Selon l’Afhypac, l’année 2019 a vu les premiers résultats de la mise en œuvre du plan national hydrogène, présenté en 2018 qui avait « marqué un jalon majeur dans le développement de l’hydrogène en France ». Dans l’année qui vient de s’écouler, le plan s’est traduit par la signature d’engagements pour la croissance verte, le lancement des premiers appels à projets de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), et l’inscription de l’hydrogène au cœur du contrat stratégique de la filière industrie des nouveaux systèmes énergétiques. La filière hydrogène a également marqué un pas en 2019 avec la concrétisation du projet Road (refrigerated optimized advanced design). Le projet, piloté par le constructeur de véhicules frigorifiques Chéreau, a permis de produire une semi-remorque neutre au niveau de son impact environnemental et du bruit. La semi–remorque emporte un groupe frigorifique Carrier Transicold nouvelle génération, 100 % électrique, qui utilise en circuit fermé un réfrigérant naturel (CO2). Il est alimenté par trois piles à combustible de 3,3 kW chacune (soit une puissance totale d’environ 10 kW). Grâce à ses deux réservoirs de 300 l, la semi–remorque peut embarquer 14 kg d’hydrogène pressurisés à 350 bars, pour une autonomie de 60 heures en conditions critiques. Le Groupe Malherbe a testé la remorque pendant plusieurs mois en conditions réelles.
La reconnaissance de la filière hydrogène a également été marquée sur le plan réglementaire, avec la loi énergie-climat du 8 novembre 2019. La loi inscrit un nouveau chapitre du code de l’énergie consacré aux « dispositions relatives à la vente d’hydrogène », notamment en définissant le droit d’accès de l’hydrogène et des gaz renouvelables aux réseaux de gaz, ainsi que le principe des garanties d’origine. Elle projette aussi d’encadrer les modalités du développement de l’hydrogène à travers une ordonnance qui fixera sa terminologie, sa production, son transport, son stockage, sa traçabilité, etc., au plus tard en novembre 2020.
Les perspectives 2020 exposées par l’Afhypac dans son rapport sont ambitieuses. Selon l’organisation, l’État français considère l’hydrogène comme « une filière d’excellence conjuguant décarbonation et réindustrialisation ». Pour elle, « la concrétisation de cette vision, désormais partagée tant par les industriels que par les pouvoirs publics et les territoires, est l’objectif crucial de 2020 ». En pratique, des projets relatifs au carburant hydrogène naissent çà etlà. Citons celui de la ville de Dijon, qui prévoit d’alimenter en 2021 une flotte de camions-poubelles avec de l’hydrogène renouvelable produit localement, à partir d’électricité issue de l’unité de valorisation énergétique des déchets ménagers. De la même manière, la ville de Strasbourg compte faire rouler quotidiennement une cinquantaine de véhicules à l’hydrogène renouvelable élaboré par Haffner Energy.
Ce carburant vert repose sur la thermolyse (chauffage) de la biomasse et la gazéification, de façon à obtenir « l’hydrogène renouvelable le plus compétitif qui soit, pur à 99,97 % ». La biomasse provient de la matière organique issue du bois et de déchets agricoles et forestiers. Côté constructeurs, citons Renault, qui a annoncé l’arrivée de deux utilitaires à pile à combustible dans sa gamme en 2020. La marque au losange se prévaut de « proposer aux professionnels une nouvelle solution d’accès aux centres-villes, en levant le frein de l’autonomie pour certains usages ». Elle affirme que la pile à hydrogène se traduit par trois fois plus d’autonomie qu’un véhicule 100 % électrique.
De la même façon, PSA vise l’introduction des utilitaires avec pile à combustible en petite série dans le cadre de son plan Push to Pass, sur la période 2019-2021, qui prévoit une accélération de l’électrification des gammes avec 50 % de l’offre en 2021.
Si les projets annoncés sont alléchants, le coût des véhicules à hydrogène risque de refroidir les transporteurs. Selon l’Afhypac, les coûts de production de l’hydrogène renouvelable sont amenés à s’écrouler dans certains pays disposant d’importants gisements solaire, éolien, hydroélectrique ou d’énergie marine renouvelable (EMR). Elle cite en exemple certaines régions chinoises (Qinghai, Hebei, Fujian) où l’hydrogène produit à partir d’électricité renouvelable pourrait atteindre un coût de 2 à 2,5 €/kg H2 dès 2020 ! Pour l’organisation, « par sa flexibilité (nombreuses voies de production et d’utilisation), l’hydrogène devient une des clés de voûte de la transition énergétique, notamment dans des secteurs d’activités difficiles à décarboner comme le transport longue distance, la chimie ou encore la sidérurgie ». En 2020, l’Afhypac compte peser de tout son poids pour que « les mérites de l’hydrogène soient pleinement reconnus », notamment en garantissant sa place dans le pacte productif mis en place par Bercy, ou encore en promouvant les écosystèmes territoriaux tels que la création de vallées hydrogène (hydrogen ivalleys), etc.