Toujours avoir un coup d’avance. Telle serait la devise de Claude Rault, le patron des transports éponymes, l’une des figures du TRM au cours des actions des Bonnets rouges en 2013. Afin d’anticiper les besoins en stockage, la SAS implantée à Saint-Thuriau (Morbihan) injecte ainsi 2,5 M€ dans une nouvelle base logistique à Plumelin, à 25 km, dans le but de se rapprocher de l’un de ses clients. De quoi gagner 48 000 km sur une année et diminuer son empreinte carbone. En cours de construction, la future plateforme, dont la livraison est annoncée pour mars prochain, après cinq mois de travaux, est située sur un emplacement stratégique, dans le parc d’activités de Keranna, en bordure de la RN24. Équipée de quatre quais, elle s’étend sur 5 200 m2, sur un terrain de 3 ha. Pas encore opérationnel, le site est déjà voué à évoluer. « Une nouvelle tranche de travaux de 6 000 m2 sera lancée en septembre alors que, dans les trois à quatre ans à venir, le site devrait monter en puissance avec 6 000 m2 de stockage supplémentaire, pour un budget de 5 M€. » Au total, la capacité des entrepôts atteint désormais 25 000 m2 répartis sur six sites (Plumelin, Saint-Caradec et Pontivy) dans un rayon de 20 km. Lancée depuis 2006, l’activité de stockage génère aujourd’hui 1,5 M€ de revenus. Avec cette nouvelle base, le transporteur table sur une croissance de 20 %.
Accroître ses capacités de stockage n’est pas anodin. « Le transport régional va prendre de l’ampleur, d’où la création d’entrepôts pour rester proches de nos clients », indique Claude Rault qui projette d’augmenter de 50 % à 60 % la part du chiffre d’affaires (6 M€ en tout) consacré au transport régional dans les deux ans, et donc de réduire de 50 à 40 % ses rotations nationales. À noter que l’international (Allemagne et Italie) ne concentre que 1 à 2 % du chiffre d’affaires.
Si la plateforme logistique de Plumelin est vouée à s’agrandir, il n’est pas exclu d’y voir apparaître des panneaux photovoltaïques et une station à hydrogène. Un projet qui ne verrait pas le jour avant cinq ans en raison, notamment, de son coût : 1,4 M€ rien que pour la station. Il faut souligner que l’écologie est le cheval de bataille de Claude Rault. Déjà signataire de la charte Objectif CO2, le transporteur qui envisage à présent d’obtenir, d’ici la fin de l’année, le label CO2, a souhaité se positionner sur la livraison du dernier kilomètre avec le projet Objectif zéro poids lourd en 2016. Il compte également acquérir une fourgonnette électrique et un poids lourd hybride. Mais force est de constater que « cela a du mal à prendre » car « les politiques ne sont pas fermes pour interdire les poids lourds dans le centre-ville de Pontivy », pense-t-il.
Claude Rault a donc opté pour une autre solution : l’huile de colza. Encouragé par ses clients, c’est à l’occasion du salon Solutrans, à Lyon en novembre 2019, qu’il a franchi le pas pour être le premier transporteur breton à utiliser ce biocarburant baptisé Oleo100. Dès décembre, la cuve était installée et les premiers pleins effectués. Désormais, 24 camions Euro V DAF sont homologués. « Notre objectif est de convertir 75 % de la flotte », indique le transporteur. Le coût est équivalent à celui du gazole et, surtout, cette énergie permet aux Transports Rault de se différencier lors d’appels d’offres. Le transporteur breton compte aussi se démarquer avec l’acquisition d’un camion à hydrogène Nikola. Réservé aux États-Unis depuis janvier 2019, le véhicule se fait toutefois attendre « alors qu’une station pour les poids lourds va ouvrir cette année dans le Morbihan », déplore Claude Rault, qui injecte environ 170 000 euros dans cet achat. À l’avenir, d’autres véhicules de ce type pourraient rejoindre le parc (50 véhicules au total) mais pas au-delà des 5 %, en raison de l’absence de stations d’approvisionnement et des perspectives encore incertaines de la politique nationale. Quid du gaz ? « Je suis contre car il dégage du CH4, plus long à se dissoudre dans l’atmosphère que le CO2. Il coûte plus cher, requiert davantage d’entretien, et il n’y a pas de réseau… », indique le dirigeant. Autre sujet à l’ordre du jour : la transmission. Aujourd’hui, Claude Rault est actionnaire principal avec son épouse à 80 % et ses enfants détiennent les 20 % restants. « Mais, à l’avenir, ce sera l’inverse. »
À 61 ans, il va en effet passer les rênes à son fils, Erwan et à sa fille Nolwen avant l’été prochain. « Voilà un an que nous travaillons ensemble. Je les sens motivés et complémentaires ! » Erwan, 38 ans, est actuellement gérant de la société Centre Bretagne Logistique, fondée en 2008, et Nolwen, 35 ans, pilote la société de location de véhicules Loc Trans-Dem, créée en 2006 et vouée à s’arrêter. Erwan est amené à reprendre la direction de l’entreprise familiale. « Il a été conducteur de poids lourd, possède une bonne connaissance de l’exploitation et entretient de bonnes relations avec les clients », décrit son père. Sa fille de 35 ans, « plus dans la réflexion », assurera quant à elle la direction financière. Mais pas question pour Claude Rault de tirer définitivement sa révérence. Le dirigeant compte demeurer actionnaire de l’entreprise.
• Siège : Saint-Thuriau (Morbihan)
• CA 2019 : 6 M€
• Effectif : 58 salariés, dont 48 conducteurs
• Parc : 50 moteurs
• Activités : tautliner, frigo, logistique et station de lavage