Les transports fluviaux allemands sont inquiets. L’Etat fédéral avait promis de conséquentes subventions au secteur, afin d’aider au financement d’une indispensable modernisation que le fluvial allemand, dominé par des TPE et PME, est incapable de financer seul. Après le rejet par la direction générale à la concurrence de la Commission européenne d’une première mouture de ce plan en début d’année 2021, celle-ci vient de faire parvenir au gouvernement fédéral un catalogue détaillé de questions portant sur la seconde mouture, révisée début mars. Il semble désormais exclu que le plan d’aide au « verdissement » de la flotte puisse entrer en vigueur comme prévu au 30 juin 2021 et incertain que les 30 millions d’euros provisionnés au budget allemand pour 2020 puissent être versés d’ici la fin de l’année comme escompté.
« Nous avons les moyens financiers, mais pas de programme », résume Jens Schwanen, le président de la fédération des bateliers allemands BDB.
Incompréhension et espoir
Le programme doit servir à financer 60 à 80 % des nouveaux investissements contre 13 % de l’investissement consenti seulement pour le programme en cours de soutien à l’achat de nouveaux moteurs du gouvernement fédéral. Spécificité du modèle allemand de subventions publiques, celles-ci sont purement et simplement supprimées si les fonds alloués dans le cadre d’un budget ne sont pas utilisés. En clair, si les aides prévues au budget 2021 ne sont pas versées cette année, il n’est pas assuré qu’une nouvelle enveloppe aussi conséquente sera allouée au secteur en 2022.
Le BDB se veut pourtant rassurant. « Au ministère des Transports, on fait preuve de confiance qu’une solution sera possible, explique Jens Schwanen. Les choses sont encore vagues et imprécises, mais il y a des signaux qui donnent de l’espoir en provenance de Bruxelles. On devrait pouvoir trouver une solution d’ici la fin de la législature ». Soit d’ici quatre mois : les prochaines élections auront lieu fin septembre en Allemagne.
Le soutien à l’achat de nouveaux bateaux est l’un des piliers du plan « fluvial » présenté en mai 2019 par le gouvernement fédéral, alors que le développement du secteur est présenté comme étant l’une des priorités pour réduire le poids de la route et aider l’Allemagne à atteindre ses ambitieux objectifs climatiques. Mais les différends entre Berlin et Bruxelles dans ce dossier dominent le sujet depuis des mois.
Du côté des bateliers, l’attitude de Bruxelles suscite l’incompréhension, notamment le fait que la Commission ait accepté le plan de soutien des Pays Bas à ses transporteurs fluviaux début 2021 alors que celui-ci finance également l’achat de bateaux à moteurs diesel. Pour les bateliers allemands, en tout cas, le plan néerlandais ne peut en aucun cas servir de modèle à l’Allemagne.
Le débat autour des subventions allemandes au secteur se déroule alors que la commission Transports du Parlement européen devait discuter le 25 mai 2021 de l’avenir du fluvial, sur la base de la résolution rédigée par la députée néerlandaise Caroline Nagtegaal, soulignant « qu’il est essentiel d’investir davantage dans la modernisation des infrastructures fluviales et des canaux dans le respect du droit environnemental applicable ».