Qui peut le plus, peut le moins. C’est avec la maxime de son père, à l’origine de la création de l’entreprise, en 1971, que Pierre-Alexandre pilote les Transports Serge Derval depuis 2003. « Nous sommes l’un des rares acteurs du marché national à être spécialisés dans le transport de marchandises volumineuses et légères avec des camions remorques. Cette spécificité nous conduit à intervenir dans toute la France, à l’exception de la Bretagne et du Sud-Ouest. L’avantage de ce type de véhicules est d’offrir une capacité de chargement importante, de 120 m2, qui permet de charger cinq palettes de plus que dans un semi (38 contre 33). Cela baisse le coût de la palette transportée. Les camions remorques sont donc particulièrement adaptés au transport d’emballages vides (cartons, bidons,…) ou de produits d’isolation. » Les camions remorques présentent d’autres avantages techniques : grâce à la passerelle reliant le camion à la remorque, un seul quai suffit ; plus faciles à manœuvrer, ils offrent un gain de temps au chargement et à la livraison ; enfin, il y a plusieurs possibilités de chargement (arrière, côtés). Mais à la différence des semi, on ne peut les décrocher pour les entreposer temporairement. Pour éviter cet écueil, le transporteur angevin fonde son activité d’abord sur ses retours. « Nos retours constituent le moteur de l’entreprise. Nos clients sont essentiellement installés dans le nord de la France, en Rhône-Alpes ou en PACA. Il s’agit surtout de clients « historiques » qui nous ont retenus pour nos spécificités et avec lesquels nous travaillons depuis des années », indique Dominique Derval, l’épouse de Pierre-Alexandre.
Ces deux-là se connaissent depuis leurs 15 ans. Lui, a toujours travaillé dans l’entreprise familiale. Il a débuté comme mécanicien dans la fosse, avant de suivre en alternance une école de transport à Paris. Même s’il conduit très peu, il était récemment en FCO « pour se tenir à la page ». Elle a travaillé dans une société de location de voitures avant de le rejoindre en 2007. Ensemble, ils ont repris la cogérance de l’entreprise en 2013. Dans le couple, chacun joue son rôle. Lui, chapeaute la partie commerciale et l’exploitation. Elle, se charge des achats (hors maintenance), des ressources humaines et de la gestion.
Depuis la crise de 2008, le transporteur fait du contrôle de gestion son credo. Toute l’organisation a été remise à plat et chaque poste étudié à la loupe dans le but d’optimiser tous les aspects de l’exploitation. En revoyant les itinéraires, les frais d’autoroute ont ainsi été divisés par deux. Pour réduire les horaires, six conducteurs sont affectés à cinq véhicules, avec un chauffeur « volant » pour remplacer les autres pendant leurs périodes de repos. « Nous affichons le planning des chauffeurs deux mois à l’avance, ce qu’ils apprécient car ils peuvent ainsi organiser leur vie familiale et sociale », indique Dominique Derval. L’anticipation est aussi le maître mot côté mécanique. Les visites et contrôles sont planifiés sur l’année dès le mois de janvier. Cela limite les imprévus et rassure l’exploitation qui sait toujours quels véhicules sont disponibles, ou non. L’adhésion au groupement Astre, en 2012, est également à mettre au crédit de cette culture d’organisation et d’anticipation. « Nous étions alors à un seuil de chargement ne nous permettant pas d’augmenter notre flotte, mais nous ne voulions pas pour autant prendre le risque commercial de refuser des opportunités… », se rappelle Pierre-Alexandre Derval. Le recours aux confrères du réseau a permis de faire de l’affrètement sécurisé et de garantir les prestations. Et accessoirement d’augmenter l’activité d’un million supplémentaire – le chiffre d’affaires est passé en cinq ans de 5 à 6 M€.
De la culture du reporting est née une nouvelle relation client basée sur l’échange approfondi d’informations. L’approche a permis de détecter l’origine de certains litiges et de sécuriser la livraison en faisant prendre le rendez-vous chez le destinataire directement par Derval lui-même. « Nous faisons le point régulièrement avec les clients. Nous cherchons avec eux les moyens d’être plus performants en améliorant notre organisation. Nous leur apportons un vrai rôle de conseil et d’expertise, notamment en matière de conditionnement et de chargement. Nous ne sommes pas seulement des transporteurs qui tournent le volant : nous sommes des prestataires qui analysent les besoins du chargeur et nous lui apportons une solution évolutive », insiste Dominique Derval. Un moyen efficace pour reléguer la question des tarifs au second plan. Grâce à cette politique, les Transports Derval n’ont jamais connu de trou d’air. L’activité croit régulièrement, comme lors du dernier exercice (clos fin mai 2016) au cours duquel le chiffre d’affaires a progressé de 2 %.
Les prochains gains de productivité proviendront des stages d’écoconduite. La consommation moyenne dans l’entreprise s’établit à 30 l/100 km (26 pour les meilleurs, 34 pour les moins bons), mais « on peut viser les 28 litres », assure Pierre-Alexandre Derval. Les mesures de l’outil Dynafleet sont passées au crible et la direction n’attend plus la fin de semaine pour prévenir le conducteur déviant. « Nous l’appelons dès le matin et il se corrige de lui-même », note Pierre-Alexandre Derval.
En attendant, le couple de dirigeants ne s’endort pas sur ses lauriers et continue d’œuvrer au développement de l’entreprise. Surtout si des opportunités de croissance externe se font jour. « Soit pour nous renforcer dans notre métier sur une autre région, soit pour nous diversifier », distille laconiquement Pierre-Alexandre Derval. Lequel précise être nullement pressé. Parallèlement, le duo s’attache à transmettre du mieux possible certaines compétences pour déléguer et assurer la pérennité de l’entreprise. « Elle ne doit pas dépendre uniquement de nous », souligne Dominique Derval.
• Siège : Saint-Martin-du-Fouilloux (49).
• CA (au 31/05/16) : 6 M€
• Résultat net : 200 000 €.
• Parc : 38 camions remorques.
• Effectif : 49 salariés dont 42 conducteurs.
Activités : lots complets et demi-lots de marchandises volumineuses et légères (emballages, etc).
Une politique d’optimisation de l’exploitation passe évidemment par une maîtrise des coûts de son parc. Après avoir eu recours à différentes marques, Derval s’est résolu à mener un comparatif grandeur nature en 2010 et 2011, à l’occasion de l’entrée en vigueur des nouvelles normes antipollution (Euro 5) et ce, afin de tester les modèles de différentes marques en situation réelle. « Il s’agissait d’apprécier le coût de détention en calculant la consommation et l’entretien, mais aussi de faire évaluer le confort de conduite par nos équipes », rapporte Pierre-Alexandre Derval. Qui dit avoir eu de bonnes et de moins bonnes surprises… : « En fait, chaque activité possède ses contraintes propres. Et un modèle performant chez un confrère peut se révéler peu compétitif chez nous. Au terme de notre expérimentation, il s’est avéré que les Volvo étaient les plus intéressants pour le transport léger de grands volumes. » Chaque véhicule des Transports Serge Derval parcourt, en moyenne, 120 000 à 150 000 km par an, pour un total de plus de 4,5 millions de km. L’entretien et la maintenance sont assurés par les deux mécaniciens du garage de Derval. Le choix de Volvo correspondait également à la volonté du transporteur de réduire ses émissions de CO2 dans le cadre de son engagement lié à la signature de la Charte Objectif CO2 en 2010. Début 2016, les Transports Serge Derval ont obtenu le label Objectif CO2.
T. B.