Surprise. Nikola, la start-up de l'Arizona qui va développer des camions électriques alimentés par des batteries et piles à combustible a indiqué le 3 mars qu’il venait de fusionner avec la société VectoIQ, spécialisée dans les investissements boursiers et déjà cotée en bourse. Cette opération, qui permettra la cotation en bourse de Nikola au deuxième trimestre 2020, permet de gagner environ six mois par rapport à une classique introduction en bourse.
Du cash
La nouvelle société, baptisée Nikola Corporation, devrait être valorisée aux alentours de 3,3 milliards de dollars (Md $; soit 2,90 milliards d'euros, Md€) a minima. Après la finalisation de la fusion, Trevor Milton, le président-fondateur de Nikola, prévoit de conserver plus de 30 % du capital, ce qui en fera le premier milliardaire des camions à hydrogène et ceci alors que les premiers modèles en série ne sortiront pas avant 2021.
Concurrent de Tesla sur le marché des camions électriques, ainsi que bon nombre de constructeurs traditionnels, Nikola a jusqu’alors levé 600 millions de dollars (M$, soit 526 millions d'euros, M€) pour mettre en production ses semi-hydrogènes dans une usine de Coolidge, en Arizona. Mais, l’entreprise a besoin de financements supplémentaires pour mettre sur le marché plus rapidement ses premiers modèles de camions et pickups, et surtout construire son propre réseau de stations de recharges électriques et hydrogène. L’entreprise compte déployer 700 stations de ravitaillement en Amérique du Nord disponibles pour ses modèles et ceux de la concurrence (Nikola Corporation est plus discrète sur son réseau européen).
Plus qu’un constructeur, un énergéticien
"Nous ne sommes pas seulement un constructeur mais une entreprise de technologie énergétique. Dans 7 ans, Nikola deviendra le plus grand consommateur d'énergie au monde et nous contrôlerons toute cette infrastructure", définit Trevor Milton, qui entend redéfinir le business model des constructeurs. "Pour comprendre la façon dont nous allons organiser notre croissance, sachez que lorsqu’un constructeur vend un camion Diesel 150 000 $ (131 000 €), les compagnies pétrolières en gagnent 1 M$ (87 M€) en l’approvisionnant tout au long de sa vie", a-t-il indiqué à Fox Business.
À ce jour, Nikola a accumulé des commandes pour environ 14 000 camions électriques, qui représentent 10 Md $ (8,7 Md€) de revenus futurs, s'ils sont tous construits et livrés. Le modèle économique repose sur une formule locative de 7 ans - conclue notamment avec le brasseur américain Anheuser-Busch-, qui inclut le ravitaillement en carburant. Nikola compte s'adresser dans un premier temps le marché européen, grâce à un partenariat avec Iveco, avec un camion électrique à batterie (la version hydrogène viendra en 2023). En fin d’année 2021, les premiers camions destinés au marché américain (à cabine avancée) devraient également arriver.