Une success story sans feuille de route

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Claude Chard-Hutchinson est un homme du sérail. Ancien conducteur routier, il fonde en 1993 Provotrans. Vingt-trois ans plus tard, la PME vauclusienne n’a cessé de se développer et de se diversifier dans le transport de matériaux de construction, le vin et la VPC. L’entreprise a ajouté une corde logistique à ses activités. Un nouvel entrepôt de 6 000 m2 sera inauguré en décembre. Un investissement de près de 4 M€.

Pas de feuille de route, ni de plan de carrière. Claude Chard-Hutchinson marche à l’instinct, avec le travail et la disponibilité comme seules valeurs. À 47 ans, il dirige Provotrans, une entreprise de transport routier et de logistique de 49 salariés basée à Entraigues-sur-la-Sorgue. Sa plateforme logistique, un monolithe gris de 4 000 m2, fait face à la centrale d’achat de Système U et à DB Schenker.

Sa flotte comprend 42 ensembles routiers et il exploite, au total, 9 000 m2 d’entrepôts logistiques. Trop à l’étroit dans ses locaux, il fait construire un nouvel entrepôt de 6 000 m2 en cours d’achèvement. Le nouveau site représente un investissement de 3,9 M€ et sera opérationnel en décembre. Il sera doté de deux cellules de 3 000 m2 et offrira 900 m2 de bureaux à la location pour ses clients qui externalisent la prestation logistique. Cet autodidacte, originaire de Nîmes, a accepté de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur en racontant son parcours hors des sentiers battus. Il n’a pas toujours été P-dg. Claude Chard-Hutchinson a débuté sa carrière en bas de l’échelle. Conducteur routier, il roule pour une entreprise qui donne une mauvaise image de la profession. « L’argent gagné par les dirigeants ne servait pas à développer l’entreprise. J’avais un sentiment de gâchis », raconte-t-il. L’entreprise met la clé sous la porte et licencie le jeune chauffeur. Celui-ci entame alors une formation et décroche l’attestation de capacité.

Jeune patron

À 24 ans, il décide de monter sa société de transport en s’associant avec son beau-frère. La maison des beaux-parents fera office de siège social ! Claude Chard-Hutchinson débute son activité en octobre 1993, avec un camion. Ses anciens clients lui mettent le pied à l’étrier. « Je transportais des parpaings pour Pradier Blocs à Avignon. Je livrais des négociants en matériaux qui, à leur tour, me faisaient travailler. Avec Districhrono, j’ai démarré dans la grande distribution. Le fret palettisé arrivait de Paris par train et j’avais pour mission d’en assurer la distribution régionale. Pour poursuivre le contrat, Districhrono m’a posé comme condition de mobiliser un second camion. Un an plus tard j’effectuais ma première embauche », se souvient Claude Chard-Hutchinson. Son expérience lui sert tous les jours. « Mes chauffeurs ne peuvent pas me raconter de salades ! », plaisante-t-il. Au fil des mois, au fil des kilomètres, le jeune transporteur tisse sa toile, enchaînant les livraisons et étoffant son réseau. « J’avais dans mon camion un costume pour rencontrer mes prospects », se souvient-il. À l’acquisition de son quatrième véhicule, le dirigeant phocéen est contraint de louer une parcelle de 1 700 m2. « Je gérais la flotte à bord depuis mon camion donc forcément il y a eu des couacs. J’ai pris conscience de la nécessité d’avoir une permanence au bureau », raconte le dirigeant.

Logistique et croissance externe

En 1999, Claude Chard-Hutchinson remet à plat l’ensemble de son organisation transport. Novice en logistique, il accepte d’assurer son stockage près de l’usine pour le compte d’un fabricant de carton ondulé. 1 000 m2, 2 000 m2 puis 5 000 m2 sont dédiés à cette activité à « Ero Village » sur la zone d’activités de Sorgues. Claude Chard-Hutchinson retrousse ses manches et développe un goût certain pour la filière vinicole, à la faveur du rachat des Transports Gauthier en 2004. Outre la reprise des quatre châssis, s’ouvre à lui le portefeuille clients de la PME. Il pénètre ainsi sur le terroir du Châteauneuf-du-Pape. « Ce fut une réelle opportunité, cette entreprise était spécialisée dans l’accompagnement de la mise en bouteille. Nous préparons quotidiennement 1 600 colis de vin », précise le dirigeant qui dispose aujourd’hui d’une capacité de stockage d’1,8 million de cols !

Claude Chard-Hutchinson prend alors conscience de la nécessité de rationaliser et d’optimiser ses activités en achetant 17 000 m2 de terrain sur la zone encore en friche d’Entraigues-sur-la-Sorgue. Il investit 2,9 M€ dans la construction de 4 000 m2 d’entrepôts. « J’ai fait construire dans le souci de transférer mes activités du village Ero. Nous avons été victimes de notre succès, le bâtiment neuf ayant attiré de nouveaux clients ! J’ai simplement réduit la capacité du village Ero à 3 000 m2 », indique le dirigeant.

Cave géante

Dans le souci de répondre aux exigences de stockage de la filière vinicole, le transporteur fait construire 2 000 m2 d’entrepôts supplémentaires adossés à la plateforme originelle. Le site sous température dirigée (17-19 degrés) possède des airs de cave géante à faire pâlir n’importe quel amateur de vin. Des milliers de cartons soigneusement alignés. Le Gigondas de la Maison Meffer, le rosé de la Cave de Tavel… « Nous disposons de 3 000 emplacements palettes. Nous assurons la préparation de commandes pour la GMS et les CHR. Lorsque les bouteilles sont nues, nous proposons aux clients une prestation d’habillage », confie cet autodidacte. Dix ans après ses débuts de diversification dans la filière vinicole, Provotrans assoit sa renommée chez les producteurs. Le dirigeant conforte en parallèle sa diversification dans le BTP. De camions équipés de simples plateaux, il acquiert un parc de 14 camions grue et se fraye un chemin chez les industriels et les négociants (Vicat, Lafarge, Parex…). « Nous déchargeons les matériaux directement sur les chantiers », explique le dirigeant. La crise du bâtiment, en 2008, met un coup de frein à cette activité et l’incite à se diversifier davantage. « Il s’agissait également de compenser les variations de saisonnalité de certains produits », ajoute-t-il. Pour attaquer le marché de la grande distribution, Provotrans acquiert quatre porteurs avec hayon. Ce transporteur régional couvre désormais PACA (Nice), l’Occitanie (Montpellier, Béziers…) et Rhône-Alpes (trois rotations quotidiennes).

Chaque jour, ses camions effectuent la navette avec une usine de papier toilette à Colmar pour redistribuer les produits dans les grandes surfaces. À Bordeaux, chaque semaine, Provotrans embarque le matériel d’arrosage d’un industriel. Actuellement, l’entreprise provençale compte une cinquantaine de clients dans la logistique. Chaque jour, 3 000 colis (1 million de colis préparés par an) sont traités sur la plateforme pour le e-commerce. Produits pour la santé, la nutrition, le bien-être, le confort, sans oublier le plaisir sexuel ! La palette est large…

Repères

• CA : 8 M€

• Effectif : 49 salariés

• Parc : 100 cartes grises

• Activités : transport de matériaux, vinicole, VPC, logistique

Une affaire de famille

Claude Chard-Hutchinson envisage l’avenir avec sérénité. À ses côtés, son fils qui travaille dans l’entreprise depuis l’âge de 17 ans. «  Il a été préparateur de commandes, cariste puis conducteur routier. À présent, il intègre l’équipe des affréteurs. Je ne le pousse pas à reprendre les rênes. Je sais à quel point reprendre l’entreprise de son père peut s’avérer complexe », souligne le dirigeant. Depuis trois ans, Claude Chard-Hutchinson est le seul actionnaire de la SAS. L’entreprise a vu son chiffre d’affaires bondir en quinze ans de 1, 2 M€ en 2000 à 8 M€ de en 2015, 75 % dans le transport et 25 % dans la logistique.

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