Parmi les secteurs qui pourraient être particulièrement impactés par l’interdiction de la participation du conducteur aux opérations de chargement et déchargement, celui des citernes alimentaires et pulvérulents figure en bonne place. En effet, la maniement d’une citerne requiert des connaissances techniques spécifiques. Aussi semble-t-il difficile de demander à ces clients de gérer la citerne. L’AUTF par exemple estime que les contrats type répondent déjà, en France, aux besoins des transporteurs, des expéditeurs et des destinataires. Cette évolution possible de la réglementation est dès lors source d’inquiétude pour une partie des transporteurs du secteur sinon de discussion qui vient s’ajouter à une conjoncture qui n’a pas été favorable en 2023.
Moins optimiste pour 2024
BGE Transports (02) dédie une partie de ses activités au transport alimentaire et de pulvérulent en citerne. L’activité a connu sur ces secteurs deux périodes bien distinctes en 2023 : « Le premier semestre a été difficile quand, au second, nous avons renoué avec des volumes convenables même si, en raison de l’augmentation des charges, les marges ont eu tendance à diminuer », analyse Dany Gaspard, gérant de l’entreprise dont le siège se trouve à Chivy-les-Etouvelles, dans l’Aisne. Pourtant, c’est soucieux que le dirigeant s’apprête à aborder l’année à venir: « Nous sommes moins optimistes en ce qui concerne l’année prochaine et allons en conséquence revoir nos investissements à la baisse. Nous avons ainsi décidé de conserver les véhicules un peu plus longtemps pour faire face à l’augmentation de leurs tarifs. En fonction du matériel, nous avons choisi de le conserver entre une et trois années supplémentaires », révèle Dany Gaspard. La société BGE Transports va en outre « devoir continuer de travailler sur la productivité des conducteurs notamment afin de tenir compte de l’accroissement de la masse salariale consécutif aux augmentations des grilles conventionnelles ».
Des projections contrastées
Sébastien Voisin, gérant des transports Blondel-Voisin (27), anticipe pour des raisons précises avec davantage d’optimisme l’année 2024. « Le bilan de l’année 2023 est simple à dresser: ce fut très compliqué. En raison de la guerre en Ukraine, le prix des céréales était très élevé et beaucoup ont été vendues avant le 31 décembre 2022. Dès lors, l’activité de l’année s’en est ressentie à l’exception des mois de juillet et d’août durant lesquels une amélioration avait été perçue. Mécaniquement la situation va finir par se rétablir, ce qui fait que nous anticipons un bon début d’année prochaine à condition toutefois que nos tarifs suivent. L’année 2024 pourrait même s’avérer bonne car le second semestre est généralement pourvoyeur de volumes », détaille le gérant. L’année qui s’achève a selon Sébastien Voisin également été atypique dans le domaine du recrutement: « Entre le début des mois de mai et d’octobre, nous n’avons reçu aucun CV. Depuis l’automne en revanche, il y a un retour à la normale sur ce plan ». 2023 aura enfin marqué une évolution de l’organisation du transporteur qui a mis en service une station de lavage.
Pas de reprise avant 2025
Jonathan Delisle, président du Groupe Delisle, pointe pour sa part, une différence entre vrac alimentaire et vrac industriel. « À périmètre constant, la baisse des volumes en citerne alimentaire aura été de 5% environ sur l’année écoulée. Elle s’est faite ressentir sur chaque client de manière équivalente. Elle peut être attribuée à une diminution du pouvoir d’achat des consommateurs qui s’est notamment traduit par une réduction du nombre de sorties au restaurant. En ce qui concerne l’industriel, avec par exemple des produits pétrochimiques tels que les plastiques ou les PVC, la situation était convenable jusqu’au milieu de l’année avant de se dégrader fortement depuis le mois de septembre. Dans ce domaine nous anticipons une baisse de 10 à 15% d’ici la fin de l’année. » Quelles perspectives peuvent dès lors être esquissées? « Dans la pétrochimie et le BTP, avec des produits comme le ciment, le plâtre ou la craie, nous n’attendons pas de reprise avant 2025, une fois les JO 2024 passés. Beaucoup de produits issus de la pétrochimie que sont le PVC ou les plastiques sont actuellement décriés; la baisse d’activité sur ce plan est ainsi probablement plus structurelle. Quant à l’alimentaire, il faut espérer une reprise dans le courant de l’année prochaine », avance le dirigeant.
Une station de lavage peut accroître la productivité
Particulièrement important pour le secteur, le lavage des citernes reste au centre de décisions parfois stratégiques. Inaugurée le 1er août dernier, la station des transports Blondel-Voisin, qui est équipée pour les lavages intérieurs et extérieurs, est agréée ISO 22000. Sébastien Voisin se félicite de l’investissement consenti: « Grâce à notre station, nous avons économisé du temps de conduite et retrouvé de la productivité sur nos activités de citerne ». Cette station s’ouvre aussi progressivement à des confrères, le gérant se montrant « très fier des laveurs qui accomplissent un travail qui satisfait les clients de la station ». BGE Transports dispose également de stations de lavage, ce sur ses deux sites, de Chivy-les-Etouvelles et de Villers-Carbonnel, dans la Somme. Le Groupe Delisle compte de son côté non moins de vingt-quatre stations dont neuf qui sont réparties sur les sites de Bollène (84), Connantre (51), Fagnières (51), Lillebonne (76), Roisères-aux-Salines (54), Saint-Soupplets (77), Tilloy-les-Mofflaines (62), Varangeville (54) et Verdun (55) adhèrent à l’Aplica, l’Association Professionnelle des Laveurs Intérieurs de Citernes Agréés. L’association compte au total 81 stations qui sont pour l’essentiel distribuées sur un arc de cercle allant du Nord au Sud de l’Hexagone en passant par l’Est.
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