Aller plus vite, toujours plus vite. L’économie de la livraison n’en finit pas de vouloir réduire toujours plus le laps de temps entre l’acte d’achat et la mise à disposition d’un produit auprès du consommateur. Avec la commercialisation de la solution Gégé (téléchargeable gratuitement sur Google Play et Apple Store), le groupe VIR Transport frappe un grand coup. Il offre la possibilité au client de prendre possession de son produit dans les deux heures qui suivent son passage en magasin ou (bientôt) sa commande passée au travers l’offre multicanale des enseignes de distribution. Gégé – nom de code choisi pour son côté « simple, populaire et mémorisable », mais aussi clin d’œil à Gérard Cohen Boulakia, le fondateur de VIR Transport – s’est mis en ordre de marche le 12 décembre dernier. Le nouveau concept du groupe VIR a pris ses quartiers en Île-de-France. Il compte viser, dans un second temps, les métropoles lilloise, marseillaise et lyonnaise.
Le consommateur peut réceptionner sa marchandise 7 jours sur 7 (y compris les jours fériés), de 7 heures à 22 heures. Les livreurs Gégé sont ainsi en mesure d’assurer la prestation dans les deux heures qui suivent la commande, mais également à l’heure précise (au-delà des 2 heures) choisie par le client final. La prestation Gégé couvre le même spectre produit que VIR Transport, du meuble au canapé en passant par la literie, les articles de décoration ou l’électroménager. Les clients historiques du groupe parisien se sont ralliés à la nouvelle offre H + 2 commercialisée par Jeremy Cohen Boulakia, le président du groupe, et ses équipes. On y trouve, selon ce dernier, des enseignes de la grande distribution comme Carrefour, Ikea, Conforama, Habitat et La Compagnie du lit. « Nous avons également démarré l’activité avec de nouvelles enseignes qui n’étaient pas dans le périmètre VIR », assure le jeune président du groupe.
La solution Gégé se veut souple, sans contrat ni engagement de volumes pour le magasin client. « Le point de vente nous transmet l’ordre au travers un accès personnalisé sur le site web www.mongégé.com et commande une course pour le compte de son client, explique Jeremy Cohen Boulakia. Le client reçoit instantanément un SMS avec un lien Url qui lui permet d’avoir accès à un certain nombre d’informations : l’identité du chauffeur, sa photo, le tracing du trajet sur une Google map, l’immatriculation du véhicule, la notation du conducteur ou des deux livreurs… On peut même disposer d’une vue sur le véhicule au moment de son chargement en magasin. L’opération se poursuit avec l’envoi d’un deuxième SMS, accompagné d’un autre lien Url qui permet au consommateur de conserver un œil sur le trajet entre le magasin et son domicile. Enfin, un troisième SMS est envoyé pour la notation du ou des livreurs par le client ».
Gégé s’est fixé pour objectif numéro un de tenir la promesse du temps de livraison en dédié. Un engagement qui nécessite une organisation irréprochable accompagnée d’investissements lourds, notamment au plan technologique. Le système maison – « très éprouvé en interne », selon Jeremy Cohen Boulakia — vise à affecter la course au livreur le plus proche ou à l’équipe la plus habilitée à accomplir la mission, le tout en intégrant des données comme les temps de repos ou l’affectation de la prestation au livreur le mieux loti en terme d’étoiles. L’enveloppe consacrée au lancement de Gégé dépasse le million d’euros, selon le président du groupe.
Les livraisons sont effectuées en VUL (1 tonne de charge et 20 m3) dans 95 % des cas, sur fond de mutualisation avec l’offre et les tournées historiques de VIR. À fin décembre, la flotte aux couleurs de Gégé avoisinait, toutefois, les 30 véhicules. « Nous en compterons 45 à la fin du mois de janvier », assure Jeremy Cohen Boulakia. Quelle sera la part entre l’activité sous-traitée et celle confiée aux sous-traitants ? « Difficile à définir pour l’instant », souligne le dirigeant du groupe VIR. Pour l’heure, l’organisation Gégé ne table pas sur une optimisation des moyens (un Gégé Pool devrait être mis sur pied dans un second temps). Les magasins ne sont soumis à aucune contrainte en matière de volumes. « Le sujet essentiel de cette offre c’est l’immédiateté, la possibilité de permettre à l’acheteur de profiter de son produit instantanément, indique Jeremy Cohen Boulakia. Il lui sera possible de choisir son tarif de livraison en fonction de ses attentes. Par exemple, s’il souhaite recourir à “Gégé la débrouille”, nous lui monterons son article à l’étage et il l’installera lui-même ; s’il veut “Gégé les gros bras”, nous lui assurons le montage de son produit ; et s’il souhaite “Gégé la bricole”, nous acheminons les produits à l’étage et nous les installons. Ces trois offres sont proposées par les magasins au consommateur au moment de la commande ».
À l’heure où les prestataires transport – les plateformes numériques surtout – rivalisent d’imagination pour porter l’information la plus fiable possible à l’attention du consommateur, dans des délais toujours plus courts, Gégé revendique sa différence, comme l’explique Jeremy Cohen Boulakia : « De multiples start up proposent des services de livraisons dits express qui permettent de réserver un véhicule pour livrer des produits. Gégé, de son côté, entend mettre en avant la vitalité d’une start-up assise sur les 31 ans d’expérience de la livraison et du montage de meubles et d’électroménager de VIR Transport ». Pointant du doigt le flou qui entoure, parfois, les conditions générales de vente et le cadre social dans lequel s’effectuent les prestations de livraison pilotées par les plateformes numériques, le président du groupe VIR Transport assure que « Gégé est une start-up fondée dans un cadre juridique, social et fiscal clair ». Le dirigeant parisien se défend de toute « ubérisation » de sa nouvelle offre commerciale. « Nos salariés sont déclarés, nos sous-traitants enregistrés et déclarés eux aussi. Tous nos partenaires sous-traitants figurent également au régime Urssaf et sont soumis à la TVA, la DUE, la CNIL, les droits à la géolocalisation et à l’image. Tous ces sujets sont encadrés et tendent à rassurer les enseignes qui nous font confiance ». Le groupe parisien a procédé au recrutement de chauffeurs, d’exploitants et de commerciaux. L’« appli Gégé » doit faire l’objet d’une campagne de promotion sous la forme d’actions de communication sur les réseaux sociaux et de co-branding avec certaines enseignes, d’opérations de street marketing et de distribution de codes promotionnels pour le téléchargement de l’application. Le plan d’affaires mis sur pied par les dirigeants de Gégé table sur un revenu de 3 M€ pour la première année d’exercice, suivi d’un bond entre 7 et 8 M€ l’année suivante. En termes de relais de croissance, Gégé doit se décliner dans un second temps dans une version C2C.
CA : 49 M€
Effectif : 650 salariés
Parc : 270 cartes grises (200 VI de distribution)
Activité : livraison de meubles, électroménager, articles de décoration, literie-canapé sous les marques VIR et Gégé.
La marque historique du groupe doit élargir prochainement son offre aux livraisons le soir, les dimanches et les jours fériés ; le choix des créneaux horaires doit également être proposé au consommateur dès le point de vente ou le centre d’appels. Des technologies ont été installées sur les plateformes VIR, qui permettent au consommateur de suivre l’arrivée de l’équipe de livraison en direct sur son smartphone et de savoir si le véhicule avec lequel est assurée la livraison est propre. Le groupe annonce avoir engagé récemment des plans de formation importants en direction de ses salariés. « Tous nos collaborateurs sont à présent titulaires des habilitations électriques et ont été formés aux bons gestes et postures », indique son président Jeremy Cohen Boulakia. Lequel affirme consentir « des efforts colossaux en matière de développement durable ». Le dirigeant parisien assure que 70 % de son parc de véhicules roule avec le label Euro 6 et au bio méthane (50 véhicules fin décembre, selon Jeremy Cohen Boulakia). VIR Transport aura bouclé l’exercice 2016 sur un chiffre d’affaires de 49 M€. L’entreprise emploie 650 salariés « en CDI » et exploite un portefeuille de 270 cartes grises ainsi qu’un réseau d’une vingtaine de plateformes en France.
S. B.