bief de Paris pourront être équipées d’ici 2028. « Si le nombre de bateaux électriques augmente rapidement, on ajustera le déploiement », indique Benoît Seidlitz. D’ici là, Haropa accompagne l’étude de la Communauté portuaire de Paris, qui devrait apporter, à partir de 2023, de la visibilité sur les projets d’électrification de la flotte parisienne.

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