De Port-Saint-Louis-du-Rhône à Tarascon en passant par Martigues, Arles, Avignon et Châteauneuf-du-Pape, les ports de l’axe Sud ont connu une année 2020 fortement dégradée par les conséquences de la fermeture des frontières et des confinements successifs.
« Sur les 24 paquebots fluviaux prévus en 2020, 9 ont pu reprendre du service entre juillet et octobre avec une capacité oscillant entre 30 et 70 % selon les compagnies. 3 500 passagers environ ont été accueillis », explique le club de la croisière Marseille-Provence. La crise sanitaire aura fait perdre 93 500 passagers fluviaux. Chaque paquebot fluvial arrêté représente 2 millions d’euros de manque à gagner, ce qui place certains armements en grande fragilité financière malgré les mesures d’accompagnement.
En 2020, les opérateurs travaillant avec les marchés nord-américains ont connu une année blanche tandis que la reprise a été timide sur les marchés germanophones (Allemagne, Suisse, Autriche) et français dans une moindre mesure.
Selon le club de la croisière Marseille-Provence, 2021 sera encore une année de transition, les compagnies ne pourront pas opérer de nouveau la totalité de leur flotte et la reprise de certains marchés reste conditionnée à la desserte aérienne.
Trois nouveaux bateaux en 2021
Début 2021, deux paquebots fluviaux ont rejoint le Rhône. L’AmaKristina de la compagnie Ama Waterways, dont la gestion environnementale a été récompensée par un « Green Award », et l’Annabelle, propriété de Phoenix Reisen. En 2021, trois unités supplémentaires sont positionnées sur le bassin Sud du Rhône comparé à 2019 pour une capacité en lit en progression de +10 %.
Dans la perspective de la reprise d’activité, certaines compagnies américaines, à l’image d’Uniworld, ciblent la clientèle allemande, principale nationalité consommant des croisières fluviales en Europe sur l’axe Danube/Rhône. Dans une moindre mesure, l’Anglaise Riviera Travel&Emerald et CroisiEurope s’inscrivent dans cette même dynamique pour attirer des clientèles européennes. La compagnie française vise les clientèles allemande, française et britannique, susceptibles de pouvoir effectuer une croisière fluviale en 2021. Les compagnies travaillant majoritairement avec le marché britannique devraient rester focalisées sur celui-ci.
La stratégie de repositionnement d’une zone géographique vers une autre reste complexe pour les opérateurs avec un temps réduit pour le commercialiser, des segments tarifaires moins élevés sur les marchés européens et un déficit de notoriété. Malgré les difficultés opérationnelles, les armateurs sont confiants dans l’attractivité du produit « croisière fluviale » dont la capacité en passagers est un atout au regard des paquebots géants qui sillonnent les mers.
Les compagnies doivent relever un important défi lié aux ressources humaines. D’une part, avec la nécessité de faire vacciner les employés aussi bien à bord qu’à terre (guides, autocaristes, etc.) alors qu’une grande partie des membres d’équipage étant jeune n’est pas prioritaire à la vaccination. D’autre part, se pose la question de la perte des compétences avec le départ de personnels qui prennent un emploi dans un autre secteur, ce qui implique le recrutement et la formation de nouveaux membres d’équipage. Mais cela prend du temps et peut rendre compliqué la situation quand l’activité renouera avec la croissance.