Au fil des années, l’expérience collaborateur est devenue un axe prioritaire chez les Transports Cobigo (Morbihan). « L’un de mes moteurs : être à la barre d’un bateau dans lequel l’équipage a plaisir à venir travailler », confirme le gérant Jacques Cobigo qui incarne la 3e génération. Célébrer les 90 ans de son entreprise a donc été une occasion de plus pour renforcer la cohésion des équipes.
Séquence émotions
L’événement a eu lieu le 7 mai dernier au Haras National d'Hennebont en présence de 135 participants dont 80 salariés, dix jeunes retraités et une cinquantaine d’accompagnants. « Je leur avais donné rendez-vous ce dimanche matin au siège de l’entreprise à Baud. Des bus les y attendaient. Ils ne savaient rien du programme du jour. C’était en mode surprise ! », raconte le transporteur qui dit avoir pris un réel plaisir à organiser les festivités. Voilà plusieurs mois que Jacques Cobigo préparait l’événement avec l’agence événementielle Atlant’Events. Au programme : un déjeuner champêtre suivi d’un “Sherlock Game”, une sorte d’enquête policière. « Par équipe de six personnes, les participants devaient résoudre une énigme au gré d’une douzaine d’indices et retrouver l’auteur d’un vol de tableau. »
Un événement qui été l’occasion de se replonger dans l’histoire de cette PME familiale née en 1933. « Fêter cet anniversaire était aussi un prétexte pour se faire plaisir et passer une belle journée tous ensemble, renforcer la complicité entre les équipes, mieux se connaître. » C’était aussi l’occasion de valoriser les visages de l’entreprise. « Les salariés retraités ont été invités à monter sur scène. J’ai eu un petit mot pour chacun. » Un discours teinté d’anecdotes. L’occasion aussi de mettre en avant « les piliers d’aujourd’hui ». Une douzaine de salariés avec plus de 20 ans d’ancienneté ont également été applaudis. La soirée s’est poursuivie avec un cocktail dans une ambiance jazzie et un quizz interactif sur les 90 ans de l’entreprise. Également au programme : la projection d’un film durant lequel 25 salariés s’étaient livrés face caméra pour raconter une anecdote. « Cette journée a été un très beau moment ! »
S’ouvrir au changement
Pour l’actuel gérant, l’événement a aussi été l’occasion de regarder dans le rétroviseur. Il a alors 24 ans (en 1987) lorsqu’il met un pied dans l’entreprise qui emploie alors une trentaine de salariés et possède 25 véhicules. Son rôle : étoffer l’exploitation. « C’était ma destinée d’être là. Le transport, je suis tombé dedans quand j’étais petit. J’ai manifesté très tôt le souhait de reprendre le flambeau un jour avec dans l’idée d’être seul aux commandes. » S’enclenche alors un processus de reprise. Progressivement, il rachète avec beaucoup d’enthousiasme les parts de son oncle Jean et de ses frères et sœurs, tout en travaillant aux côtés de son père Pierre touché par la maladie. Ce dernier étant contraint de s’absenter, Jacques Cobigo, alors âgé de 30 ans, s’installe peu à peu sur le siège de dirigeant. « Mon père a tout fait pour faciliter la reprise », se souvient-il.
Mais les débuts sont difficiles. « Libéralisation des prix dans le transport à la fin des années 80 va provoquer en deux ans une chute des prix de l’ordre de 20 % en France, l’ouverture à la concurrence européenne, un climat économique très tendu... Je comprends alors assez vite que ça va être compliqué. » Malgré des moments de découragement, il tient bon et va écrire sa propre histoire avec la volonté de diriger cette affaire en bon père de famille, avec « exigence » et « pugnacité ». « À 32 ans, je comprends qu’il n’y aura pas de salut pour l’entreprise si je ne m’acharne pas à constituer des fonds propres », poursuit celui qui se présente comme un homme de chiffres.
L’entreprise, qui partage alors ses activités entre le fret industriel et le transport de produits agricoles et agroalimentaires en tautliner, s’ouvre alors à de nouveaux métiers au gré d’opportunités. Tout d’abord vers le transport d’animaux avec le rachat de l’entreprise morbihannaise Nogues, en 1990, spécialisée dans le transport de dindonneaux. Puis, elle opère sept ans plus tard une diversification dans le transport d’aliments pour le bétail. En parallèle, Jacques Cobigo fait émerger une nouvelle organisation de l’exploitation. L’entreprise se lance dans le transport en zone longue avec deux lignes principales (Paris et Lyon), en conduite de jour et de nuit.
Toujours être à l’écoute des clients
Pour répondre aux besoins des clients, la palette de services s’étoffe avec la logistique. Un entrepôt est édifié en 2004 à Baud sur une surface de 3 000 m2 avec une capacité de 3 000 palettes. Puis, l’entreprise pend un autre tournant en 2010 avec le lancement de la location de véhicules avec chauffeur pour la grande distribution.
Peu à peu, les Transports Cobigo s’agrandissent mais, pendant trois ans, le chiffre d’affaires stagne à huit millions d’euros. En 2015, le dirigeant décide alors d’accélérer pour être raccord avec la nouvelle identité, plus dynamique, dévoilée deux ans plus tôt et se donne de nouvelles ambitions : viser les 10 millions d’euros. « Un objectif que nous avons atteint très vite. » Un service d’affrètement avec une équipe de trois personnes voit le jour en 2019 dans la volonté de « prêter une oreille attentive à la demande des clients et mieux les servir ». Une activité qui va gagner du terrain pour peser désormais 14 % dans le chiffre d’affaires (en 2022, le groupe a généré des ventes de 14 M€).
Avoir « une vraie réponse environnementale »
En parallèle, l’entreprise va enclencher sa transition environnementale. En 2017, elle obtient le label Objectif CO2, renouvelé en 2021. « On ne sera pas un transporteur demain si nous n’avons pas une vraie réponse environnementale à offrir à nos clients », est d’avis Jacques Cobigo. Fin 2020, les premiers véhicules alimentés au gaz intègrent la flotte. Moins de deux ans plus tard, l’entreprise opte ensuite pour le B100. Une énergie qu’elle va continuer de déployer, contrairement au gaz. Aujourd’hui, l’entreprise s’apprête à introduire du XTL. De quoi améliorer encore ses performances qui sont « 22 % inférieures aux performances européennes de référence (NDLR : Source Label CO2 – Ademe) »
L’année dernière, 10 % du parc roulait avec des énergies alternatives. Cette année, la barre des 20 % sera franchie avec la volonté de basculer peu à peu les véhicules en location. En parallèle, Jacques Cobigo entend maintenir ses investissements (environ 1,2 million d’euros par an) dans le renouvellement de sa flotte qui se compose de 60 moteurs de marque Scania (une quarantaine de véhicules pour le transport industriel et une vingtaine dédiée à la location pour le compte d’une dizaine de clients bretons issus de l’industrie agroalimentaire, la grande distribution et l’industrie du bâtiment).
Une remise en question pour « la survie de l’entreprise »
Jacques Cobigo va également décider de passer d'un management vertical à une gestion horizontale. « Je suis membre du club APM (association nationale pour le progrès du management) depuis 12 ans. C’est une occasion assez régulière d’être remis en question. » Depuis deux ans, le transporteur se fait aussi accompagner par l’agence Sens&co (35) sur la mise en place d’un management transverse. La première saison, qui a démarré au printemps 2022 jusqu’à juin 2023, a eu pour but d’aider le comité de direction à s’approprier les rênes de l’entreprise, à raison d’une journée de formation par mois. La saison 2, qui sera lancée l’année prochaine, aura quant à elle pour objectif d’embarquer l’ensemble des collaborateurs dans cette dynamique d’intelligence collective et de faire émerger des talents. Dans un but final : « Permettre aux équipes de se déployer toujours en étant au service des clients. ».
Repères
Siège : Baud (56)
Effectif : 105 salariés (dont 85 conducteurs)
Parc : 60 moteurs
Chiffre d’affaires 2022 : 14M€
Chiffre d’affaires prévu en 2023 : 15M€
Activités : transport (62 % du chiffre d’affaires), location de véhicules avec chauffeur (22 %), affrètement (14%) et logistique (2 %)