Le projet 2020 en phase active

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Le groupe Olano, labellisé Ademe depuis 2016, est en ordre de marche, dans un calendrier pointé vers 2020. La stratégie, loin d’être gardée secrète, est partagée en interne et à l’extérieur. Ce qui vaut un discours de la méthode.

Objectif : 500 millions d’euros de CA et 1 500 véhicules en propre. La double perspective fait tilt. Mais ce serait simpliste de réduire à ces deux chiffres -aussi ronds que symboliques– le projet 2020 qu’a patiemment construit le groupe Olano, avec un temps intermédiaire en 2018 fixé à 400 M€. Le business plan 2020 a été présenté dans le détail, en août 2016, aux cadres dirigeants et associés du groupe, dont le déploiement nécessitera croissance organique et acquisitions (voir encadré). La stratégie apparaît en clair dans un épais book de 350 pages, mémento pratique que seuls une quarantaine de cadres et dirigeants partagent. C’est à sa lecture qu’on comprend que le groupe Olano est viscéralement porté par une méthode de gestion, tant humaine que financière, et une analyse des marchés du froid et du frais, qui font sa marque de fabrique. « Toute ma vie, j’ai eu ce projet d’entreprise et je m’y suis tenu », assure Nicolas Olano, le fondateur qui a démarré sur le port de Saint-Jean-de-Luz avec un camion en 1975. En 2017, il annonce près de 300 M€ de chiffre d’affaires avec 42 sites (en France et dans l’Europe du sud), 800 véhicules en propre et un millier de véhicules affrétés chaque semaine.

La méthode, c’est d’abord une gouvernance réglée au millimètre et incarnée à trois, avec les enfants Sandra et Jean-Michel. Le triumvirat, à 100 % maître de la holding Olano Services, s’est réparti les rôles : gestion, technique et informatique dans les mains de Jean-Michel ; politique RH, communication et organisation sous la coupe de Sandra ; opérationnel et clients à la charge de Nicolas. La stratégie est décidée à trois. « Notre gouvernance, c’est le moteur de notre avancée », note Nicolas Olano. La méthode, c’est aussi un groupe de direction de 35 personnes, qui actualise le projet d’entreprise tous les ans, et une organisation par centre de profits. Elle donne une certaine indépendance aux patrons de sites ou de sociétés, tous attestataires, bientôt réunis à Lyon pour le séminaire annuel (avec visite chez Lamberet). Originalité : beaucoup d’entre eux sont associés minoritaires ou à parité. Une trentaine dans ce cas. Quelques-uns, tels Laurent Ladoux, Jean-Claude Porot et Gérard Galvaing, ont été intégrés à la suite d’un rachat, devenant chefs de file d’une filière ou d’un marché.

Culture d’entreprise

L’enjeu est ainsi dans l’équilibre des forces, entre l’autonomie de décision en région et la cohérence de groupe, dans l’optique d’économies d’échelle. « Nous ne dévions pas de notre schéma industriel », rappelle Nicolas Olano. Objets d’une attention particulière, la formation et la communication servent à mettre l’ensemble du groupe au diapason. La promotion interne via la Olano Academy créée, avec l’Aftral, en 2014, est dans la culture d’entreprise. « Nous privilégions le management par la qualité. Le groupe n’hésite pas à faire de la montée en compétence. Nous comptons 200 agents de maîtrise sur 1 600 personnes. C’est une force », indique Sandra Olano. La communication emprunte un circuit qui permet aux informations de descendre et de monter, de traverser toutes les strates du groupe, du conducteur au directeur de site. C’est pourquoi ont été créés le comité de relais formateurs (20 conducteurs réunis deux fois par an) et le comité de managers de proximité (20 personnes rassemblées deux fois par an). « Le lien direct avec le siège est indispensable », note Sandra Olano. Pour huiler le processus, un « pacte social » a été mis en place, qui bénéficie d’un abondement de 3,7 M€ par an, hors obligations légales (couverture sociale et mutuelle). Plus surprenant, le devoir d’informations associe aussi les partenaires historiques d’Olano (banques, fournisseurs, assureurs, élus locaux…) invités chaque année, dans un cadre formalisé, à partager les chiffres et projets du groupe. La libre expression est de mise. « Les échanges sont passionnants. Peu de nos clients ouvrent ainsi leur entreprise et nous intègrent dans leur réflexion stratégique », reconnaît Alain Guermeur, président de Chereau, qui fait partie des initiés.

Croissance rentable

Au nom de la croissance rentable, l’ambition des dirigeants passe par un EBIDA de 12 % « minimum ». Les reportings (quotidiens, hebdo et mensuels selon les priorités), statistiques et contrôles opérationnels forment la pierre angulaire de cet objectif non négociable, solidifiée par une architecture informatique et des outils maison, conçus par la filiale dédiée OLASI. « Le contrôle opérationnel et l’analyse de la production sont la clé de tout. Ils vont de pair avec notre capacité à mesurer précisément la rentabilité des activités, par clients, par ligne… », assure Sandra Olano. Elle autorise le groupe à tabler sur des investissements récurrents, entre 40 et 45 M€ par an, les deux tiers visant l’immobilier (constructions et agrandissements) et un tiers fléché vers le renouvellement du parc roulant (Scania, Volvo et Mercedes pour les moteurs ; Lamberet et Chereau pour les semi). Tout en maintenant l’endettement en dessous de 50 % de la valeur du groupe. « Certains investissements ont pour origine l’accompagnement d’un client », précise Nicolas Olano, pour qui le client est « toujours au centre de la stratégie ». Olano répond à une quinzaine d’appels d’offres par semaine. « Tous nos directeurs de site sont des technico-commerciaux, guidés par l’opérationnel. Ce qui sous-entend d’être, à la fois, expert et polyvalent », précise Sandra Olano.

Quatre filières

Sans se cacher, Olano pousse ses pions dans quatre filières : les produits de la mer (25 % du CA) ; le surgelé (40 %) ; les produits frais (25 %) et la viande (10 %). Dans les produits de la mer, Olano vise les 100 M€ de revenus, soit plus de 400 000 tonnes de produits distribués par an, en profitant de l’organisation de SeaFoodways, en réseau avec Stef, Express Marée, O’Toole, Med Frigo, Kotra… Dans le surgelé (stockage et distribution), Olano a augmenté ses capacités avec un million de m3 et 150 000 palettes. Le groupe vise à renforcer son maillage dans l’Est de la France et en Rhône-Alpes. Avec les produits frais, pour un volume de 800 000 tonnes, Olano exploite 200 000 m3 et 45 000 palettes. Avec une spécialité dans la logistique du chocolat et des produits laitiers. Enfin, les produits carnés font l’objet de zones d’expédition et de distribution qui vont jusqu’en Allemagne et aux Pays-Bas. Au total des activités, la logistique et la distribution avale représentent 70 % du business et le transport amont 25 %. Avec un pilotage des flux qui coordonne un millier de véhicules affrétés par semaine.

Cette approche par filière va de pair avec une expansion géographique, initiée dans l’Est de l’Hexagone et en Europe du sud (Espagne, Portugal et Italie). En Espagne, Olano a multiplié les croissances externes, autour de Madrid, en Galice, en Andalousie, en Catalogne… Des plateformes ont été agrandies, d’autres sont sorties de terre, comme à Valence (Espagne) et Guarda (Portugal) dédiées à l’activité surgelés. « Notre maillage et notre plan de transport nous permettent d’être très présents sur ce marché. Sur les 400 M€ de chiffre d’affaires visé, la péninsule ibérique représentera 150 M€. Mais nous avons toujours en tête d’équilibrer les flux entre l’Espagne et l’Italie », précise Nicolas Olano. Dans ces pays, le groupe jouit d’une solide notoriété. Elle lui a permis de recevoir le président de la République du Portugal, Marcelo Rebelo de Sousa, venu en personne couper le ruban de l’extension de la plateforme de Guarda, ouverte en 2016. L’événement politique a donné l’occasion au groupe français de marquer un peu plus son territoire en terre ibérique.

Accord signé avec Galvaing Frères

Les Transports Galvaing Frères, à Cournon d’Auvergne (63), sont entrés dans le giron du groupe Olano, en décembre, la moitié du capital restant dans les mains de Gérard Galvaing (62 ans). L’opération a été réalisée mi-décembre. Avec 16 M€ de chiffre d’affaires (+ 22 % entre 2013 et 2016) et une centaine de salariés, cette entreprise créée en 1945 affiche un solide savoir-faire dans le frais, avec des positions fortes dans la région Auvergne et Rhône-Alpes. « C’est un vrai transporteur, note Nicolas Olano. Nous partageons les mêmes valeurs et pour Gérard Galvaing, notre association représente l’assurance de rester dans un groupe familial ».

Repères

CA 2015 (consolidé) : 235,8 M€

Résultat d’exploitation : 12 M€

Résultat net : 7,2 M€

Effectif : 1 600 salariés

Parc roulant : 800 moteurs

Logistique :900 000 m3

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