Les « rencontres de l’axe Seine » ont eu lieu par trois fois au cours de l’année 2021, en février à Rouen, en mai au Havre et en octobre à Paris. Elles sont le résultat d’une initiative des maires de ces trois villes, Nicolas Mayer-Rossignol, Edouard Philippe, Anne Hidalgo, pour reprendre l’ordre des lieux successifs des réunions. Ces trois élus souhaitaient ainsi « mettre en place un cadre de collaboration permanent autour de l’axe Seine, enjeu majeur, pour la France, de développement économique, de renouveau industriel, d’affirmation de sa puissance portuaire, de rayonnement culturel et de résilience face aux enjeux climatiques ».
Lors de la réunion du 11 février, de « premiers axes de travail et d’intérêt commun ont été identifiés dans les domaines du transport fluvial, du tourisme, de la culture, de l’énergie, de l’agriculture et de l’alimentation ».
Comme les deux maires normands sont aussi les présidents respectifs des intercommunalités Rouen Normandie et Le Havre Seine Métropole, leur homologue de la métropole du Grand Paris, Patrick Ollier, a rejoint le mouvement lors de la réunion du 31 mai dont le thème central était consacré au « fret fluvial en vallée de Seine », l’occasion d’échanges avec des acteurs et représentants de cette filière.
AMI commun sur la logistique urbaine fluviale
Actuellement, l’une des propositions issues de cette rencontre du printemps est en cours de réalisation avec la rédaction d’un appel à manifestation d’intérêt (AMI) sur la logistique urbaine fluviale pour un lancement prévu au premier trimestre 2022.
C’est la métropole du Grand Paris « qui tient la plume au nom de tous », précise Jean-Michel Genestier, vice-président de cette intercommunalité.
L’objectif de cet AMI est de construire des solutions de distribution intégrant le maillon fluvial pour le transport d’approche vers le cœur urbain mais également des solutions de livraisons du dernier kilomètre en vélo-cargo, véhicule électrique ou autres solutions vertueuses. « Nous souhaitons ainsi faire émerger de nouveaux trafics, des projets innovants. Nous travaillons aujourd’hui, collectivement, à la définition de cet AMI ».
A noter que la métropole du Grand Paris participe, seule, à un appel à projets européen avec Fludis sur la cyclo-logistique (voir encadré).
« Développer des écosystème favorables à l’utilisation de la voie d’eau »
Autre annonce lors de la réunion du 31 mai : l’organisation commune d’un événement de type « convention d’affaires de dimension européenne pour mettre en avant les qualités des territoires de l’axe Seine, doublée d’une opération de valorisation des métiers du fluvial ».
L’idée est de créer un « effet réseau » pour développer les contacts entre les acteurs économiques, valoriser les atouts de l’axe pour l’export et l’import, animer une démarche de promotion des métiers du fluvial. Cet évènement sera préparé conjointement par les trois territoires.
Il se trouve qu’en octobre 2022, la ville du Havre va accueillir Riverdating, en partenariat avec VNF.
Les trois collectivités veulent aussi mettre en place dans les cahiers des charges des commandes publiques de nouveaux critères pour favoriser le recours à la logistique fluviale, faire croître les trafics sur la Seine en favorisant leur diversification.
Elles entendent aussi « développer des écosystèmes favorables à l’utilisation de la voie d’eau », dont un premier volet va porter sur « l’identification de sites de chargement/déchargement pertinents, l’amélioration de la mixité des usages ou de la réversibilité des aménagements ». Cela passe concrètement par un travail notamment sur les documents d’urbanisme de chacun des territoires à analyser de manière conjointe « afin de construire progressivement une stratégie d’aménagement partagée pour le développement de la logistique du dernier kilomètre à l’échelle de la vallée de la Seine ».
Une Entente, « format d’association inédit »
Un autre volet de la volonté de « développer des écosystèmes favorables à l’utilisation de la voie d’eau » concerne l’accès à des carburants moins polluants, à l’énergie électrique et, éventuellement, à l’hydrogène. C’est la rencontre du 26 octobre largement consacrée au domaine de l’énergie, aux enjeux liés à la décarbonation et à la transition énergétique qui a apporté des précisions.
Au premier trimestre 2022, il est prévu le lancement d'un « cycle d’AMI pour faire émerger des projets d'unités de production d'électricité solaire le long de l'axe Seine : parc au sol, flottant, en carrières, ombrières, toitures photovoltaïques de grande taille » et qui prendra en compte les besoins du fluvial.
Afin d'accélérer la transition énergétique à l'échelle du territoire, une société d'économie mixte (SEM) va être créée, baptisée « Axe Seine Energie », et doit être « un levier d'investissement dans des outils de production d'énergies renouvelables, dès 2022 ». Cette SEM « fera une large place à l'investissement citoyen à travers la mise en place de fonds d'investissement citoyens et collectivités locales. Cet outil de développement et de financement aura vocation à collaborer avec d'autres entreprises publiques locales ».
Enfin, lors de la rencontre de l’automne, il a été annoncé la création d'une « Entente de l'axe Seine », présentée comme « un format d'association inédit tant au regard des collectivités fondatrices que de l'étendue du territoire concerné. Il marque une étape décisive dans l'approfondissement de la démarche originale de coopération entre les collectivités de l'axe Seine : cela permettra de mutualiser les ressources humaines et financières pour mener et gérer des projets structurants autour des énergies renouvelables (par exemple : création d'unités de production d'hydrogène) ».
A noter que le 26 octobre, les élus à l’initiative des « rencontres de l’axe Seine » avaient également conviés une quinzaine de présidents d’établissements publics de coopération intercommunale ainsi que le délégué interministériel au développement de la Vallée de la Seine, Pascal Sanjuan, « afin d’élargir le plus possible la démarche de coopération opérationnelle ».
L’Entente signifie « la définition d’une stratégie commune aux collectivités fondatrices afin de fixer des ambitions opérationnelles fermes à l’horizon 2030 concernant le développement de la filière énergies nouvelles renouvelables et de récupération et la réduction des émissions de CO2 ». L’Entente établira par ailleurs une feuille de route pour la SEM Axe Seine Énergie.
La prochaine rencontre est prévue en février 2022 à Rouen autour de thèmes touristiques, culturels et sportifs.
Développer la cyclo-logistique
A noter que la métropole du Grand Paris participe avec Fludis à un appel à projets dans le cadre d’Horizon Europe pour développer la cyclo-logistique. « Il s’agit d’une innovation d’organisation couplant fluvial et logistique douce ». Le projet consiste en une barge-entrepôt qui serait amarrée sur le canal Saint Denis, au niveau du port Croizat et servirait d’agence de tri de colis. Les livraisons du dernier kilomètre sont prévues par vélo-cargo (zone de Saint de Denis, la Plaine et l’ile Saint Denis ). Une agence de ce type peut traiter jusqu’à 4000 colis par jour et créer 30 équivalent temps plein (ETP). Les lauréats devraient être annoncés fin décembre 2021 et la solution opérationnelle en juin 2022.