Marnaz (74), Pusignan (69), Bobigny (93), Colmar (67) et Athènes… Fin 2019, le groupe Jean-Claude Mermet a recentré son activité sur cinq sites, au lieu de huit, après deux ans de croissance externe. En 2017, la PME haut-savoyarde avait en effet racheté les Transports Seston (26), les agrégeant l’année suivante à une nouvelle entité, Fatton & Co, en association avec le groupe éponyme, entité dont elle vient de se retirer, équilibre financier oblige. Mais JC Mermet conserve par ailleurs les Transports Briand (74) acquis, eux, en septembre 2018, et se maintient dans une posture d’évolution, malgré une phase de consolidation qui devrait se poursuivre en 2020.
Cette forte dynamique d’acquisitions correspondait à l’arrivée de nouveaux dirigeants, Cécile Janique, directrice générale, et Gérard Amiel, président, qui ont racheté la société en mai 2016. Ces deux cadres supérieurs de Renault Trucks, la première aux achats internationaux, le second, à la tête de l’activité défense, souhaitaient s’investir ensemble « dans une entreprise familiale qui possède une longue histoire et où l’humain prime », explique le couple d’ingénieurs. Et, ajoute Cécile Janique, « nous recherchions une entreprise dont le périmètre nous permettait d’exprimer notre complémentarité. Gérard s’occupe plus d’aspects financiers et stratégiques et moi, plutôt de problématiques terrain, achats, commerce, gestion des contrats ou développement des personnes ».
Nés à la fin du XIXe siècle à l’initiative de charrons (artisans) de Sallanches (74), les Transports Mermet se développent au XXe siècle avec l’essor du décolletage dans la vallée de l’Arve, créant même, avant la Seconde Guerre mondiale, une ligne régulière, avec plateforme, vers l’Île-de-France. Jean-Claude Mermet, lui, ne crée la société éponyme qu’en 1968, lorsque son père Jean lui confie l’activité Sud de l’entreprise, cédant à ses deux autres fils le Nord (Robert) et sa plateforme parisienne (Raymond). Assez vite, Jean-Claude et son épouse Monique s’installent à Marnaz, rachètent un site à Bobigny (93) pour maintenir une liaison Haute-Savoie-Paris. Le patron fait fructifier la société jusqu’en 1996, s’en retire et confie la direction à Michel Dallière jusqu’en 2011, puis à sa fille, et cherche à la vendre.
En 2016, la crise est passée par là, mais la PME, avec 117 salariés, 76 véhicules et deux sites, réalise 12 M€ de chiffre d’affaires et reste le deuxième transporteur de Haute-Savoie, bien positionnée dans le transport de marchandises industrielles, dans le décolletage comme dans les produits longs. Labellisée ISO 9001 depuis 2008, elle a investi, dès 2013, dans les premiers Renault Trucks-T du département, avec informatique embarquée. Dès le rachat, Cécile Janique et Gérard Amiel s’appuient sur ces atouts tout en cherchant, avec le personnel de l’entreprise, à « solidifier » les résultats. « Nous étions déjà premiers sur le marché industriel du département, relève l’actuel président. Pour augmenter nos capacités de développement, il fallait élargir notre périmètre. »
Grâce à la croissance externe, avec Seston, Fatton (pendant un an), Riand et même la reprise d’une plateforme de Robert Mermet à Colmar, le groupe a élargi ses implantations, densifié la relation Lyon-Marnaz, assurant aussi une centaine de tournées quotidiennes en distribution et enlèvement avec l’Île-de-France, le Grand-Est, Lyon, l’Hérault ou Toulouse… Sans négliger, sur tout le territoire, des flux de messagerie et de palettes, notamment via les réseaux Lotrex et FLO Palettes.
Les Transports Riand bénéficient de cette couverture nationale et apportent une ouverture inédite sur la Grèce, avec des exportations de produits industriels et alimentaires dans les deux sens. « En deux ans, nous avons doublé le flux d’échanges, complète le PDG. Nous sommes le transporteur de LVMH pour la Grèce. Et nous venons de racheter deux frigos pour acheminer des médicaments génériques… » La diversification s’opère ainsi par petites touches, même si, pour Gérard Amiel, l’entreprise reste bien ancrée dans le transport de marchandises industrielles avec, notamment, « des flux amont et aval du décolletage, l’acheminement de longues barres métalliques ou la distribution de petites pièces de l’automobile, de l’aéronautique ou du nucléaire ».
Le groupe tire sa force de la variété, ancienne, de sa clientèle. « C’est un point fort de l’entreprise, se félicite le président. Nous avons quelque 900 clients actifs. Les dix premiers représentent 20 % du chiffre et les 70 suivants, la moitié. » Parmi eux, des grandes entreprises comme Stäubli, fabricant de machines-outils, mais aussi le groupe de domotique Somfy, client plus récent, Plancher (distributeur de métal), Profalux (volets roulants) ou Boniani (le premier de 200 clients décolleteurs).
Alors qu’il accuse une baisse des commandes dans l’automobile ou sur le marché allemand, le groupe Mermet a fait entrer cette année de nouveaux clients, comme Pilot, Sadevinox ou Decorec… entre autres. « La réactivité de notre équipe commerciale, structurée, nous permet de mieux rebondir dans un contexte tendu sur certaines activités », ajoute le président. Des outils de communication, newsletter et site optimisés, ont aussi été mis en place pour mieux informer les clients.
« Nous pensions bien connaître le transport, mais vu de l’intérieur, il se révèle plus complexe, reconnaît Gérard Amiel. Je pense aux contraintes d’exploitation, réglementaires, à la variété des clients et des organisations de transport, c’est particulièrement sophistiqué dans le groupe. » Face à cette complexité, Cécile Janique ajoute qu’« il faut être passionné, ne pas compter son temps » et met en avant l’humain : « Dès le premier mois, nous avons réuni l’ensemble du personnel pour faire connaissance et communiquer sur les chiffres et les évolutions. » Une telle réunion est organisée deux fois par an, comme des événements festifs, des contacts informels, afin « d’être à l’écoute des salariés », ajoute la DG.
Le management, plus participatif, se structure aussi autour de postes clés, tel le pilotage de l’exploitation, géré par Philippe Le Fayet, 35 ans de maison, « le cœur du métier », commente le président ; la DRH, qui a été séparée de la partie purement comptable, ou le pôle commercial animé par deux professionnelles. Le groupe peut aussi compter sur un informaticien (l’entreprise, informatisée dès 1997, vient d’adopter la lettre de voiture électronique), une responsable qualité, juriste, qualiticienne, et une formatrice, à plein temps (qui travaille notamment l’écoconduite avec les conducteurs, tous formés ADR).
Une même structuration est aussi à l’œuvre côté flotte, où le parc « déjà très Renault Trucks » avant, bénéficie de la relation privilégiée du constructeur avec ses anciens cadres, exigeants en termes de qualité. L’entreprise dispose de son propre garage pour le premier niveau de maintenance. Elle a acquis cette année sept porteurs, deux frigos et douze tracteurs, dont dix en fin d’année. Engagée dans une charte CO2 depuis 2017, elle compte 99 % de véhicules Euro VI et possède six véhicules gaz. « Pour le moment, note le PDG, nous les positionnons dans la vallée de l’Arve, sur courte distance et en zone polluée. »
Pour l’instant… car Cécile Janique et Gérard Amiel visent d’abord, en 2020, à consolider la rentabilité du groupe Mermet. Avant, peut-être, de se diversifier, par exemple dans le frigo, le transport vers les centres-villes ou le stockage et, surtout, afin que se poursuive cette aventure humaine déjà ancienne.
• Siège : Marnaz (74)
• CA 2018 : 21 M€
• Effectif : 224 salariés dont 115 conducteurs
• Parc : 180 semis
• Activités : marchandises industrielles, décolletage, pièces longues, alimentation, médicaments.