La Région Auvergne-Rhône-Alpes vient d’inaugurer sa première station de recharge à hydrogène, à Clermont-Ferrand. Installée sur un terrain mis à disposition par Michelin, dans la zone des Gravanches, il s’agit de la première des 20 stations que la Région compte déployer dans le cadre du projet Zero Emission Valley (ZEV). La Région dirigée par Alain Wauquiez s’est engagée en 2017 à développer une filière hydrogène, en déployant un réseau d’alimentation autour d’un partenariat public-privé unique en son genre. La Banque des Territoires, associée à la Région Auvergne-Rhône-Alpes, a ainsi investi à hauteur de 49 % dans la société Hympulsion chargée de mettre en place ce réseau, tandis que le groupe Michelin, Engie et le Crédit agricole détiennent les 51 % restants du capital. Cofinancé par des fonds européens, ce projet a pour ambition de proposer 1 000 véhicules utilitaires pour des flottes captives de professionnels d’ici à 2023. Le tout à un coût global comparable à celui du diesel. L’hydrogène vert sera produit de manière locale et renouvelable avec la création de 15 électrolyseurs fonctionnant à l’énergie solaire.
La station de Clermont-Ferrand fournira les premiers véhicules fonctionnant avec cette énergie propre. La ville et l’agglomération de Clermont-Ferrand en ont acquis trois chacune, et des entreprises privées se sont également engagées, comme le Crédit agricole par exemple, mais il faut encore convaincre les utilisateurs potentiels. « Nous démontrons qu’après la prise de conscience, nous pouvons passer de l’annonce à la concrétisation. Et nous sommes des VRP : nous sommes là pour encourager les chefs d’entreprise à se joindre à la démarche en acquérant des véhicules », a insisté Brice Hortefeux, député européen et conseiller régional lors de l’inauguration. Le choix de véhicule est encore restreint et reste onéreux, malgré un bonus écologique de 6 000 euros et une aide régionale pouvant atteindre jusqu’à 12 000 euros. Ainsi, une berline Hyundai Nexo revient, aide incluse, à 54 000 euros TTC (pour les artisans taxis), une Toyota Mirai à 61 000 euros et un utilitaire Kangoo Ze H2 à 35 500 euros HT (pour un plein à 18 euros HT). Des véhicules de type fourgon sont attendus pour 2020. Les initiateurs du projet ZEV souhaiteraient également intégrer des constructeurs de véhicules lourds. Parmi les premiers utilisateurs déclarés de véhicules à pile à combustibles, on retrouve de nombreuses collectivités, des entreprises de transport de voyageurs comme Transdev et CarPostal France (racheté depuis par Keolis), ainsi que le groupe La Poste. Pour inciter à l’achat, le Crédit agricole Centre-France a annoncé la création d’un financement spécifique pour les entreprises avec un prêt de 30 000 euros au taux de 0,5 %, sans garantie ni frais de dossier. On notera que l’agence DHL de Gerland utilise déjà un utilitaire électrique avec un prolongateur d’autonomie à hydrogène dans le cadre du projet HyWay, bien que ce type d’expérience reste encore assez anecdotique.
La prochaine station hydrogène régionale doit ouvrir à Chambéry d’ici à la fin de l’année. Les futures stations seront déployées en 2020 dans les métropoles de Lyon, Grenoble, Riom, Saint-Étienne et Clermont-Ferrand, avec deux unités de plus grande envergure. En 2021, d’autres stations ouvriront à Annecy, Bourg-en-Bresse, Montélimar, Moutiers, Valence, Villefranche-sur-Saône. La Région Auvergne-Rhône-Alpes concentre près de 80 % des acteurs de la filière hydrogène sur son territoire. Le projet ZEV vise à couvrir, à l’horizon 2023, 25 % des objectifs de véhicules annoncés dans le plan national hydrogène. C’est à peu près à cette échéance que le constructeur américain Nikola, associé à Iveco, a prévu de lancer son camion électrique à hydrogène sur le marché européen. De quoi alimenter encore un peu plus l’engouement pour ce vecteur énergétique.
