Bientôt, des nano-capteurs intégrés dans la chaussée d’une zone logistique vont pouvoir signaler des camions en surpoids, mal conduits ou comportant des pneus sous gonflés. La start-up Altaroad, pur produit de la recherche française (École polytechnique, CNRS et l’IFSTTAR*) développe un réseau de nano-capteurs enfouis dans la route pour analyser en temps réel les données de l’infrastructure. Destinée aux opérateurs routiers et aux gestionnaires de zones de transit (villes, chantiers, entrepôts logistiques…), la solution d’Altaroad offre un outil de prise de décision en temps réel afin d’entretenir des infrastructures et de gérer le trafic et les flux industriels. Cette technologie entend tout d’abord optimiser les flux. Elle permet par exemple de vérifier la livraison à temps et avec le bon chargement de poids lourd sur un site industriel ou de faire un audit ponctuel des chargements. Pour cela, la start-up a besoin d’installer une bande de 30 cm de largeur, suffisante pour identifier chaque véhicule isolément. Comment ? Grâce à l’étude en temps réel de la propagation des ondes en quatre dimensions. « Les capteurs classiques n’évaluent que la pression verticale alors que les nôtres prennent aussi en compte la propagation horizontale », explique Rihab Jerbi, co-fondatrice de l’entreprise. Les algorithmes développés par Altaroad recoupent ensuite les données reçues pour identifier chaque véhicule roulant sur la bande de capteurs. Il est alors possible de distinguer et signaler un véhicule en surpoids, un pneumatique sous gonflé, voire un véhicule en infraction grâce à son empreinte pneumatique unique. « Nous sommes en discussion avec des villes comme Strasbourg ou Paris qui souhaitent interdire une partie de leur centre aux poids lourds, ou bien les camionnettes qui traversent les villes sans forcément livrer », détaille Rihab Jerbi.
D’une manière plus générale, la solution proposée par Altaroad va renseigner sur l’état de la chaussée, en indiquant le nombre de passages ou le poids des véhicules. Elle peut aussi transmettre des informations sur les caractéristiques de la route comme sa déformation, ou bien l’évolution de ses propriétés mécaniques afin d’anticiper des travaux d’entretien. Mieux, la technologie d’Altaroad entend améliorer la sécurité des infrastructures et des usagers. Un véhicule circule à contre-sens ? La chaussée est humide ou gelée en profondeur ? Le dispositif détecte ces situations dangereuses et informe les usagers en temps réel s’il est couplé avec des panneaux à messages variables. Plus tard, ces types de capteurs pourront aider à signaler quand un véhicule autonome déviera de sa trajectoire. « Notre solution va être utilisée sur le prochain projet de platooning européen Ensemble, qui sera mis en œuvre en 2021 avec différents constructeurs, afin de remonter si l’espacement est bien respecté », souligne Rihab Jerbi. Mais avant de songer à une phase d’industrialisation, les ingénieurs d’Altaroad vont devoir encore optimiser certaines phases. Pour l’instant, les informations sont remontées avec un temps de latence d’une minute et les données sont encore remontées de façon filaire. La technologie va devoir être affinée, notamment dans le laboratoire de recherche Sense-City développée par l’Ifsttar, une mini-ville climatique permettant de simuler tous les types de climat, qui vient d’être inauguré début avril.
* Ifsttar : Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux.