Nagbha Salem a débuté sa carrière en 1989 par des petits jobs. « J’ai vendu des assurances vie, du matériel de bureau et effectué des stages comme agent jusqu’au jour où ma tante m’a parlé d’une entreprise de transport, qui cherchait un profil parlant anglais, pour gérer la base logistique du groupe saoudien Sabic en Tunisie », se souvient le chef d’entreprise qui parle couramment cinq langues.
Julien Llorca, directeur général des Transports Ollivier, lui met le pied à l’étrier lorsqu’il décide de racheter la branche Maghreb de l’entreprise familiale française devenue OTI. La Tunisie sonnait alors le glas des monopoles étatiques. Jusqu’en 1990, toutes les marchandises devaient être déchargées dans l’entrepôt national de Socotu, située près du port de Radès. Saisissant le vent de libéralisation des services de transport, Nagbha Salem suggère alors de créer une entreprise tunisienne dédiée à la distribution de bout en bout. Une initiative qui lui vaudra d’être récompensé par 50 % des parts d’OTI Tunisie.
« Nous avons construit un premier magasin de 2 000 m2 à Tunis et acheté nos premières camionnettes. De 1991 à 1994, nous avons structuré OTI », raconte le dirigeant. L’année 1994 marquera un tournant dans sa carrière. Le 14 août de cette année-là, le patron français lui propose de reprendre la direction générale de la filiale tunisienne. « C’était le jour de mon mariage », se plaît-il à raconter. Sa carrière n’est faite que de hasards, de rencontres et de coïncidences. En 1996, OTI devient STE Méditerranée lors du rachat par STE. Naggha Salem obtient, à ce moment, 10 % du capital de l’entreprise. STE ne restera pas longtemps à la barre et cherche à se désengager en 2007. Nagbha Salem reprend l’affaire pour 6 M€ en 2007, aux côtés du fonds ACG Management (4 M€) et de la holding CMF (2 M€). En 2008, STE est rebaptisé Vectorys. « 15 jours après la signature du contrat, Lehman Brother, faisait faillite et mes investisseurs devenaient frileux. Je les ai rassurés, j’ai tenu le cap tout en mettant en place une stratégie de diversification », raconte le transporteur phocéen. Suivront en 2010 les événements du Printemps arabe. Vectorys résistera malgré la tempête qui ébranle la Tunisie.
Le dernier acte de ces bouleversements s’est joué en janvier 2017, à la faveur d’une recomposition capitalistique opérée par Bpifrance et Sofipaca permettant au management de solder l’opération de reprise du groupe initiée en 2008. « ACG Management arrivait en fin de contrat et souhaitait sortir », explique Nagbha Salem qui détient, désormais, 89 % des parts de Vectorys. Les 11 % sont répartis entre BpiFrance et Sofipaca, à parts égales, filiale des Caisses régionales de Crédit agricole Provence Côte d’Azur et Alpes Provence.