Comment jugez-vous les mois qui viennent de s’écouler ?
L’activité transports se maintient, mais c’est un peu mou… En logistique, en revanche, il y a une forte demande. Nous sommes d’ailleurs en train de construire un nouveau bâtiment de 60 000 mètres carrés à Saint-Quentin, comme nous suivons les demandes de nos clients. Mais cette demande de stockage à la hausse indique que, derrière, les gens consomment moins. Ce phénomène est plus prononcé cette année. Mais c’est logique avec les augmentations de coûts, notamment de l’énergie, les remontées des taux de crédits, l’immobilier qui souffre… Dans ce contexte, les transporteurs doivent être encore plus attentifs. Tout en restant compétitifs quand les transporteurs des pays de l’Est sont nombreux sur nos routes. Il y a quelques jours encore sur l’autoroute, sur dix camions, seuls deux étaient français.
Comment faut-il appréhender 2024 et les années à venir alors que le Canal Seine-Nord doit être opérationnel en 2028 ?
Il faudra être très vigilant sur les six premiers mois de l’année… Mais la région reste très bien placée au coeur de l’Europe, avec des gens qui veulent travailler. Des industries s’implantent, comme les batteries électriques de Verkor à Dunkerque. Nous aimerions en voir davantage sur notre territoire autour de Saint-Quentin : Clarins devait venir avec 300 emplois à terme mais a finalement choisi Troyes. Il y a aussi Rockwool (usine de laine de roche) qui doit s’installer à Soissons. Donc, ça bouge, et ça va continuer à bouger. L’arrivée du Canal Seine Nord amènera évidemment d’autres marchés. Aux transporteurs d’être sur le qui-vive et de s’y préparer.
Entre la mise à deux fois deux voies de la Nationale 2 entre Avesnes et Laon, la ZFE dans la Métropole européenne de Lille (MEL) en 2024, contournement de Renescure sur la RN42, les dossiers concernant l’infrastructure routière ne manquent pas… Lesquels vous paraissent prioritaires ?
La ZFE dans la MEL n’a pas l’air d’être vraiment encore prête, mais avec notre flotte, nous nous adapterons. Le dossier prioritaire pour nous reste la Nationale 2 et, au-delà du doublement des voies entre Avesnes et Laon, l’axe Paris-Soissons. C’est saturé, plein partout… Nos collectivités ne doivent pas négliger leurs autres axes. Nos routes secondaires, parfois des départementales, ne sont pas belles, elles ne sont plus entretenues… Attention à ne pas les oublier, à en améliorer la sécurité. Nous livrons dans les villages ! Quand on va en Corrèze ou en Corse, c’est mieux entretenu !
Stations gaz ou multi-énergies et depuis peu un parking sécurisé, Houtch participe aussi au maillage en matière d’infrastructures utiles aux transporteurs sur le territoire…
Nous avons joué à fond la carte de l’énergie verte avec plus de la moitié de la flotte au gaz et au colza Oléo100… Nous avons aussi ouvert deux stations, gaz à Saint-Quentin et multi-énergies à Tilloy-les-Cambrai. Évidemment, nous avons pris une claque en 2022 et nous avons dû serrer les coûts pour amortir cela. Cette année, ça se maintient. Bien qu’il soit encore difficile d’y voir clair sur les futures énergies qui seront utilisées pour rouler demain, nous continuons nos investissements dans une future station multi-énergie dans le sud de l’Aisne, à Soissons. Nous réfléchissions depuis deux-trois ans à un parking sécurisé de cinquante places à Tilloy-les-Cambrai. Dans le secteur, les parkings débordent, les chauffeurs dorment n’importe où, n’importe comment… Il y a de véritables besoins de protéger à la fois les conducteurs, mais aussi les matériels avec les vols de gazole et de marchandises. Tous les week-ends, c’est déjà plein, et la semaine, ça sature. Ça répond donc bien à un besoin. Pourquoi ne pas en ouvrir d’autres ?