Le Canter occupe actuellement une position unique sur le marché français puisque un véhicule sur cinq est un hybride diesel-électrique. Il est vrai que le Canter EcoHybrid est le seul camion Euro VI hybride dont la commercialisation soit pérenne et dont l’amortissement du surcoût soit démontré. En décembre 2018, la version purement électrique sera disponible en France après des débuts en 2017 qui furent réservés à l’Allemagne, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. C’est donc à Berlin que nous sommes allés essayer ce camion qui roule déjà pour Dachser, DB Schenker, DHL et Rhenus. Dans un premier temps, tous les exemplaires sont carrossés en fourgons secs pour la messagerie urbaine. Un équipement frigorifique est envisageable, mais son alimentation depuis les six batteries de traction (82,8 kWh au total) se fera au détriment du rayon d’action du véhicule. A ce propos, Fuso annonce une autonomie de 100 km. L’installation d’une prise de mouvement électrique (e-PTO) est également possible afin d’entraîner l’équipement de la carrosserie. L’eCanter a un PTAC de 7,5 t qui laisse 4 t de charge totale (carrosserie et charge utile). L’essai a eu lieu avec 2 t de lest dans la caisse, à demi-charge donc. Au premier abord, on apprécie la progression récente de la qualité perçue en cabine, mais l’absence de rétroviseurs électriques ne peut qu’être remarquée par qui a l’habitude de conduire des véhicules lourds. Lors des manœuvres, la direction surprend par sa douceur. Comme un véhicule léger à transmission automatique, l’eCanter rampe lorsque l’on relâche le frein. La transmission n’est pas débrayable. L’accélération est franche et linéaire avec des performances adaptées à l’environnement urbain. Le moteur développe 129 kW (175 ch) et 285 Nm immédiatement disponibles. La commande du ralentisseur propose deux crans de récupération d’énergie. Judicieusement ajustés, ils évitent le recours au frein à friction dans le flot urbain intempestivement interrompu par la signalisation. Comparé au prototype essayé en 2015 au Portugal, l’exemplaire tête de série conduit à Berlin m’est apparu comme un véhicule abouti, franchement agréable à conduire. Il est vrai que l’élimination des bruits et des vibrations mécaniques participe grandement à la sérénité du conducteur.
Il est possible de flasher la mémoire de l’eCanter à l’aide d’un smartphone en cas de mise à jour du logiciel pilotant la chaîne cinématique. D’autre part le Predictive sensing alerte le conducteur avant qu’il ait un « vrai problème » en cas d’allongement du délai de recharge ou de température anormale de la batterie. Tous les eCanter sont fournis à travers CharterWay, la filiale de location du groupe Daimler. En décembre 2017 et pour le marché allemand, le loyer annoncé s’élevait à 999 € HT par mois incluant la carrosserie et la location des batteries. Ce mode de diffusion accompagne le glissement général du marché depuis l’achat vers la location. Les conditions commerciales pour la France ne sont pas encore connues.