L’Europe est décidée de faire de l’hydrogène l’une de ses priorités en matière industrielle. Le 10 mars 2020, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé le lancement de la "Clean Hydrogen Alliance" (Alliance pour l'hydrogène propre) lorsque la Commission européenne a dévoilé sa nouvelle stratégie industrielle. "L'Alliance s'appuiera sur les travaux existants pour identifier les besoins technologiques, les opportunités d'investissement et les obstacles et catalyseurs réglementaires", a déclaré la Commission dans un communiqué. Cette nouvelle alliance devrait voir le jour cet été et sera calquée sur l'Alliance européenne des batteries, qui a réuni plus de 200 entreprises, gouvernements nationaux et organismes de recherche autour de la fabrication de batteries de nouvelle génération.
Parmi les nouveaux instruments clés de la "boîte à outils" de la Commission figurent les "Projets importants d'intérêt européen commun" (IPCEI). Un gros avantage puisque les règles normales de l'Union européenne en matière d'aides d'État ne s'appliquent pas aux projets bénéficiant du statut IPCEI : les gouvernements nationaux pourront les subventionner sans avoir à respecter des limites strictes en matière d'aides d'État.
L'Allemagne couvrirait 20 % des besoins
L'Allemagne fait partie des pays de l'UE qui ont manifesté le plus grand intérêt pour l'hydrogène, notamment pour réduire les émissions des industries lourdes telles que la sidérurgie, le ciment et les produits chimiques. Au mois de février, le pays d’Angela Merkel a lancé un projet de stratégie sur l'hydrogène quelques mois avant de prendre la présidence tournante de six mois de l'UE, le 1er juillet. Le pays compte couvrir 20 % de ses besoins avec de l’hydrogène décarboné d’ici à 2030. Cela nécessitera l’installation de 3 à 5 gigawatts de capacité d’électrolyse et le développement de la production d’hydrogène dit bleu, avec captation du carbone, un bon moyen pour amoindrir son bilan CO2 catastrophique lié aux centrales à charbon. L’Allemagne prévoit la mise en circulation de 60 000 voitures particulières à hydrogène d’ici à 2021.
Flottes professionnelles en France
En France, le Plan hydrogène vert dévoilé par Elisabeth Borne lors d’une audition au Sénat mi-février est également ambitieux. La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) envisage une contribution publique avoisinant les 50 millions par an, avec l’objectif prioritaire d’atteindre 10 % d’hydrogène décarboné dans l’industrie en 2023, et de 20 % à 40 % en 2028. Il s’agit également de multiplier les projets "Power-to-gas" – qui convertissent l’électricité en gaz. Contrairement à l’Allemagne, le document mise plus sur la mobilité professionnelle qu’individuelle, avec 5 000 véhicules utilitaires en 2023 et jusqu’à 50 000 en 2028, ainsi que 200 véhicules lourds à hydrogène en 2023 et jusqu’à 2 000 en 2028.