Dédiée à la branche Services–Courrier-Colis du groupe La Poste, maison mère de Viapost jusqu’en 2017, l’activité transport s’est ouverte depuis à d’autres clients. « Sur un chiffre d’affaires de 300 M€ réalisé dans l’organisation de transport, 7 % sont déjà générés avec des clients tiers représentant un flux de l’ordre de 100 000 palettes par an », confie Grégory Lapuente, directeur commercial de Viapost, qui a structuré cette offre autour de trois prestations : une messagerie palettisée France 1 à 3 palettes (V-Unit), le transport de lots et en complet 4 à 33 palettes France et Europe (V-Regular) et un service d’affrètement France et Europe pour des envois urgents ou en juste-à-temps dès 4 palettes (V-Fret). « Un début », assure le responsable. Les trois acceptent toutes les marchandises à l’exception des produits sous température dirigée et nécessitant des manutentions spécifiques tandis que les matières classées dangereuses y sont étudiées au cas par cas. « Nous proposons des services complémentaires comme la livraison sur rendez-vous, avec hayon, en véhicule léger, avec assurance ad valorem… », précise le directeur commercial.
À l’attention de l’industrie et de la distribution, cette nouvelle offre BtoB a été conçue à partir du réseau déployé pour la branche Services-Courrier-Colis pour laquelle Viapost agit en tant que commissionnaire. Composé de huit implantations nationales dont six hébergent des pôles d’affrètement, ce réseau pilote plus de 5 300 liaisons routières nationales, régionales et départementales 6 jour/7 voire 7 jours/7. Pour relever ce défi, « nous collaborons avec un millier de transporteurs de toutes tailles, dont 80 % sont français, à la tête de flottes rassemblant une grande diversité de véhicules, de la fourgonnette au 44 t », présente Nicolas Petit. « Soit un parc de près de 1 100 utilitaires de moins de 3,5 t, 2 700 porteurs 12 à 19 t et de 1 800 ensembles semi-remorques dont une cinquantaine double plancher », précise le directeur transport.
Bien que ces transporteurs soient sélectionnés sur appel d’offres soumis à des critères stricts, la majorité travaille avec Viapost depuis plusieurs années. En avril et en octobre, deux vagues annuelles d’appels d’offres composées chacune de quelques centaines de liaisons routières sont lancées par le commissionnaire. « Les transporteurs qui souhaitent y participer doivent fournir obligatoirement une dizaine de documents légaux (Kbis, attestations Urssaf, etc., Ndlr) transmis au moyen d’un portail numérique, indique Nicolas Petit. Privilégiant les entreprises engagées dans la démarche Objectif et/ou Label CO2, nous demandons systématiquement des informations sur la composition de leurs parcs diesel Euro V et VI, GNV et électrique. Dès que c’est possible, nous favorisons les motorisations alternatives. En augmentation constante, 4 % des kilomètres parcourus au sein de notre réseau sont réalisés par des motorisations GNV ; cela correspond à 15 millions de kilomètres par an. D’ici cinq ans, notre objectif est d’atteindre 10 % ». Pour soutenir cette ambition, les tarifs proposés tiennent compte des investissements dans ces parcs dans le cadre de contrats de trois ans minimum, durée de contractualisation classique de Viapost avec ses transporteurs. « Avec des énergéticiens, nous travaillons sur le déploiement de stations-service GNV sur nos implantations. La première verra le jour en 2020 sur notre site logistique de Chelles, en Seine-et-Marne », précise le directeur transport.
Parmi les autres informations demandées à chaque appel d’offres s’ajoutent des données sur la solidité financière du transporteur par le biais de ses trois derniers comptes de résultat et, pour les nouveaux participants, sur leur portefeuille commercial afin d’éviter une trop grande dépendance le moment venu. « Un élément décisif concerne l’organisation du transporteur », commente le directeur transport.
Autorisées à rouler 7 jours/7 – 365 jours/an avec des flux postaux et de presse sous des délais J+1 parfois, la réactivité et la garantie de capacités disponibles sont essentielles », insiste Nicolas Petit. Aussi sont exigés l’équipement d’un système de géolocalisation à bord des véhicules et une hotline H24, sachant que les liaisons opérées par Viapost circulent de jour comme de nuit. « La planification et la régulation des liaisons nationales sont pilotées de jour comme de nuit par un centre au Kremlin–Bicêtre. Celles organisées sur le plan régional et départemental sont gérées par nos implantations territoriales le jour qui passent le relais au Kremlin-Bicêtre la nuit. » Pour tous les flux postaux et de presse, Viapost utilise un TMS maison interfacé à son ERP SAP ainsi que des applications d’optimisation et de modélisation de tournées exploitées en synergie avec le groupe La Poste. Pour les clients tiers, des systèmes d’information dédiés ont été déployés autour des TMS Item Care et Teliae. Également interfacés à son ERP, ils fournissent notamment le bilan carbone de chaque transport.
Ces outils aident à optimiser le plan de transport et à manager la qualité de service des transporteurs au moyen d’une série d’indicateurs (KPI). « Sont suivis par exemple les kilomètres à vide et en charge, le coût kilométrique, les émissions de CO2, la ponctualité au départ et à l’arrivée, la qualité des matériels… », commente Nicolas Petit. Les résultats obtenus alimentent un mécanisme de bonus-malus et servent lors des réunions organisées avec les transporteurs à un rythme annuel ou trimestriel pour la dizaine qui concentre 20 % des achats transport de Viapost. Il s’agit notamment de Chalavan & Duc, TEE, Perrenot, Jardel, Mauffrey, Courrier TPS Mimetains, Orain, Transcolis, Bernard André et Elsam.
Les contrats conclus avec ces derniers comprennent des clauses capacitaires spécifiques contre rétribution qu’elles soient utilisées ou pas. Elles portent sur la mise à disposition garantie de véhicules « en réserve » sous un délai de trois heures sur certains points stratégiques du réseau en cas de pics d’activité ou de problèmes rencontrés sur des liaisons. « C’est ce réseau global décliné sous les services palettisés V-Unit, V-Regular et V-Fret, que nous ouvrons aujourd’hui à tous les clients », déclare Grégory Lapuente.
En 2018, le chiffre d’affaires de Viapost s’est élevé à 580 M€ autour de trois métiers : l’organisation de transport (50,4 %), la logistique (49,2 %) et la nouvelle activité maintenance industrielle (0,4 %). Créée en 2008, l’entreprise filiale du groupe La Poste emploie 2500 collaborateurs.
• Siège : Paris (75)
• CA : 580 M€
• Parc transporteurs : 2 700 porteurs, 1 800 semis, 1 100 VUL
La branche Services-Courrier-Colis de La Poste confie à Viapost l’organisation du transport de toutes ses marchandises (colis, courrier, presse…) conditionnées en vrac, sacs et rolls, sur palettes ou dans des contenants spéciaux, entre ses différentes plateformes de tri et de distribution. Soit entre 170 plateformes régionales et départementales, 23 hubs colis et palettes, 15 centres dédiés aux flux colis et 2 plateformes multiflux. Par an, ce réseau achemine 9 milliards de courriers et plis dont un milliard en J+1, 360 millions de colis (en forte croissance portée par l’e-commerce), 815 millions d’exemplaires de presse et 215 millions de petits paquets internationaux import pris en charge dans les centres de tri aéroportuaires de La Poste. Expédiés 6 jours/7 ou 7 jours/7, ces flux représentent 900 liaisons routières nationales et 3 400 tournées régionales pour l’acheminement du courrier, 390 lignes routières pour la presse et les petits paquets import et 650 dédiées aux colis avec des remorques détenues par Viapost. En complément des capacités routières de ses transporteurs affrétés (détaillées dans l’article) Viapost s’appuie sur 6 liaisons rail-route entre Paca et l’Île-de-France, 9 liaisons aériennes et 18 lignes routières européennes import-export.
E. D.