CNH Industrial détiendra une participation stratégique de 250 M$ dans Nikola en tant qu’investisseur principal dans la série de véhicules type D. La valorisation de Nikola avant l’apport de CNH a été fixée à 3 Md$. Nikola prévoit de collecter plus d’un Md$ dans le cycle D, ce qui accordera environ 25 % du capital à de nouveaux investisseurs et partenaires commerciaux, dont CNH Industrial.
Le projet permet, d’une part, à Iveco de bénéficier des développements effectués par Nikola sur sa pile à combustible et son alimentation en hydrogène, notamment le stockage à bord. Nikola développe également des essieux à propulsion électrique intégrée, des inverseurs, des suspensions à roues indépendantes. D’autre part, Iveco apportera à Nikola son expérience en matière de conception, de réalisation et d’industrialisation de véhicules lourds, moyens et grands routiers, pour tout ce qui concerne les essieux, l’équipement de freinage, les suspensions, et autres composants du châssis. Iveco est aussi concepteur et producteur de cabines.
Compte tenu des différents codes de la route nationaux, la longueur maxi réglementaire des véhicules ne concerne que la semi-remorque aux Etats-Unis alors qu’en Europe, c’est l’ensemble tracteur + semi-remorque et l’ensemble porteur + remorque qui sont concernés. D’où la conception sensiblement différente des cabines, avancées pour les véhicules circulant en Europe ou précédées par des capots généreux tout comme les compartiments couchettes. Ce qui s’explique surtout par la différence de configuration des réseaux routiers, notamment secondaires, et des zones urbanisées. Pour cela, Nikola a conçu trois modèles de tracteurs : les Nikola One et Nikola Two à capot avec deux longueurs de cabine, et un Nikola Tre dont la première version était en fait une One hyper-aérodynamique. La Tre est une vraie cabine avancée avec poste de conduite au-dessus de l’essieu et une face avant quasi verticale.
En amont de CNH Industrial, qui trouve-t-on ? CNH Industrial, constitué en 2013, réunit CNH Global et Fiat Industrial. CNH Global, fondé en 1999, regroupe Case (travaux publics) et New Holland (matériel agricole). Fiat Industrial apportait Iveco, constructeur de camions et FPT (Fiat Power Train), qui conçoit et construit des moteurs pour les utilitaires, les poids lourds et les applications industrielles, et travaille également sur les énergies nouvelles gaz et électricité. L’usine de Bourbon-Lancy (71) assure la production de moteurs diesel de moyenne et grosse puissances pour l’ensemble de CNH Industrial. Toutes les sociétés du groupe sont contrôlées par la famille Agnelli. Après la reprise du groupe automobile Chrysler, Fiat fait un premier pas aux États-Unis dans l’industrie du poids lourds routier.
Le marché des véhicules de transport routier de marchandises a fortement évolué aux États-Unis depuis trois décennies. Les branches poids lourds des groupes automobiles ont disparu (Ford, Dodge) ou ont été reprises par des constructeurs européens (Freightliner et Western Star par Mercedes). Certains petits constructeurs ont trouvé des repreneurs : Volvo Trucks a repris White, GMC et Mack (via Renault Trucks). Il subsiste deux constructeurs américains d’origine : le groupe Paccar (Kenworth et Peterbilt), qui a repris DAF en Europe, ainsi que Navistar qui a dû régler des problèmes de tricherie sur les émissions et qui est plus ou moins convoité par le groupe Volkswagen et sa branche poids lourds constituée de MAN et Scania. Le groupe Fiat qui est déjà présent aux États-Unis, via CNH Industrial, dans le matériel agricole et les engins de travaux publics, manifeste aujourd’hui l’intention de reprendre pied dans le poids lourd routier du futur, via Nikola.
E. C.