Les projets de bateaux à l’hydrogène (H2O) se font plus nombreux. Une des cinq unités présentes lors du « Green Inland Shipping Event » à Bruxelles le 16 octobre 2019 était le catamaran Hydroville de CMB. L’unité propulsée par un moteur Volvo Penta « dual fuel », qui permet la « co-combustion » d’hydrogène et de diesel, sert au transport de personnel du groupe à Anvers. Mais l’Hydroville est aussi - et surtout - un banc d’essai pour l’utilisation de l’hydrogène comme carburant en vue d’une application dans des moteurs de plus forte puissance et sur des navires de plus grande taille.
Trois défis à relever
Aleksander Dekeyser, ingénieur de CMB Technologies, a énuméré les raisons de ce choix en dressant l’inventaire des inconvénients d’autres technologies : le trop grand espace qu’elles réclament à bord (batteries, panneaux photovoltaïques…), l’impossibilité d’atteindre l’objectif de 50 % fixé par l’OMI en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre (énergie éolienne embarquée, GNL…), leur coût trop élevé (batteries, nucléaire…), le manque de matières premières (comme la biomasse pour les biocarburants…), etc.
Pour lui, une conclusion s’impose : « Pour parvenir à une navigation durable, la technologie de l’hydrogène est la voie à suivre ». Mais la transition ne se fera que si trois défis sont relevés :
- Le prix de l’hydrogène et des piles à combustible ;
- La disponibilité de ce carburant. Ici, les ports ont un rôle à remplir ;
- La fiabilité de la technologie et de la diffusion du savoir-faire pour résoudre les problèmes que pose une propulsion au H2O.
Au stade actuel, la combinaison de l’hydrogène et du diesel permet d’abaisser ces obstacles, a ajouté Aleksander Dekeyser. À une vitesse de croisière de 19 nœuds, l’Hydroville produit 58 % de CO2 et 65 % de NOx en moins. Autre avantage : les modifications à apporter à un moteur diesel produit en série sont limitées et l’Hydroville a pu voir le jour en un an et demi.
CMB est impliqué dans d’autres projets liés à l’hydrogène, dont ceux du premier remorqueur propulsé avec ce carburant, d’un navire de transfert de personnel au diesel/hydrogène pour le secteur offshore et de la première station de soutage en hydrogène au port d’Anvers.
De plus, le groupe belge s’est récemment allié au constructeur gantois de moteurs pour navires et bateaux ABC pour créer la joint-venture BeHydro pour développer la technologie à l’hydrogène pour des moteurs semi-lents de plus forte puissance.
D’autres applications sont envisagées, comme des conteneurs contenant des piles à combustibles à l’hydrogène pour alimenter les navires et bateaux en électricité durant leur séjour à quai.