L’Officiel des transporteurs : Quelle perception avez-vous du chambardement économique provoqué par l’épidémie de Covid-19 ?
Philippe Givone : Je tiens à remercier, en premier lieu, l’ensemble des collaborateurs pour leur engagement dans la satisfaction clients, du conducteur au préparateur de commandes, du RH au QHSE… Cette crise révèle le service d’utilité publique que représente le transport routier de marchandises. Nous nous inscrivons dans la continuité de service. Cette profession, si souvent décriée, malmenée, ignorée, est aujourd’hui mise en lumière. Il y a une prise de conscience de l’importance de la supply chain dans le bon fonctionnement de l’économie.
L’OT : Comment avez-vous réagi aux mesures gouvernementales ?
P. G. : Quand Édouard Philippe, le Premier ministre, a fait son annonce le samedi à 20 heures, à 21 h 45 j’ai reçu un appel de l’un de nos clients qui souhaitait être rassuré sur notre capacité à poursuivre notre service. Dans la foulée, j’ai organisé une réunion de crise avec mes équipes pour leur faire passer le message que nous serions engagés dans une mobilisation H24. Et c’est le cas. Notre menu quotidien est composé de conférences téléphoniques et de visioconférences. Dès le lundi matin qui a suivi l’intervention du Premier ministre, nous avons pris les mesures nécessaires pour protéger l’entreprise en matière de trésorerie. Nous avons notamment pris contact avec les banques au sujet des crédits-baux et autres crédits en cours, le tout sans inquiétude particulière ni d’un côté ni de l’autre.
Nous sommes résolument engagés dans la protection de nos conducteurs
L’OT : Le challenge est de taille ?
P. G. : Il y a deux choses qui m’importent au travers de cette crise : assurer la pérennité de l’entreprise en restant dans la capacité de rémunérer les salariés en temps et en heure, sans décalage, tout en mettant en place les mesures nécessaires en matière de chômage partiel. Ma seconde préoccupation consiste à assurer la sécurité de l’ensemble de mes collaborateurs. Nous avons ainsi commandé 3 000 litres de gel hydroalcoolique, des gants… Comme tout le monde aujourd’hui, nous sommes confrontés à la difficulté de nous procurer des masques (quand on en trouve, on nous en demande dix fois le prix).
L’OT : Quelles mesures avez-vous prises sur l’ensemble de votre périmètre de transport ?
Denis Bertin : La chance, la force de l’entreprise, c’est que plus de 50 % de son activité sont orientés sur l’agroalimentaire et la distribution. Ce pan important de notre activité est resté quasiment intact, il serait même légèrement soutenu. Les impacts les plus sévères ont concerné nos activités dans le bâtiment (béton prêt à l’emploi, vrac industriel) et l’automotive (un secteur qui s’est totalement arrêté). Il faut savoir que la distribution spécialisée est également à l’arrêt (ameublement, bricolage). Autre pan qui a été assez rapidement fragilisé : l’activité livraison à domicile (une centaine de VI et plus de 150 collaborateurs engagés chez nous), très proche par conséquent de la relation aux clients avec une exposition au risque sanitaire.
P. G. : Il faut préciser que, concernant cette activité, on évoque la livraison à deux collaborateurs et donc la nécessité de respecter les gestes barrières et les mesures de distanciation. Nous avons préféré interrompre cette activité pour ne pas exposer la santé de nos salariés.
> Lire l'intégralité de l'article dans L'Officiel des transporteurs n° 3015 du 3 avril 2020 (réservé aux abonnés)