Le transporteur lituanien Girteka a envoyé à ses conducteurs mi-avril un courrier qui a mis le feu aux poudres. "Chers chauffeurs, du fait de la crise du coronavirus, nous avons décidé de baisser les coûts à tous les niveaux de notre activité. De ce fait, nous réduirons la rémunération de tous les conducteurs à compter du 14 avril…" L’entreprise justifie sa décision par l’annulation de nombreux contrats, du fait de la fermeture de quantité d’usines et commerces à travers toute l’Europe. La décision aurait été prise pour éviter de mettre au chômage une partie du personnel. "Nous avons dû accepter des transactions à un prix moins élevé que d’habitude. La crise aura une fin", souligne le transporteur, qui garantit que les salaires ne passeront pas sous le minimum légal lituanien. Celui-ci correspond à 53 € par journée de travail, pour les conducteurs roulant 12 000 km par mois, au lieu de 66 € avant la crise.
Appel à la grève
La réaction des salariés ne s’est pas fait attendre. Sur les réseaux sociaux, un groupe Viber de 6 800 personnes appelle à la grève, rappelant qu’au Canada, les conducteurs se sont vu offrir une prime de risque de 550 dollars à cause du virus et qu’en Allemagne, les chauffeurs de poids lourds touchent au moins 90 € par jour.
Les discussions sont en cours avec la direction, qui nie toute menace de grève de la part des salariés. Girteka Logistics, spécialisé dans la logistique du froid, possède 7 400 camions et 7 800 remorques en Europe, notamment en Scandinavie et en ex-Union soviétique. L’entreprise compte 18 000 salariés et assure 730 000 trajets par an. En pleine expansion jusqu’à la crise, Girteka avait embauché 2 000 conducteurs en 2018 et visait la barre des 20 000 salariés et 10 000 camions à l’horizon 2021. Depuis 2018, l’entreprise compte une partie de sa flotte sous immatriculation allemande.