L’automatisation de la logistique est généralement favorisée par le développement du e-commerce et par la nécessité de traiter de fortes volumétries. Rhenus Logistics s’inscrit dans une démarche de « small tech » et plus précisément de « adaptative tech » qui présente l’avantage de requérir des investissements plus faibles et, comme son nom l’indique, d’être adaptée ou mise à jour plus aisément. « Nous trouvons les technologies au fur et à mesure des process et avons parmi nos objectifs la réduction de la pénibilité au travail », explique Clément Marraud, directeur du développement de Rhenus Logistics France. Le logisticien, qui a développé la pesée automatique d’opérations de packing, la mécanisation du chargement, réfléchit à l’introduction de robots dans ses entrepôts : « Nous faisons face à un afflux de conteneurs qui transportent notamment du vrac et des pondéreux. Même s’il y aurait encore beaucoup à faire pour les mettre en place, des robots pourraient être utiles à la jugulation de cet afflux ». D’autres robots pourraient aussi servir la propreté des bâtiments même si « une partie resterait manuelle, entre les racks ». Un tel recours à des robots de nettoyage autoriserait « un nettoyage de nuit, quand le site est à l’arrêt, les collaborateurs n’ayant plus qu’à s’occuper de leur poste en arrivant le matin ».
La logistique en pointe
Outre l’arrivée programmée d’AMR (robots mobiles autonomes) qui sont actuellement en test dans son Innovation Hub de Hong-Kong lesquels seront utilisés en convoi jusqu’à la zone de départ et dont l’entrée en service visera à diminuer le temps de roulage mais aussi à « éviter des trajets répétitifs de transfert en chariot élévateur et également de pallier les difficultés de recrutement de cariste », des robots sont d’ores et déjà l’œuvre chez Rhenus Logistics France. Par exemple le robot collaboratif Cobra. Utilisé en Alsace dans le secteur de la logistique pharmaceutique, il permet d'enregistrer les numéros de série de chacune des boites de médicaments lors de la réception. Cette opération était auparavant réalisé par des opérateurs mais présentait l’inconvénient d’être non-ergonomique et répétitive. Les opérateurs ont maintenant un rôle de gestion et de maintenance de l’outil alors que la qualité de vie au travail a pu être améliorée et que les troubles musculo-squelettiques ont diminué. Autre exemple, Rhenus a mis en service des chariots autonomes sur le site industriel d’Arlanxeo, fabricant de caoutchouc synthétique, près de Strasbourg.
Rhenus Logistics met en œuvre des « small tech » soit en accord avec ses clients soit de sa propre initiative, ce qui constitue une approche nouvelle dans la relation à la clientèle. « En réalité, une multitude de formules est possible. Entre un investissement qui est porté par et à la demande d’un client et une technologie qui est mise en œuvre à notre entière initiative, la palette est large. Dans tous les cas de figure, nous vendons un système sans erreur et un accroissement de la qualité. Quoi qu’il en soit, il s’agit de trouver la bonne mécanique au bon moment », détaille Clément Marraud. Groupe familial, Rhenus Logitics profite « d’un système de management court et de prises de décision rapides qui font de l’adaptabilité un synonyme de tailor made ». Sachant que, selon Clément Marraud, « L’intégralité de l’offre logistique est fondée sur l’innovation », l’ensemble des nouveaux dispositifs est piloté par une direction dédiée, le groupe disposant d’un catalogue d’innovateurs en logistique qui s’étend de la start-up à la grande entreprise traditionnelle lesquels sont en mesure « de proposer un ou deux projets de small tech par mois ». Toutes ne sont bien entendu par implémantées sachant qu’une innovation « doit prendre en compte la complexité à différents niveaux, en premier lieu celle du client, en second la nôtre mais aussi celle qui est propre à la nouveauté elle-même ».
Des projets en réflexion
Parmi les innovations à venir, une automatisation complète de la gestion de la logistique de produits alimentaires est en cours de réflexion. Une telle solution présenterait notamment l’avantage de répondre aux difficultés de recrutement du secteur. Quoi qu’il en soit de la décision prise, « une technologie doit être facilitatrice d’intégration », insiste Clément Marraud. Et sans doute contribuer à la mutualisation tant celle-ci est également au centre de la stratégie de Rhenus: « Nous avons pour objectif de mutualiser les flux de logistique afin d’apporter de la valeur à nos clients quel que soit le volume de marchandise qu’ils représentent dans notre portefeuille », relève encore le directeur.
Le TMS au centre du dispositif
Le transport n’est pas en reste dès qu’il s’agit d’aborder les enjeux de la robotisation et de la digitalisation. « Les solutions informatiques visent à améliorer l’efficience des process, la qualité afin de servir les clients », indique Thomas Leclercq. Le managing director France de Rhenus Freight Logistics détaille: « Le TMS sert de socle administratif auquel sont greffées des solutions satellite maison même si chaque pays a la possibilité de travailler sur sa propre solution. À réception des marchandises, un algorithme calcule la route optimale en fonction de différents paramètres comme les contraintes client ou celles de livraison. En région parisienne, il faut aussi composer avec des restrictions spécifiques qui sont notamment liées à la protection de l’environnement ». Véritable outil de planification, l’algorithme détermine par exemple la charge utile ou le nombre de planchers de chaque véhicule. «Une prochaine étape permettra aux clients d’accéder en temps réel à la localisation précise de chaque véhicule; tel est l’enjeu de la transparence de l’information », complète Thomas Leclercq.
La nécessité d’anticiper
Le managing director insiste sur la nécessité d’anticiper: « Il ne faut pas subir les enjeux mais les anticiper en répondant à la contrainte, en fournissant une solution à chaque client afin de faciliter les process futurs ». L’un des prochains est relatif à la fiscalité et plus particulièrement à la dématérialisation de la facture. « Aussi bien les groupes que les faiseurs de plus petite taille vont devoir être capables de répondre aux attentes », avance Thomas Leclercq.
Un personnel impliqué
Bien que Rhenus Freight Logistics France investit dans l’innovation, le pan social n’en est pas pour autant négligé. Bien au contraire. La mise en œuvre de nouvelles technologies repose sur l’implication de l’ensemble des collaborateurs de l’entreprise. À commencer par le personnel de quai dont le rôle est primordial selon le groupe allemand. « Nous considérons que le personnel de quai est à la fois le premier et le dernier maillon. Il gère les EDI et intervient de multiples manières afin de faciliter le travail. Des prises de dimensions de marchandises peuvent être obligatoires, de même que la prise de photographies en cas d’avarie. Cette implication combinée à l’étiquetage dynamique permet la réinterprétation en temps réel par le service transport », développe le dirigeant. La manière d’organiser le travail de Rhenus se distingue enfin par l’existence d’un coordinateur de quai central qui a notamment en charge la gestion du personnel intérimaire.