En début d’année, Orion Transport-Logistique, domicilié à Saint-Quentin-Fallavier (38), a racheté l’entreprise voisine DVV Logistique. C’est un défi pour la PME de transport de 37 salariés, mais également un gage d’espoir pour Loïc Cidolit, son président : « Le contexte économique est compliqué, concède-t-il. Mais avec DVV, nous gagnons des forces et un réseau complémentaire des nôtres en logistique et en cross-docking. Trois nouveaux salariés nous apportent leur expertise, dont une employée à l’administration qui se positionne aussi sur le commercial. Face à la complexité, nous avançons ! »
Cette croissance externe témoigne de la dynamique qui anime le chef d’entreprise et ses associés, Matthieu Aranda et Cédric Soubeyrand, également venus du groupe Safram. Quand, en 2017, les deux premiers ont racheté Orion Transport-Logistique (ils sont rejoints par le troisième en 2020), l’entreprise encore basée à Genas, dans la banlieue est de Lyon, affiche un chiffre d’affaires d’1,3 million d’euros, avec 14 véhicules et 16 salariés qui opèrent principalement en location de chauffeurs et en affrètement. Loïc Cidolit, qui a une longue expérience chez Safram, « une belle société » dont il est alors directeur général, rêve d’une aventure collective à une autre échelle, « pour reprendre une PME avec des associés, la faire grandir, maintenir et créer de l’emploi ». Alors que l’ancien fondateur et dirigeant d’Orion Transport-Logistique veut céder le flambeau, les deux associés y voient une opportunité en accord avec leurs aspirations : « Nous pouvions nous appuyer sur un nom bien connu sur le bassin lyonnais, sur des salariés compétents, mais aussi sur notre expérience dans une grande entreprise pour redynamiser une société de transport vieillissante, expose-t-il. Avec l’ambition de devenir un acteur important du dernier km, en régional, dans la marchandise générale. »
Et les choses changent. Loïc Cidolit et Matthieu Aranda créent une holding pour acquérir l’entreprise, puis sont rejoints par Cédric Soubeyrand, aujourd’hui directeur général d’Orion Solutions. Fin 2019, un peu à l’étroit dans les locaux de 1 000 m2 de Genas, ils achètent un dépôt de 3 000 m2 à Saint-Quentin-Fallavier, dans le Nord-Isère, à l’est de l’agglomération, « le cœur du transport et de la logistique, qui deviennent les deux axes de développement complémentaires de l’entreprise », dit le président.
Côté flottes, l’état des camions, principalement en Euro 4 et 5, favorise le renouvellement rapide de l’intégralité de la flotte. Le dirigeant en est convaincu, « les transporteurs doivent absolument réduire leurs émissions et protéger l’environnement ». L’entreprise se dote d’abord de véhicules Euro 6, avant d’engager une transition progressive vers le B100 (13 sur 27 véhicules roulent au colza) et d’installer une cuve de 20 000 litres sur le site. Loïc Cidolit trouve cette énergie « intéressante » car, selon lui, « elle est renouvelable, limite les émissions de 70 % tout en restant performante et adaptée aux distances régionales de 300 à 500 kilomètres par jour ».
Le porteur électrique de 16 tonnes acquis l’an dernier représente, quant à lui, un élément de différenciation et un premier pas vers le zéro émission, pertinent, lui, pour relier notamment le centre de Lyon. « Nous avons démarré sur l’électrique avec Fnac Darty. Nous l’utilisons aujourd’hui à 70-80 % pour eux, le reste pour d’autres chargeurs, explique le dirigeant. Ce client nous a donné l’élan pour investir vite et nous étudions l’achat d’un deuxième véhicule. Mais plus tard, en réfléchissant bien à l’usage. » Le verdissement de la flotte est un point important – d’ailleurs récompensé par une Étoile du transport en novembre dernier, sur Solutrans. Mais l’essentiel dans l’entreprise est bien son personnel, selon Loïc Cidolit. « C’est le pilier de toute stratégie, se félicite-t-il. Tout le monde s’est mobilisé pour progresser. Par ailleurs, s’il a parfois fallu poser le costume et mettre des chaussures de sécurité, notre expérience dans une grande entreprise nous a beaucoup aidés à piloter, sur les plans juridique et financier, en particulier. »
Depuis sa reprise, deux petites années avant la crise Covid, l’entreprise s’est détachée de la location avec chauffeur pour opérer dans le transport de lots et demi-lots, sur des plans de transport dans la région Rhône-Alpes, en lien, par exemple, avec des partenaires européens dont elle assure la distribution sur Lyon, la Haute-Savoie ou l’Isère, après dégroupage sur ses quais. La PME travaille aussi avec des entreprises lyonnaises comme Écho-Vert, à Chassieu, ou la Fnac Darty. Jusqu’à présent, elle a cultivé la diversité des secteurs dans la distribution, à un échelon plutôt régional, en misant sur le travail en direct avec ses clients, des industriels en particulier.
L’entreprise, qui n’a jamais fermé pendant la période Covid, a parfois placé certains salariés au chômage technique, mais sans cesser son développement, en particulier sur la partie logistique. Partant de 1,3 M€ de chiffre d’affaires en 2017, elle passe ainsi à 2,9 M€ en 2019, à 3,3 M€ en 2020, puis 4,3 M€ en 2022. Mais son dirigeant préfère considérer que « 2022 n’était pas une année raisonnable. Toutes les entreprises voulaient stocker. La logistique a pris de l’ampleur, mais on sentait que cela n’était pas normal ».
A contrario, 2023 « a été une année de véritable remise en question, complète-t-il. Comme, sans doute, pour beaucoup de confrères, l’activité a baissé, en logistique en particulier. Fin 2022, les signaux n’étaient déjà pas favorables. Nous avons arrêté le dépôt de Genas que nous avions maintenu pour faire du cross-docking et du dépotage de container. Cela avait du sens de maintenir une offre sur le Rhône en phase de croissance. La période de baisse a tout remis en question ».
L’an dernier, plutôt que de se séparer du personnel, « la force vive de l’entreprise », dit le président, les dirigeants misent sur une nouvelle organisation. Au lieu de réduire la partie transport, ils la renforcent au contraire en cherchant du fret et en investissant dans des personnels « encore plus qualifiés » dans le camionnage et l’exploitation. « L’exploitation est vraiment cruciale pour gérer au cordeau les plans de transport et le chargement optimal des camions, analyse Loïc Cidolit. Nous mesurons deux fois par jour nos commandes, pour mieux anticiper le lendemain. Ça met un rythme, sans mettre la pression. »
Face à la perte, l’an dernier, de 80 % du chiffre de la logistique par rapport à l’année précédente – et parce que l’opportunité se présentait, les dirigeants de la PME ont repris en début d’année l’activité et le personnel d’une petite entreprise voisine, DVV logistique. « Cette opération nous permet de retrouver du stock et d’entrer en lien avec une dizaine de clients en direct, à qui nous pouvons proposer également du transport, note Loïc Cidolit. Cette opération nous permet de retrouver l’équilibre grâce, aussi, à des salariés très compétents. »
Avec l’arrivée des DVV, mais aussi une volonté affichée d’être plus proactifs commercialement et de consolider leur chiffre d’affaires, les associés souhaitent, en s’appuyant sur leur base régionale, ouvrir certains plans de transport au national, vers le Sud ou la région parisienne, en particulier. Sans s’interdire, dans un second temps, peut-être, de réfléchir à une association avec une société plus grande. « Dans ce contexte difficile, il est intéressant d’atteindre une certaine taille pour gagner en productivité et développer de nouveaux marchés, résume le président. Sans négliger que la petite taille de l’entreprise peut accentuer, parfois, la solitude du dirigeant. Au contraire, je crois fortement dans la réflexion et le travail collectifs. »
Siège social : Saint-Quentin-Fallavier (38)
Chiffre d’affaires 2023 : 4 M€
Effectifs : 31 dont 27 conducteurs
Véhicules : 27 véhicules dont 13 au B100 et un électrique
Logistique : 3 000 m2
Activité : 60 % transport, 40 % logistique