La logistique comme levier

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À l’étroit dans ses locaux actuels, la SLTI, spécialisée dans le transport de carrelage en provenance d’Espagne, s’installe à Quimperlé (Finistère) sur 23 000 m2 de terrain avec pour objectif de développer une activité de stockage logistique. Le déménagement est prévu le 23 décembre.

En ce mois de novembre, l’heure est encore aux travaux dans l’ancien pôle logistique de l’entreprise Minerve à Quimperlé (Finistère). Mais, d’ici à la fin de l’année, le site aura un nouvel occupant : la Société lorientaise de transports internationaux (SLTI). L’occasion pour cette entreprise familiale de penser développement et diversification d’activité sous la houlette de la troisième génération incarnée par Arnaud Richter.

En attendant ce déménagement imminent, c’est dans le département voisin du Morbihan que cette société de transport a pris ses quartiers il y a plus de cinquante ans, à Quéven, près de Lorient.

Le transport de carrelage une spécialité

En 1963, c’est le grand-père d’Arnaud Richter qui était aux commandes. Un seul véhicule assure alors les tournées et, dès ses débuts, l’entreprise bretonne prend un tournant international. À l’époque, elle pilote le transport de Texon France (papetière, fabrication de séparateurs de batteries de démarrage) à destination de l’Allemagne, de la Belgique et des Pays-Bas, et assure la livraison de poulets congelés pour le compte du groupe Doux à destination de Bagdad, en Irak. En 1975, Patrick, le fils, reprend la direction puis étend l’intervention de l’entreprise à la Suède, la Norvège et au Danemark, avec huit camions. Dix ans plus tard, la SLTI se positionne sur la gestion des flux franco-espagnols pour le client 7 d’Armor (transport de produits chimiques). Puis, dès 1992, elle va se recentrer sur l’Espagne pour le transport de carrelage, avec l’intention de se spécialiser dans le groupage. Aujourd’hui, ce marché représente 80 % de l’activité. Une flotte de 14 camions assure les rotations entre la Bretagne et Castellón de la Plana, sur la côte est. Ils remontent entre 200 et 300 tonnes de carrelage chaque semaine. La marchandise est ensuite livrée sur toute la Bretagne et les Pays de la Loire à une trentaine d’entreprises spécialisées dans les matériaux de construction (groupe Tanguy, Denis Matériaux, etc.).C’est en 1996 qu’Arnaud Richter intègre à son tour la société, le temps de passer un BTS en alternance. S’ensuivent trois années an sein du service international de Geodis Calberson à Orléans ou il sera chargé de l’import de carrelage avant de s’envoler en direction de la Guadeloupe comme responsable logistique. Trois ans plus tard, il décide de revenir sur ses terres bretonnes pour « préparer la reprise ». Tout d’abord responsable d’exploitation, il rachète en 2017 les parts de l’entreprise SLTI, qui réalise alors 2 millions d’euros de chiffre d’affaires. « Un challenge » pour le repreneur, qui a très vite pensé en termes de croissance. « Nous avions peu de vision sur l’avenir. Il nous fallait développer l’activité pour pérenniser l’entreprise », qu’il bascule alors en SAS. Dès la première année, priorité est donnée à la modernisation. Le parc de 14 tracteurs et 18 remorques est renouvelé et l’identité visuelle de l’entreprise actualisée. Des changements qui n’allaient marquer qu’un début. Car, à 44 ans, Arnaud Richter a un autre projet en tête, sur le point d’être concrétisé : développer une activité de stockage logistique.

7 000 mètres carrés d’entrepôt

« Nous sommes trop à l’étroit sur le site de Quéven avec un entrepôt de 600 m2 et nous n’avons pas de place pour stationner tous les véhicules sur le terrain de 2 000 m2. Soit nous faisions construire un nouveau bâtiment, soit nous investissions dans de l’existant », justifie le patron, qui a privilégié la deuxième option pour des raisons financières. Une opportunité s’est présentée à 15 kilomètres de là, dans la zone de La Villeneuve Braouic, à Quimperlé, près de la voie express RN165. Le rachat de l’ancien pôle logistique de l’entreprise Minerve, à l’abandon après la liquidation de la conserverie en 2016, s’est déroulé sous la surveillance d’un mandataire judiciaire. « Nous avons adressé une offre au tribunal de commerce qui a été acceptée », indique Arnaud Richter, sans dévoiler le montant de la transaction. Le site est à la hauteur de ses ambitions : 7 000 m2 d’entrepôt sur 23 000 m2 de terrain. « Le bâtiment est adapté, c’était une ancienne plateforme logistique avec des quais de chargement. La partie haute du bâtiment sera destinée au stockage sur racks avec une capacité de 4 000 palettes, alors que la partie basse va servir au stockage de masse pour répondre à toutes les demandes. » Le chantier a démarré en mai dernier. Tous les bureaux, soit une surface totale de 600 m2, ont été réaménagés. Les réseaux informatique et électrique ont été rénovés, les portes sectionnelles, qui permettront de décharger sur les côtés, ont été changées alors qu’une fosse pour la visite des poids lourds a été aménagée. Un local avec douches pour les chauffeurs, une cuisine pour les sédentaires, une salle d’archives, une salle de réunion… « On disposera de tout ce qu’il faut pour bien travailler ! » Et afin d’optimiser l’entrepôt et de gérer en temps réel les flux logistiques, la SLTI a fait l’acquisition d’un WMS (logiciel de gestion d’entrepôt) et va connecter le bâtiment au réseau wi-fi. Montant total de l’opération : près d’un million d’euros, financé par emprunt bancaire.

Saisir d’autres opportunités

D’après Arnaud Richter, certains de ses clients se sont déjà montrés intéressés par cette future activité de stockage logistique, laquelle serait l’occasion pour la SLTI de diversifier son portefeuille clients. Le transporteur attend que le site soit opérationnel pour démarcher une nouvelle clientèle mais assure avoir déjà été contacté par des industriels. Il espère aussi que cette plateforme va lui ouvrir des portes vers d’autres types de transport : une activité de groupage au départ de la plateforme logistique bretonne et à destination du sud de la France et de l’Espagne, ainsi que le transport régional. Il envisage d’investir, au cours du premier semestre 2020, dans un premier porteur équipé d’un chariot embarqué et de proposer avec ce type de véhicule la location avec chauffeur ou du transport sur demande.

Cette installation va s’accompagner de recrutements. Chauffeurs courte distance, caristes et préparateurs de commandes seront les profils recherchés. « Nous recruterons en fonction des besoins », conclut le patron, qui emploie actuellement 20 salariés.

« Des CV, j’en ai plein ! »

Chez la SLTI, les chauffeurs longue distance partent entre le lundi et le mardi et reviennent entre le vendredi et le samedi. Et, contrairement à d’autres transporteurs, l’entreprise bretonne n’est pas en pénurie de candidats. « Nous n’avons pas de difficultés pour recruter. Des CV, j’en ai plein et il s’agit de bons profils ! Par exemple, l’un de mes salariés s’apprête à partir à la retraite et déjà deux à trois personnes sont prêtes à le remplacer », se réjouit le patron de 44 ans. Arnaud Richter assure que seul le bouche-à-oreille lui permet de dénicher de nouvelles recrues. Sans parler de certains avantages, comme des camions attitrés et « bien optionnés », du matériel récent et l’absence de relais, qui feraient la différence, selon lui. F. F.

Repères

• Siège : Quéven (56)

• CA 2019 : 2,2 M€

• Effectif : 20 salariés (dont 14 conducteurs)

• Parc : 14 tracteurs et 18 remorques

• Activités : transport de carrelage (80 %), industriel, agroalimentaire

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