Actu-Transport-Logistique.fr (ATL) : Le groupe Mousset a décidé cette année d'ouvrir son capital à tous ses salariés. Pourquoi vous être lancés dans cette démarche ?
Frédéric Leblanc (F.B.) : C'est une ambition que nous avions en tête depuis longtemps. On en parlait avec Jean-Michel Mousset, avant que je ne prenne sa succession, officiellement, en 2014. À l'époque, je suis passé de simple salarié à actionnaire. Symboliquement, c'est important pour moi d'offrir aujourd'hui cette opportunité à tous. D'un point de vue managérial, ensuite, cette ouverture du capital permet de renforcer le sentiment d'appartenance à l'entreprise. Quand on place une partie de ses primes, de sa participation ou de son intéressement dans l'entreprise, alors qu'on touche un petit salaire, c'est parce qu'on y croit. Et c'est alors un cercle vertueux qui s'installe. Lorsque les gens travaillent pour eux et se sentent bien, la valeur ajoutée de l'entreprise monte.
ATL : Pourquoi avoir mené cette première ouverture du capital maintenant ?
F.B. : L'entreprise a par le passé subi des chocs. Avant d'envisager cette opération, il fallait redresser la situation. Nous avons restructuré, renforcé le business model, et depuis 4 ans, maintenant, on verse de l'intéressement et de la participation et les montants vont crescendo. Le moment était donc propice.
ATL : Comment s'est concrètement déroulée l'opération ?
F.B. : Nous sommes allés loin dans cette démarche novatrice puisque nous avons proposé des titres à 100 % des salariés. Chacun pouvait recevoir 100 actions d'une valeur de 4 €, soit 400 € de capital. Au final, seulement 8 salariés ont refusé. À cela s'ajoutait la possibilité d'acheter des actions supplémentaires à un prix préférentiel. Une opportunité saisie par environ 38 % de nos salariés. Cette ouverture de 10 % du capital, que nous avons menée avec un cabinet spécialisé, a nécessité pour les équipes un travail important. Mais c'est une réussite totale, avec un placement moyen de 1 000 € par salarié et une implication de l'ensemble des salariés et pas seulement des cadres, contrairement à ce que l'on voit souvent dans ce genre d'opérations.
ATL : Envisagez-vous de renouveler ce type d'opération ?
F.B. : Compte tenu du succès, nous avons en effet décidé cette semaine de procéder à une nouvelle ouverture de capital en 2020. Tous ceux qui entrent dans l'entreprise aujourd'hui ont ainsi la perspective de pouvoir devenir actionnaires dans trois ans. Dans une période de tension en matière de recrutement, c'est aussi un élément de différenciation.
ATL : Quels sont les autres leviers de fidélisation du personnel ?
F.B. : Les leviers les plus importants restent les projets et le management participatif. Nous avons à cœur d'impliquer tout le monde à travers des actions concrètes. Des équipes dirigeantes de conducteurs autonomes ont, par exemple, été mises en place. Proposer des réunions pour faire évoluer les méthodes de travail ne doit pas être réservé aux cadres. Cette année, nous avons aussi organisé un séminaire de 2 jours sur la stratégie de l'entreprise avec une trentaine de conducteurs de toute la France, mais sans les cadres et le comité de direction. Les conducteurs ont leur mot à dire sur l'évolution du business, ils ont des idées, et ce séminaire sera d'ailleurs reconduit tous les ans. Je les associe aussi évidemment aux achats de poids lourds. J'ai moi-même exercé le métier de conducteur auparavant, donc je sais exactement ce qui m'aurait plu ! C'est essentiel d'associer tout le monde au devenir de l'entreprise et pas seulement à sa vie quotidienne.
ATL : Et en matière de projets, quelles sont vos perspectives ?
FB : La dynamique de projet rend une entreprise plus attractive. Croissance externe, déploiement dans une nouvelle région : nous avons toujours des ambitions. Nous travaillons actuellement sur un dossier d'acquisition qui devrait aboutir au premier semestre 2018. À l'international, nous menons par ailleurs un gros développement en Pologne. Et nous sommes en train d'ouvrir une société en Ukraine, car nous estimons que d'ici une dizaine d'année, l'Ukraine supplantera la Pologne sur la filière avicole.
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Le groupe Mousset en chiffres
- Chiffre d'affaires : environ 130 M€
- 77 sites en France, en Pologne et au Maroc
- 1 300 salariés, dont environ 150 conducteurs en Pologne et 130 au Maroc