Jean-Luc Dejode (FNTR Nord, Load Transport et Local Lease) : « L’année 2024 ne sera pas meilleure que 2023 »

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Dejode

Jean-Luc Dejode est notamment président de la FNTR Nord.

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Depuis la seconde partie de l’année, l’activité régionale du TRM a connu une contraction. L’année 2024 ne devrait pas amorcer de reprise alors que les coûts d’exploitation continuent de croître et que le manque de visibilité est patent. On en parle avec Jean-Luc Dejode, président de la FNTR Nord et dirigeant de Load Transport et Local Lease. [Article publié dans le Hors-série Les 1000, publié en décembre 2023]

L’Officiel des transporteurs: En terme d’activité, quel bilan tirez-vous pour le TRM dans les Hauts-de-France?
Jean-Luc Dejode: Nous savions que l’année serait difficile alors nous ne sommes presque pas surpris de la baisse d’activité qui a été effectivement enregistrée. En volume elle est comprise entre 10% et 15%. Le contexte l’explique largement. Il a fallu composer avec la poursuite de la guerre en Ukraine, le maintient de l’inflation à un niveau élevé et une baisse de la consommation des ménages. La réduction de la demande a commencé dès la fin du deuxième trimestre et s’est accrue au second semestre. L’ensemble de nos adhérents l’a ressentie. Elle affecte plus particulièrement les transporteurs qui travaillent pour la grande distribution et la production industrielle, notamment automobile. Nous avons constaté que la filière automobile a subi un important ralentissement dans notre région.

L’O.T.: Comment vous projetez-vous sur le début de l’année prochaine?
J.-L.D. : L’année 2024 ne sera pas meilleure que 2023. Certes l’activité n’est pas en berne, car il y a des volumes à traiter, cependant nous n’avons aucune visibilité sur le moyen terme puisque les commandes tombent au jour le jour, ce qui rend l’établissement de plannings ardu. En outre, les appels d’offre recommencent à fleurir, cela signifie que les chargeurs vont chercher à renégocier les tarifs, à la baisse. Ce risque va s’ajouter aux augmentations de coût que nous subissons, qu’il s’agisse par exemple de l’énergie en général ou des salaires. Il y aura un niveau d’activité convenable mais la véritable question est de savoir à quel prix.

L’O.T. : Le marché des entrepôts logistique du Nord de la France est dynamique. Quel est votre retour d’expérience?
J.-L.D. : Tel est effectivement notre perception. On peut se réjouir de la présence de nombreux logisticiens importants mais également de grands entrepôts de la grande distribution sur notre territoire.

L’O.T.: Quelle est la réalité des difficultés de circulation sur la métropole lilloise?
J.-L.D.: À l’abord de Lille, des voies réservées au covoiturage ont été mises en place et participent d’une difficulté accrue de circulation. Par exemple une fois la ville de Dourges franchie, généralement, le matin il faut une heure et demie pour parcourir entre 25 km et 30 km.

L’O.T.: Comment la transition énergétique se passe-t-elle pour les transporteurs de votre région?
J.-L.D.: Les chargeurs ont tendance à dicter aux transporteurs les choix qui devraient être les leurs. On a l’impression qu’il y a des modes. A l’heure actuelle, les chargeurs sont favorables au B100 qu’il n’est pourtant pas possible d’adopter sur tous les véhicules. Dans une moindre mesure, le XTL a lui aussi le vent en poupe. La transition est rendue difficile par les variations qui affectent les marchés énergétiques. De nombreux transporteurs qui avaient investi dans le gaz ont été dû revoir leurs plans au moment de l’explosion du prix du gaz. Depuis que les prix ont diminué, le gaz est revenu en odeur de sainteté et des chargeurs réclament de nouveau de recourir à cette énergie. Le fait est que les transporteurs ne peuvent pas changer de moteur du jour au lendemain. Fondamentalement, il faut tenir compte de leurs investissements qui nécessitent des amortissements sur plusieurs années. Dans les faits, les entreprises du TRM subissent une forme de chantage qui se traduit ainsi: si l’on n’adopte pas l’énergie souhaitée par le client les tarifs de nos prestations ne sont pas revalorisés. Une telle façon de faire n’est pas soutenable. Pourtant l’ensemble des acteurs est convaincu de la nécessité de la transition mais il faut trouver des accords équilibrés qui soient gagnant-gagnant.

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